Un chiffre en baisse. Au niveau national, en tout cas. C’est le constat dressé par une étude rendue publique par le ministère de l’Intérieur lundi 2 août 2021, basée sur les chiffres de la police et de la gendarmerie sur l’année 2020, portant sur les morts violentes au sein du couple. Avec 125 décès en 2020 (femmes et hommes confondus) contre 173 en 2019, les morts violentes au sein du couple sont en baisse de 28%.
Il s’agit du chiffre le plus bas enregistré depuis 2006, année à laquelle l’étude nationale a été lancée. Les femmes restent les premières victimes avec 102 féminicides en 2020, contre 146 en 2019 (baisse de 30%). Les victimes masculines demeurent minoritaires avec 23 hommes tués en 2020, contre 27 en 2019 (baisse de 15%).
Avec 15 homicides conjugaux, dont 13 féminicides, la Nouvelle-Aquitaine est la deuxième région, après les Hauts-de-France (19 homicides, dont 14 féminicides), la plus concernée par les morts violentes au sein du couple en 2020. Si le chiffre national est en baisse, la Nouvelle-Aquitaine a enregistré trois homicides de plus par rapport à l’année 2019 (12 féminicides au total, dont 3 en Gironde).
4 féminicides en Gironde depuis janvier 2021
En Nouvelle-Aquitaine, le département qui compte le plus de féminicides est la Charente-Maritime (4 femmes tuées en 2020). La Gironde, elle, enregistrait un féminicide sur l’année 2020. Seulement, d’après le décompte effectué par le collectif Féminicides par compagnon ou ex, le bilan de l’année 2021 s’avère plus lourd. Sur un total de 10 féminicides répertoriés en Nouvelle-Aquitaine depuis le début de l’année, quatre se sont déroulés en Gironde.
Trois de ces féminicides ont eu lieu à Bordeaux et dans sa périphérie : Stéphanie, 31 ans, défenestrée par son compagnon le 16 février rue de la Rousselle ; Chahinez, 31 ans, blessée par arme à feu puis brûlée vive par son-ex compagnon avenue Carnot à Mérignac le 4 mai ; Sandra, 31 ans, poignardée par son ex-conjoint le 2 juillet dans le quartier de Saint-Augustin.
Si les trois victimes bordelaises avaient le même âge, d’autres faits correspondent aux constats dressés dans l’étude nationale : le refus d’une séparation ou une dispute comme premiers mobiles du passage à l’acte, ce dernier se déroulant « en majorité au domicile du couple, de la victime ou de l’auteur », 35% des femmes victimes avaient « déjà subi des violences antérieures ». À l’instar de Chahinez et de Sandra, 67% des femmes avaient signalé ces violences auprès des forces de l’ordre, dont 75% d’entre elles en portant plainte.
Nouvelles mesures et impression de redite
Des plaintes déposées mais des femmes qui ne sont pas écoutées : c’est aussi ce qu’a révélé la mission d’inspection sur l’affaire du féminicide de Mérignac, mettant au jour des dysfonctionnements dans le suivi de l’ex-compagnon de la jeune femme, déjà emprisonné pour violences conjugales. Le 21 juillet dernier, Le Canard Enchaîné dévoilait que le policier qui a pris la plainte déposée par le victime, le 15 mars, avait lui-même était condamné pour violences intrafamiliales. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé avoir saisi l’IGPN, dans une interview accordée au Parisien, à la suite de la publication de l’étude nationale.
« Grande cause du quinquennat », le gouvernement promet de renforcer les dispositifs de lutte contre les violences conjugales. Dans la même interview, le ministre de l’Intérieur a annoncé de « nouvelles » mesures : les plaintes pour violences conjugales devront devenir prioritaires sur les autres « types » de plaintes (cambriolages, stupéfiants…), les mains courantes doivent être proscrites, la présence d’un officier spécialisé dans chaque commissariat et gendarmerie, une surveillance accrue des autorisations du port d’armes pour les conjoints violents.
Ce dernier point est déjà soulevé par les collectifs féministes, comme la Fondation des Femmes qui a publié un communiqué en mai dernier à la suite du meurtre de Chahinez. Et pourtant, en février dernier, Gérald Darmanin demandait la saisie « systématique » de l’arme, dès le premier dépôt de plainte contre un conjoint violent. Une impression de redite pour les associations et collectifs féministes qui n’ont pas tardé à réagir après les annonces. Le collectif NousToutes fustige sur twitter des « mesures [qui] existent déjà. Elles ne sont simplement pas appliquées par manque de moyens ».
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