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Le matrimoine s’inscrit dans les journées du patrimoine à Bordeaux

Les journées européennes du patrimoine et du matrimoine se tiendront le week-end du samedi 18 et dimanche 19 septembre 2021. Bordeaux tient cette année à mettre en avant les « héritages culturels et sociaux des femmes ».

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Le matrimoine s’inscrit dans les journées du patrimoine à Bordeaux

L’idée était dans les tuyaux, elle se concrétise à l’occasion de la 38e édition des Journées européennes du patrimoine qui se tiendra le week-end du samedi 18 et dimanche 19 septembre 2021. Certaines villes françaises, dont Bordeaux, ont inscrit le terme matrimoine dans l’intitulé officiel de cet événement qui existe depuis 1984. Une manière de revaloriser « l’héritage des femmes artistes et intellectuelles d’hier » précise Claudine Bichet, première adjointe à la mairie de Bordeaux, lors d’un point presse de présentation du programme.

Déjà en 2017, les élus écologistes de Paris ont demandé que soient rebaptisées ces journées. En 2018, le mouvement national HF, qui traque les inégalités entre les femmes et les hommes dans les milieux de l’art et de la culture, avait lancé ses journées du matrimoine, notamment à Bordeaux (l’association a été dissoute depuis).

Prise de conscience

Le patrimoine et le matrimoine fusionnent ainsi à Bordeaux en 2021 avec l’arrivée d’un maire écologiste, l’édition 2020 n’ayant pas eu lieu à cause de la pandémie et la crise sanitaire. C’est « un engagement fort en faveur de l’égalité », selon Claudine Bichet :

« Nous avons voulu intégrer le terme “matrimoine“ qui illustre les héritages culturels et sociaux des femmes, après avoir été mises de côté, invisibilisées, ou oubliées. Inclure cette notion aide à une prise de conscience, aussi par rapport au terme qui existait et que notre société a fait le choix de l’effacer ».

« Rosa Bonheur dans son atelier », Huile sur toile de Georges Achille-Fould, 1893 Photo : Mairie de Bordeaux / L. Gauthier

« Mot effacé de l’histoire »

Effectivement, comme le précise le programme des journées bordelaises, « le mot matrimoine n’est pas un néologisme, mais un mot effacé par l’histoire ».

« Au Moyen Âge, le patrimoine désignait les biens hérités du père et le matrimoine les biens hérités de la mère. A partir du XVIIe siècle notamment, le langage se masculinise sous l’impulsion d’institutions comme l’Académie française », peut-on y lire.

Les termes comme autrice ou poétesse disparaissent alors. L’autrice bordelaise Jean Balde (1885-1938) a même masculinisé son nom – Jeanne Marie Bernarde Alleman. Les Archives de Bordeaux Métropole consacrent une exposition à cette femme indépendante, grande amie de François Mauriac, qui, à travers son roman « La vigne et la maison », avait témoigné de la rudesse d’être une femme et de la difficulté de s’imposer dans les affaires.

De Rosa Bonheur à Andrée Putman

D’autres institutions culturelles (Muséum, musée des arts décoratifs et du design, musée d’Aquitaine…) participent également à cette incursion dans le matrimoine local en faveur de l’égalité et la reconnaissance de la place des femmes dans la société, à travers quelques 130 évènements dans une centaine de lieux, plus un parcours en ville à la rencontre des figures bordelaises.

On retrouvera ainsi Rosa Bonheur dans une exposition au Musée des Beaux-Arts, ou encore Hildegarde de Bingen, Aline Raynal-Roque, et Jeanne Barré (première femme à avoir fait le tour du monde déguisée en homme), au Jardin botanique de Bordeaux.

Le Capc offrira ainsi la possibilité de découvrir le mobilier signé dans les années 1980 par Andrée Putman, célèbre architecte d’intérieur et designeuse française, qui avait travaillé à l’aménagement intérieur des espaces du centre d’art (bureaux, consoles, bancs, bibliothèques…). La bibliothèque de Mériadeck présentera elle des documents exceptionnels de figures féminines qui « ont joué un rôle de premier plan dans le succès de l’œuvre de Montesquieu », dont Suzanne de Caux, première éditrice des « Lettres persanes » de Montesquieu à Amsterdam.


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