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Le bien-être animal, cheval de bataille de Francis Feytout à la mairie de Bordeaux

Vendredi 10 décembre marque la Journée internationale des droits des animaux. À Bordeaux, Francis Feytout est le premier conseiller municipal en charge du respect de la condition animale. Du contrôle non létal des populations de pigeons au dressage des pies pour ramasser les micro-déchets, il fourmille d’idées sur le sujet.

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Le bien-être animal, cheval de bataille de Francis Feytout à la mairie de Bordeaux

« Je suis écologiste et animaliste », pour Francis Feytout l’un ne va pas sans l’autre. Conseiller municipal délégué en charge du respect du vivant et de la condition animale, il est le premier à occuper cette fonction au sein de la mairie bordelaise. Une premier engagement politique, aussi, pour celui qui est informaticien au sein de l’Université Bordeaux Montaigne. Longtemps raillé et relégué derrière d’autres sujets, Francis Feytout compte faire du bien-être animal une thématique des politiques publiques à part entière.

Anti-chasse et végétarien

Francis Feytout grandit dans un village du Périgord, dans une famille d’agriculteurs « viandarde », sur « le modèle des Trente Glorieuses avec pesticides et tout ce qui va avec » précise l’élu :

« Mon père chassait. À un anniversaire, j’ai reçu une carabine et j’ai tué un passereau. Je l’ai vu agoniser, j’ai vu son regard. J’avais tué une personne. »

L’épisode sera « fondateur » dans son engagement en faveur de la condition animale. À la vingtaine, il emménage à Bordeaux pour suivre des études de physique-chimie. Anti-chasse, il devient végétarien :

« Je suis contre la chasse et le fait qu’on tue un animal pour se nourrir. En revanche, je n’impose rien aux autres. C’est à chaque personne de faire son chemin. Moi, par exemple, j’aurais pu devenir végétarien 10 ans plus tôt. Mais il m’a fallu prendre conscience de certaines choses, d’une éthique. »

Francis Feytout dit avoir « été là au bon moment », lors de la pré-campagne des municipales, où il rencontre le groupe local d’EELV et planche sur le programme de Pierre Hurmic :

« J’ai adhéré pour la première fois à EELV après les dernières élections européennes en juin 2018. J’ai toujours suivi le parti lors de manifestations. L’écologie politique est mon ADN. J’ai compris que j’aurai plus de poids à l’intérieur d’un parti plutôt qu’en gravitant autour. »

Francis Feytout, au conseil municipal Photo : T.Sanson/Mairie de Bordeaux

Respecter le vivant

En revanche, l’élu ne se reconnaît pas dans les organisations militantes. Féru d’Histoire et d’archéologie (il a participé aux fouilles du Palais Gallien), Francis Feytout cite ainsi en exemple la détérioration du site historique de Nazca, au Pérou, par des militants de Greenpeace en 2014. Chez EELV, l’élu évoque la création de la commission Condition animale en 2015 :

« Les écologistes des années 70 voyaient la Terre toujours sous le prisme d’un écosytème pour en tirer des ressources. Pour les nouvelles générations, la Terre n’est pas une mine à ciel ouvert. Il faut respecter le vivant. »

Loin du « dogmatisme » et de la politique de l’autruche, Francis Feytout se définit pragmatique :

« Dans la manière dont je fais passer mes convictions, je crois qu’on voit qu’il s’agit d’un intérêt global. Travailler pour les animaux, c’est travailler pour l’humain. À Bordeaux, même les élus communistes sont proches de l’animalisme [Fabien Roussel, candidat PCF à la présidentielle, soutient la chasse, NLDR]. »

Stérilisation…

Pour faire cohabiter animal et homme, Francis Feytout se positionne contre les méthodes létales:

« Depuis octobre, il n’y a plus de captures légales de pigeons dans la ville. Nous avons des chiffres qui montrent que la population de pigeons est stable à Bordeaux, depuis quatre ans, entre 5000 et 7000. Nous avons signé un contrat avec l’association AERHO, spécialiste des oiseaux, qui fait un audit pour savoir où sont les zones où les pigeons sont nombreux. L’association publiera, ensuite, des recommandations. »

La piste envisagée serait les pigeonniers contraceptifs. Deux méthodes existent : le secouage des œufs ou la contraception chimique. La première consiste à secouer les œufs manuellement afin d’éviter leur développement. La seconde méthode revient à donner des graines contraceptives, à base de progestérone.

… et sensibilisation

Et d’enchaîner sur la question des « nourrisseurs » :

« Il est interdit de donner à manger à des animaux sauvages. Pourtant, c’est chose courante de donner du pain à des oiseaux ou à d’autres animaux. Le problème c’est que plus on donne à manger à une population animale, plus elle croît. Au-delà des risques pour la santé des animaux, il faudrait communiquer sur le sujet […] C’est comme les restaurateurs qui déversent l’huile de friture dans les caniveaux, ce qui attire les rats. À défaut de pouvoir sanctionner, il faudrait sensibiliser. »

Concernant la stérilisation des chats errants, autre mesure de la municipalité, l’élu évoque une « mesure en cours » et reconnaît quelques difficultés :

« Nous travaillons avec la SPA de la rue Fondaudège. La Ville s’est engagée à stériliser 80 chats errants. En septembre, nous étions à 25 chats stérilisés. Seulement, l’association manque de bénévoles pour faire le travail d’identification. Qui plus est, celui qui identifie devient propriétaire. La Ville devient donc responsable de ces chats et doit être en mesure de garantir leur bien-être. »

Francis Feytout aimerait que le travail de stérilisation et de soins soit également mené auprès des chiens des personnes sans-abri, notamment avec l’association Vétérinaires pour tous. Pour l’heure, une subvention a été allouée à l’association Croquettes et Macadam, qui réalise des maraudes auprès des sans-abri.

Des oiseaux pour nettoyer la ville

À l’avenir, l’élu aimerait aborder une autre problématique au sein des politiques publiques :

« La maltraitance animale n’est pas une compétence du maire, mais de la police nationale. Quand des administrés nous signalent des faits de maltraitance, il faut que nous soyons en mesure d’orienter. Je compte rencontrer les acteurs de la justice pour évoquer la cause. Aucune formation n’existe à ce jour dans les parquets, ça relève plus de la sensibilité de chacun. »

Autre projet à venir dans le budget 2022 : des oiseaux pour ramasser les micro-déchets dans la ville, comme des mégots de cigarettes. L’initiative est portée par une start-up française nommée Birds of Change. Des oiseaux, comme des corneilles, des pies ou des corbeaux, sont dressés pour déposer les déchets dans une poubelle dotée d’un système de récompense.

Sur la « polémique » du foie gras, désormais interdit dans les réceptions officielles de certaines mairies écologistes comme à Lyon, Strasbourg ou Grenoble, mais pas à Bordeaux, Francis Feytout ne souhaite pas s’exprimer, arguant que « le sujet n’est pas au calendrier de la mairie ». Il y a déjà le « sapin de Noël »…


#condition animale

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