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La statue de l’esclave Modeste Testas ciblée par un acte de vandalisme raciste ?

Le haut de la sculpture située quai Louis-XVIII a été recouvert d’une matière blanche. « Le soin mis » à cette dégradation interpelle.

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La statue de l’esclave Modeste Testas ciblée par un acte de vandalisme raciste ?

La sculpture de l’esclave noire affranchie Modeste Testas, symbole du passé négrier de Bordeaux, a été découverte ce lundi matin sur les quais de Bordeaux à moitié recouverte d’une matière blanche. La mairie de Bordeaux, qui a rapidement procédé à son nettoyage, a déposé plainte afin notamment de comprendre si cet acte non revendiqué a une portée raciste.

« On ne sait pas encore s’il s’agit de peinture ou de plâtre, explique Stéphane Gomot, conseiller municipal délégué au patrimoine et à la mémoire. Il est certain que ce n’est pas accidentel vu le soin mis – la statue a été recouverte exactement à la limite du châle. L’intention pourrait être soit de réaliser un moulage sauvage pour reproduire le buste à peu de frais, soit un acte malveillant. »

Iconoclasme

Seule l’enquête, que vont déclencher les dépôts de plainte de la Ville et de l’association Mémoires et partages, permettra de confirmer l’une ou l’autre hypothèse.

« Vu le contexte de dégradations des passages piétons arc-en-ciel, nous avons tout de suite pensé à du vandalisme à visé politique, reprend Stéphane Gomot. Il est évident si c’est le cas que l’emploi de la couleur blanche sur la statue d’une femme noire orienterait vers le racisme voire le déni de crime contre l’humanité. Ce serait alors une atteinte à la mémoire de l’esclavage et de ses victimes, et un acte doublement raciste et misogyne, puisqu’il s’agit là d’une des rares statues de femme à Bordeaux. »

« Ce n’est pas anodin de blanchir la statue d’un noir », estime Karfa Diallo. Le conseiller régional écologiste et directeur de Mémoires et partages voit là à coup sûr un geste « iconoclaste, une façon de faire triompher l’idéologie d’un mépris, celle de la pensée blanche ». Eric Piolle, maire de candidat à la primaire des écologistes, a dénoncé sur sa page Facebook une « infamie ».

« Cette statue est le symbole du combat pour l’égalité et la mémoire face l’horreur esclavagiste. La haine commence par attaquer des symboles et l’art. Nous connaissons la suite… »

Une affranchie

C’est en 2018 que la mairie de Bordeaux a décidé de créer cette œuvre symbolisant le rôle de la ville dans la traite négrière, en s’appuyant sur une figure anonyme mais dont la biographie était bien documentée. Capturée à l’âge de 14 ans en Afrique, Al Pouessi avait rebaptisée Modeste Testas du nom de la famille de négociants et planteurs bordelais qui l’ont achetée. Elle sera affranchie en 1795 à la mort de son maître.

Inaugurée le 10 mai 2019 à l’occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, sa statue en bronze, grandeur nature (1,70m), a été conçue par un peintre et sculpteur haïtien, Caymitte « Filipo » Woodly, qui s’est dit « très choqué de voir cette image, le travail de mémoire de l’esclavage (…) qu’on veut blanchir ».

La mairie de Bordeaux, qui vient d’inaugurer une école Modeste-Testas, entend pour sa part continuer à inscrire dans l’espace public la mémoire de son passé esclavagiste, avec un projet de mémorial et l’intention de retravailler les plaques de rues aux noms de Bordelais impliqués dans la traite.


#mémoire de l'esclavage

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