« Le taux d’incidence du virus a baissé de 38% en une semaine et dans toutes les tranches d’âge », atteignant 175 cas pour 100 000 habitants en Gironde, s’est réjoui ce vendredi Pierre Hurmic. Lors d’une visio-conférence de presse, le maire de Bordeaux a égrainé d’autres chiffres témoignant du recul de l’épidémie de coronavirus :
« A Bordeaux Métropole, le taux de positivité (nombre de cas positifs pour 100 personnes testées, NDLR) est passé de 15 à 12,8%. A Bordeaux les indices sont les plus faibles enregistrés depuis la fin août (avec un taux d’incidence de 175 pour 100 000 cas). Le taux de positivité a baissé de 43% (NDLR : de 16% à 13,1%, contre 11% en Gironde), et on voit une légère décrue des hospitalisations. » (NDLR : en fait, celles-ci augmentent, voir ci-contre)
Sur le plan sanitaire, Bordeaux « est une des métropoles qui dépiste le moins et doit mieux faire » en ce sens, selon son maire. Il invite donc ses habitants à se faire tester en cas de symptômes dans les centres gratuits de la ville, cours Mably et gare Saint-Jean.
Mise au vert pour tous
Toujours dans le registre de la prévention, afin de « lutter contre le stress psychique », Pierre Hurmic et EELV réclament « un égal accès à la nature », en abrogeant la limite 1km/1h des déplacements, mesure qui ne peut être prise qu’au niveau nationale (lire ci-contre) :
« A part les riverains du Jardin public ou du Parc bordelais, peu d’habitants peuvent avoir un accès à un espace naturel, déplore le maire. Nous souhaitons que dans la période de déconfinement, un focus particulier soit mis sur l’accès à la nature, et pas seulement aux commerces, même si c’est très important. »
Le maire se tourne ainsi vers le déconfinement, qu’il faut selon lui mieux préparer qu’au printemps dernier. Les petits commerces et généralement les TPE (très petites entreprises) sont au coeur des nouveaux dispositifs adoptés successivement par les collectivités. La Région Nouvelle-Aquitaine a voté mardi une enveloppe de 10 millions d’euros destinés aux entreprises et associations de 3 à 49 salariés des secteurs fermés administrativement, (sport amateur, tourisme, culture, événementiel…), qui s’ajoute aux 60 millions déjà en cours de traitement.
Soutiens aux entreprises
Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole, a lui annoncé la semaine dernière un plan de 30 millions d’euros « porté et soutenu par la Ville de Bordeaux », rappelle Pierre Hurmic. 10 millions soutiendront la trésorerie des entreprises de 0 à 9 salariés et les associations, 6,2 millions la numérisation des commerces non essentiels, 5,2 millions d’euros seront versés en chèques de 50 euros aux ménages modeste ou encore 2 millions iront au secteur culturel. La métropole augmentera par ailleurs de 50 millions d’euros le montant dédié à la commande publique.
Pour « améliorer la cohérence entre ces différentes aides » – à commencer par celles de l’Etat , la mairie de Bordeaux, avec la CCI et diverses organisations professionnelles, « a monté un guichet unique, la Cellule TPE, pour orienter les entreprises vers les aides auxquelles elles peuvent prétendre », explique Pierre Hurmic. Cette structure sera pérennisée au delà de la crise sanitaire.
Il souligne que la Ville participe en outre au « soutien aux solutions digitales avec une plateforme référençant l’ensemble des acteurs (proposant du clique et collecte), BordeauxBoutiques (d’abord baptisée Bordolocal). La mairie a également demandé au bailleur InCité d’exonérer de loyer les commerçants hébergés pour le mois de novembre.
Elle va par ailleurs présenter au prochain conseil municipal un « fonds de soutien exceptionnel aux associations de 1,136 million d’euros, dont plus de 600000€ fléchées vers 96 structures appartenant au secteur culturel.
Soutenir les plus fragiles
Le maire de Bordeaux entend également « soutenir les plus fragiles ». 10 000 masques lavables destinés à être remis aux familles en difficulté ont été remis à chaque école. 100 appelants sont mobilisés pour venir en aide si nécessaire aux 2000 seniors bordelais isolés enregistrés sur la « plateforme autonomie seniors ».
La Maison éco-citoyenne a par ailleurs été mise à la disposition des associations effectuant des maraudes (Croquettes et macadam, Graines de solidarité, Les Gratuits) pour collecter des dons de nourriture, de vêtements ou de sacs de couchage.
Selon Harmonie Lecerf, adjointe chargée de l’accès aux droits et des solidarités, des moyens financiers ont été débloqués pour des aides urgentes délivrées par le CCAS (50000 euros) et pour les associations oeuvrant dans le champ social (50000 euros).
« Nous avons aussi mis des moyens humains de la Ville pour soutenir des associations, notamment le Secours Catholique qui faute de personnel n’était plus en mesure de laisser ouvertes ses douches en centre-ville pour les sans-domicile, indique l’élue bordelaise. On travaille à un élargissement de l’aide administrative aux personnes en précarité ou sur le point de basculer dans la précarité, pour venir au secours des associations débordées par les personnes qui doivent s’inscrire au RSA, à Pôle emploi ou faire des demandes diverses. Ce qui nous inquiète c’est l’arrêt du paiement des loyers, notamment chez les étudiants, signe du début de la grande précarité. On va pousser les gens à se mettre en relation avec les services sociaux pour ne pas aboutir à des expulsions locatives. »
« Pas d’expulsion »
Signataire d’un courrier au Premier ministre avec d’autres maires écologistes de grandes villes, dans laquelle ils s’inquiètent de l‘explosion de la pauvreté, Pierre Hurmic demande à l’Etat de « tenir son engagement » à ouvrir autant de places d’hébergement d’urgence que nécessaire, et à accélérer l’attribution des logements pour des publics prioritaires.
« Nous demandons une ouverture plus large du plan grand froid, poursuit Harmonie Lecerf. Nous sommes aux portes de l’hiver et en plein confinement et il y a encore de nombreuses personnes à la rue. Les places ouvertes sont toutes saturées. Et nous ne voulons pas de nouvelle expulsion, ou qu’un relogement soit proposé avant toute demande de sortie du bâtiment. »
Dans le viseur des collectivités, l’évacuation du squat de la Zone libre, que la préfète Fabienne Buccio n’exclue pas de mettre en oeuvre malgré le confinement. Mais aussi celle du Kabako, à Bordeaux : la mairie a demandé une rencontre avec la préfecture et le département de la Gironde, propriétaire du bâtiment et tenu selon elle « d’assumer des responsabilités » envers les mineurs non accompagnés qui y sont hébergés.
Enfin, la municipalité compte veiller à la santé mentale des Bordelais. Une cellule de crise opérationnelle a été créée le 13 novembre avec le centre hospitalier de Charles Perrens pour proposer des actions de proximité. Une cellule d’écoute psychologique assortie d’un numéro vert (le 0 800 71 08 90)
« Elle est déjà très sollicitée, indique Pierre Hurmic. On constate en effet une augmentation des besoins en santé mentale, liés à l’anxiété, au deuil et aux stress liés directement (maladie) ou indirectement (impacts sur l’économie) au virus de la Covid-19 ».
Pour le maire, il faut « être plus que jamais déterminé et attentifs au consignes, cela permettra d’éviter que virus empoisonne nos vies ».
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