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Mélenchon met les bouchées doubles en meeting à Bordeaux

Faute de place au Fémina, il y avait plus de gens dans la rue qu’à l’intérieur du théâtre pour la venue de Jean-Luc Mélenchon. Lors de ce premier grand meeting de la campagne présidentielle à Bordeaux, le candidat de la France insoumise a axé son discours sur l’alimentation et l’agriculture, avec des propositions nourries par le député de la Gironde Loïc Prud’homme. Et tenté de prouver que son programme articulant fin du monde – le changement climatique, les crises sanitaires… – et fin du mois est le meilleur pour faire la synthèse de la gauche et de l’écologie.

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Mélenchon met les bouchées doubles en meeting à Bordeaux

« Nous sommes dans la rue parce qu’on s’est trompé en trouvant une salle trop petite ». Devant le Fémina, Jean-Luc Mélenchon commence son discours par un mea culpa. Sur les 3000 personnes venues selon les organisateurs écouter le député France insoumise, seulement une minorité d’entre elles a en effet pu entrer dans le théâtre bordelais, dont la jauge maximale est de 1200 places.

Qu’importe, affirme le candidat à la présidentielle, à 70 jours du premier tour, cela envoie au grand public l’image d’une « démonstration de force » et invite « ceux qui doutent » à rejoindre l’Union populaire. A ne pas confondre avec la « Primaire machin-chose » (populaire aussi), une initiative citoyenne à laquelle 476000 personnes se sont inscrites pour voter, éventuellement pour Jean-Luc Mélenchon, mais sur laquelle ce dernier « ne veut plus dire un mot » – il reviendra toutefois dessus plus tard dans son discours.

« Qu’on nous laisse travailler et qu’on n’essaye pas de nous empêcher de le faire », ajoute celui qui, à l’instar de Yannick Jadot, n’apprécie pas que son nom soit présenté contre son gré à une votation, et que des élus aient tenté de presser pour une démarche unitaire via le chantage aux parrainages du serment de Romainville.

Je suis une bande de gauche à moi tout seul

Loin des « obscures combines », l’ex ministre socialiste désigne clairement « un coupable », avec lequel le reste de la gauche s’accommode trop à ses yeux :

« Aucune génération n’a eu à affronter un changement climatique irréversible, un tel écart entre les richesses et une crise sanitaire. Il faudra traiter en même temps toutes les questions et changer ce système qui porte un nom : le capitalisme financier. Il s’agit de rompre avec nos manières de vivre et de produire. » 

Arrivé sur scène, le tribun déroule son discours en regardant à peine ses notes. Si d’autres personnalités ont été conviées sur scène, notamment la philosophe bordelaise Barbara Stiegler, il sera seul à s’exprimer, vantant les « réponse méthodiques, profondes » du programme L’Avenir en commun. Deux de ses architectes sont ce lundi à Bordeaux : Clémence Guetté, tête de liste insoumise aux Régionales en Nouvelle-Aquitaine et secrétaire générale du groupe à l’Assemblée nationale, et Loïc Prud’homme, député de Gironde et auteur du plan sur l’agriculture et l’alimentation.

C’est sur ces thématiques associant les dimensions sociales et environnementales que le candidat à la présidentielle a axé son meeting à Bordeaux, ville verte, comme pour rappeler qu’il est une union de la gauche et des écologistes à lui tout seul.

Jean-Luc Mélenchon ce lundi 24 janvier à Bordeaux Photo : SB/Rue89 Bordeaux

« Modèle d’harmonie »

« Il faudra changer toute l’agriculture pour qu’elle cesse d’être un enfer pour ceux qui la pratique et quelque chose de nauséabond pour ceux qui ont affaire à ses produits », souligne Jean-Luc Mélenchon.

Ce dernier, qui a profité de son passage à Bordeaux pour rencontrer la lanceuse d’alerte Valérie Murat, rappelle en effet qu’un paysan se suicide chaque jour en France et qu’ils sont les premières victimes des pesticides. Aussi, il promet d’interdire le glyphosate et les néonicotinoïdes, mais aussi d’encadrer la malbouffe – les maladies comme le diabète causées par les produits trop sucrés ou trop salé et par les additifs alimentaires entraînent un coût sanitaire estimé par Loïc Prud’homme à 50 milliards d’euros par an.

A l’instar de son rival écologiste Yannick Jadot, le candidat veut par ailleurs « fermer les fermes usines », au moment où le Sud-Ouest traverse une nouvelle crise sanitaire :

« On n’a rien appris des 4 épidémies de grippe aviaire, des millions de bêtes abattues et des paysans ruinés. Tout le monde a pourtant compris que les élevages qui concentrent les animaux dans des conditions inadmissibles sont les lieux du transfert du virus, au risque que ce virus mute comme cela a été le cas en Asie. […] Nous nous battons pour un modèle de société qui soit un modèle d’harmonie entre les êtres humains et avec la nature. » 

Installer 200000 paysans

S’il a préféré ne pas développer au Fémina le sujet glissant de l’alimentation carnée « qui coûte cher en saccage de la nature », son plan prévoit une réduction de 50% de la consommation de protéines animales, avec une aide à la transition pour les éleveurs industriels se convertissant aux cultures végétales.

Jean-Luc Mélenchon à l’Elysée engagerait l’installation pendant son mandat de 200000 à 300000 agriculteurs bio, en doublant les aides à la conversion et en triplant les aides à l’installation. Il entend offrir des débouchés dans les cantines scolaires, en contrevenant au règlement européen interdisant aux collectivités les appels d’offres favorisant les producteurs locaux.

De leur côté, les consommateurs bénéficieraient du blocage des prix – en rognant sur les marges des intermédiaires, notamment des grandes surfaces, pas sur celles des paysans, actuellement de seulement 8% –, de l’augmentation immédiate du SMIC à 1400 euros nets et de la renégociation de tous les salaires.

Une façon de montrer qu’il met le pouvoir d’achat au coeur du débat, et permet ainsi de concilier fin du monde et fin du mois. Assez pour attirer l’électorat populaire, celui qui s’abstient et est, selon Jean-Luc Mélenchon, aujourd’hui invisible dans des sondages ?

Combien de divisions ?

Le candidat de l’Union populaire veut croire que l’affluence à ses meetings, à Nantes, Strasbourg et Bordeaux, est seul témoin d’une dynamique enclenchée. Et pense que la division à droite le servira : « Ils sont 9, contre 8 à gauche, mais personne ne se lamente sur la division de la droite ! », martèle Jean-Luc Mélenchon, qui espère faire au moins aussi bien à Bordeaux qu’en 2017.

« Je suis confiant, dit Pascal, un fidèle mélenchoniste de 69 ans. L’accès au deuxième tour se jouera entre 16-17% et les ralliements arriveront à foison ».

Des militants de la France insoumise repartent avec des affiches sous le bras pour coller partout en Gironde. Parmi eux, beaucoup de jeunes, ce qui fait plaisir à Chrystelle, 44 ans, et habituée des meetings de Mélenchon :

« Je suis contente de voir qu’il y a moins de têtes blanches qu’il y a 5 ans. Il faut remobiliser les jeunes car aujourd’hui ne votent plus que les retraités et les extrémistes. Et l’avenir en commun, c’est pour eux. »

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