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Catherine Marnas du TNBA : « La crise a révélé nos fragilités, et elles sont stimulantes »

Les saisons culturelles repartent comme si de rien n’était, après une crise qui a marqué les esprits et pesé lourd sur le secteur culturel. Durant toute cette semaine, une rubrique quotidienne « Un jour / Une saison » présente un programme culturel à venir, et interroge leurs directrices et directeurs sur cette relance. Ce jeudi, trois questions à Catherine Marnas, directrice du théâtre national Bordeaux Aquitaine.

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Catherine Marnas du TNBA : « La crise a révélé nos fragilités, et elles sont stimulantes »

Quelles ont été les difficultés pour relancer une nouvelle saison après la crise sanitaire ?

Les temps nous ont appris à être prudents. Durant la crise sanitaire, les équipes ont été vaillantes et ont dépensé beaucoup d’énergie. On avait très peur de ne pas retrouver notre enthousiasme d’avant. Bizarrement, tout est revenu quand on a ouvert la billeterie. Le public a répondu présent et il a montré combien il tenait à notre travail, notre existence, et nos propositions. Comme si d’un coup, le sang s’est remis à circuler dans nos veines. Comme si on avait oublié que les échanges avec le public étaient si nécessaires.

Néanmoins, cette nouvelle saison nous a amenés à proposer quelques évolutions. Notamment au niveau des abonnements, parce qu’on est toujours soumis à des imprévus qui peuvent modifier le programme. Cette crise a rendu le public frileux. Il ne veut plus investir comment avant dans un abonnement pour l’année. Il se sent plus libre et nous, on travaille sans filet.

J’ai longtemps plaidé pour le système d’abonnement. Mais, à la réflexion, ce système considère le spectateur comme client, or il est devenu partenaire. Quand nous avions prolongé la saison dernière jusqu’à fin juillet pour réintégrer certains spectacles annulés, on avait eu la surprise de voir le public répondre présent au dernier moment.

Quelles sont les précautions prises en cas d’une nouvelle crise ?

L’ombre de la crise plane toujours, bien sûr. J’ai été la saison dernière dans un déni stupide en me disant qu’on va rouvrir très vite, et j’en ai tiré la leçon. On envisage effectivement d’éventuelles contraintes. On table sur un fonctionnement quotidien pour nous permettre par exemple de ne pas avoir d’immenses remboursements. C’est aussi pour ça qu’on ne numérote plus les sièges dans nos salles. D’une part, c’est plus démocratique et, d’autre part, on évite le casse-tête des reports des spectacles.

J’ai toujours pensé, pour avoir expérimenté le théâtre de rue, qu’être abrité dans un théâtre était une grande chance. La crise nous a sortis de cette zone de confort et nous a appris à être hyper réactifs et proposer une solution ou inventer de nouveaux systèmes. Ce n’est pas possible pour tous les spectacles. Mais pour certains, on connait dorénavant ce deuxième temps où on sait passer un texte autrement que dans sa forme initialement prévue. C’est possible de le faire parce que c’est important de le diffuser.

Y a-t-il du « monde d’après » dans cette saison 2021-2022 ?

Je crois qu’on n’a pas fini d’écrire le récit et l’impact de cette pandémie qui a changé notre vision du monde et notre relation avec lui. Donc forcément, le spectacle étant un reflet du monde, la question se pose.

Mais à voir les réactions du public depuis la reprise, plus bienveillantes qu’elles ne l’ont été avant, on peut dire qu’il a pris conscience de sa propre fragilité. Nous avons tous pris conscience que, sans les autres, nous n’existons pas. Cette situation a fait naître une nouvelle qualité dans les relations public/artiste et artiste/public. J’espère que le temps passant ne va pas nous faire oublier ça. En attendant, la crise a révélé nos fragilités, et elles sont stimulantes.

Jeudi 23 septembre à 19h, lancement de la saison Photo : Visuel 2021-2022, Franck Tallon


#Catherine Marnas

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