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Lise Saladin de La Manufacture : « Après la crise, l’imaginaire des artistes nous fera du bien »

Les saisons culturelles repartent comme si de rien n’était, après une crise qui a marqué les esprits et pesé lourd sur le secteur culturel. Durant toute cette semaine, une rubrique quotidienne « Un jour / Une saison » présente un programme culturel à venir, et interroge leurs directrices et directeurs sur cette relance. Ce samedi, trois questions à Lise Saladin, Directrice déléguée à La Manufacture CDCN Bordeaux Nouvelle-Aquitaine.

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Lise Saladin de La Manufacture : « Après la crise, l’imaginaire des artistes nous fera du bien »

Quelles ont été les difficultés pour relancer une nouvelle saison après la crise sanitaire ?

Je dois dire que nous ne nous sommes jamais arrêtés pendant la crise. Nous avions gardé une activité permanente mais sans le public. Nous avions mené des ateliers et des masterclass adaptés aux conditions sanitaires. On a continué à travailler dans tous les interstices possibles, et même dans lesquelles on n’était jamais allé naturellement.

Il faut dire aussi que nous étions très soutenus par l’Etat et les plans de relance. Il y a eu des apports financiers pour des résidences – compagnie La Tierce, compagnie Hors série… – sur lesquelles on ne se serait pas positionné. Ou un compagnonnage itinérant – compagnie adéquate, Mathilde Bonicel… – pour soutenir des artistes sur une saison ou plus, en lien avec d’autres lieux : La Motte Aubert à Saint-Saturnin-du-Bois, La Mégisserie à Saint-Junien, Espaces Pluriels à Pau… La crise nous a permis de réfléchir sur des actions au plus près des artistes et des structures à travers une coopération plus fine.

Cette nouvelle saison a été très compliquée. D’abord, elle a été montée et démontée et remontée à plusieurs reprises. Les artistes sont maintenant très sollicités et il va falloir qu’on pallie des ateliers que certains ne pourront pas mener. Notre mission est la diffusion, et l’enjeu ne se situe pas que sur l’accueil du public. On s’attache bien sûr à lui proposer qualitativement de la danse, mais la question est surtout de parler danse, de penser danse et participer au déploiement de la discipline. On se doit de se déplacer et de sortir de notre lieu.

Quelles sont les précautions prises en cas d’une nouvelle crise ?

Comme tout le monde, on a jeté beaucoup de brochures l’année dernière. Cette année, on en a édité trois fois moins pour éviter qu’elles ne deviennent caduques en cas de nouvelles consignes. L’actuelle brochure privilégie l’image en mettant le moins d’informations possible. On ne parle que de l’œuvre.

On a également choisi de fonctionner par feuillet pour des informations précises. La brochure parle d’intention artistique et, chaque trimestre, on publie le calendrier de nos manifestations et les initiatives qui les concernent.

Quant aux artistes, ils ont fait preuve d’une telle agilité l’année dernière qu’on sait qu’ils auront la capacité de s’adapter si nécessaire. Nous sommes des primo-coproducteurs, ce qui fait que si on freine les productions, on est vecteur de transformations. C’est une position qui n’est pas simple pour nous. Et s’il faut des adaptations, ce ne sera pas possible avec tous les spectacles. On fera du gré à gré.

Y a-t-il du « monde d’après » dans cette saison 2021-2022 ?

On considère que les artistes ont une certaine longueur d’avance sur le monde. Ils ont, en règle générale, une vision singulière de ce qui se passe. On a croulé sous des interprétations politiques et scientifiques pendant la pandémie, et si les artistes en parlent autrement, ça viendra nous percuter. Leur imaginaire ne peut que nous faire du bien.

La Manufacture Atlantique Photo : DR


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