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Le Conseil d’Etat refuse de stopper les travaux de la déviation du Taillan

Ce jeudi, le Conseil d’État a donné tort aux associations Natur’Jalles et France nature environnement, en considérant qu’il n’y avait pas lieu de suspendre les travaux de la déviation routière du Taillan-Médoc. Ce vendredi, Natur’Jalles et 7 associations signent une lettre ouverte prévenant de la pollution d’une nappe phréatique « à la vulnérabilité bien connue » sur le tracé choisi.

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Le Conseil d’Etat refuse de stopper les travaux de la déviation du Taillan

Ce sera peut-être le dernier mot d’une bataille qui dure depuis plus de 4 ans : le Conseil d’État vient de donner raison ce jeudi au juge des référés du tribunal administratif de Bordeaux qui avait rejeté en février 2020 la demande des associations Natur’Jalles et France nature environnement, visant à interrompre le chantier de la déviation du Taillan-Médoc.

Les associations s’étaient pourvues en cassation conduisant à l’audience du Conseil d’État ce vendredi 27 novembre à 14h. Dans sa décision du jour, celui-ci a considéré qu’il n’y avait pas lieu de suspendre les travaux qui, selon lui, se déroulent selon les conditions demandées par le Conseil national de protection de la nature.

Pour l’association Natur’Jalles, qui prend note de la décision, le Conseil d’Etat est « une juridiction qui a bien du mal à s’affranchir de la pression politique ».

Le front de l’eau

Avec sept autres associations (Alerte pesticides Haute Gironde, Générations futures Bordeaux, Extinction rébellion Bordeaux, Greenpeace Bordeaux, Action non-violente COP21, Défense du massif forestier et du littoral girondin, Aquitaine alternatives), Natur’Jalles a adressé une lettre ouverte à la préfète de Gironde et aux élus locaux : Jean-Luc Gleyze, président du département de Gironde ; Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole ; Alain Rousset, président du Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine.

Dans cette lettre, qui a pour titre « Le scandale de l’eau », les huit associations préviennent « que toute pollution sur la nappe phréatique alimentant Bordeaux-Métropole aura des répercussions graves ». Elles soulignent que « le tracé actuel de la déviation intercepte dans sa partie sud un périmètre de protection de champs captants ». Or ceux-ci se trouvent dans « une zone de vulnérabilité extrême » et « ont déjà été l’objet par trois fois de faits graves de pollution dans un passé proche ».

« Les pouvoirs publics ont jusqu’ici toujours refusé de s’exprimer sur le problème comme s’il n’existait pas. En réalité, le projet de la déviation repose, depuis sa conception, sur un secret bien gardé : la présence sur le tracé choisi d’une nappe à la vulnérabilité bien connue. Mais comme les secrets de famille qui perdurent sur des générations grâce aux mensonges, celui-là s’est transmis grâce à la complicité et au manque de courage des politiques successifs car sa révélation remettait en cause le tracé choisi », conclut la lettre.

100 espèces protégées menacées

Cette déviation est voulue par l’Etat pour désenclaver le nord Médoc et et réduire le nombre d’accidents. Selon le département de la Gironde, 20000 véhicules, dont 10% de poids lourds, empruntent quotidiennement la traversée du Taillan-Médoc et ce trafic serait à l’origine de nombreux accidents (86 accidents graves ayant occasionné 12 décès depuis 1994).

Le tracé inquiète les associations de défense de la nature qui craignent également que le bétonnage d’une cinquantaine d’hectares de nature (bois, cours d’eau, mares) menacent de disparition 90 espèces d’animaux et 10 espèces de végétaux, toutes protégées. Le projet met entre autres en péril le papillon azuré de la sanguisorbe, qui n’a que deux stations connues dans la région Nouvelle-Aquitaine.

De son côté, le Département de la Gironde qui en assure la maîtrise d’ouvrage, dit faire de ce projet un exemple en matière de protection et de compensation environnementale, en y consacrant 20% des montants des travaux, soit 5,8 millions d’euros. Il fait valoir les 164 hectares qui seront sanctuarisés pour compenser les 17 ha d’emprise de la route et les 11 ouvrages d’art créés spécifiquement pour permettre le passage de la petite faune ainsi que préserver la ressource en eau.


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