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La société de Mérignac Belco s’est fait livrer du café par bateau à voile

Le voilier Avontuur a amarré ce lundi 7 février 2022 au port de Bassens, au nord de l’agglomération bordelaise. Parti depuis la Colombie en décembre 2021, il transportait 22 tonnes de café. Le plus gros chargement transporté à la voile de l’histoire moderne. 

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La société de Mérignac Belco s’est fait livrer du café par bateau à voile

Au port de Bassens, une pluie fine et quelques rayons de soleil timides n’ont pas découragé les plus curieux de venir découvrir les courbes de ce voilier à deux-mâts. À l’intérieur ? 22 tonnes de café en grains dans des sacs en toiles de jute. La commande a été faite par une société de Mérignac : Belco. 

C’est une façon inédite de se faire livrer du café pour la société mérignacaise, qui affirme avoir ainsi convoyé le plus gros chargement de café transporté à la voile de l’histoire moderne. En provenance de Santa-Marta en Colombie, la goélette aura mis près de deux mois pour acheminer sa cargaison à bon port.

110 000 euros pour 20 tonnes de café

Ce projet fait partie d’un projet global de Belco, qui source et achemine du café à destination des artisans et torréfacteurs indépendants en France et un peu partout en Europe. L’entreprise girondine, qui veut tendre vers un transport de marchandise décarbonaté, ne ne veut pas rester à ce premier aller simple, assure son directeur, Alexandre Bellangé : 

« Il va prendre tout son sens à partir de 2023. On va pouvoir effectuer les premiers voyages à la voile dans ce qu’on appelle des voiliers cargos. Belco a été une des premières sociétés en France et en Europe à s’engager pour défendre l’idée du transport à la voile. »

Les 22 tonnes de café ont été déchargés au porc de Bassens, au matin du 7 février 2021 Photo : CA/Rue89Bordeaux

Le premier voilier cargo est déjà en construction près du chantier naval de Piriou à Concarneau, en Bretagne, par la société Towt. Ce navire pourra transporter jusqu’à 50 fois plus de marchandises que la goélette actuelle. Aujourd’hui, ce mode de fret reste onéreux : 110 000 euros pour 20 tonnes de café, soit 5500 euros la tonne. Le transport coûte 5 euros pour 1 kilo de café.

À contrario, une livraison classique de 20 tonnes de café, dans un porte-conteneur, coûte seulement à l’entreprise entre 1750 à 1900 dollars soit 350 dollars (environ 305 euros) la tonne. Cependant, Belco se défend de lancer cette initiative.

« Cela permet de lancer une dynamique et de commencer à se confronter à la réalité du transport à la voile avec ses contraintes », assure le directeur, qui estime que le coût chutera rapidement à 350 euros la tonne. « Avec les voiliers cargos, on va diviser par quinze le coût de livraison tout en réduisant l’impact du transport à la voile. »

En attendant, les clients de l’entreprise Belco doivent adapter leur prix par rapport au coût du transport, comme les boutiques des Couleurs Café, basé dans le Tarn. La petite entreprise familiale sait que leurs propres clients, sensibles à cette cause, ne regarderont pas le prix. « On a déjà des clients qui ont déjà réservé ce café-là », assure Bastien Boyer, cogérant de l’entreprise tarnaise. 

Un greenwashing démenti

« Greenwashing » est le mot que l’entreprise ne veut pas entendre. Cette initiative est d’en être pour Julien Cadet, directeur commercial de la marque :

« C’est un projet très engagé. Le transport à la voile n’est pas quelque chose de développer dans l’univers du café. Puis on veut décarboniser cette filière. »

Il renchérit que les cafés qui sont importés par l’entreprise sont issus de l’agriculture biologique puis achetés sur la base de production et non sur la base d’un prix de marché.

« On est sur des cafés qui sont durables. On a l’ambition et surtout, on s’est engagé de manière officielle d’importer près de 50 % de nos volumes de café à l’horizon 2025 », développe le directeur commercial. 

Les clients sont aussi de cet avis : 

« Ce n’est pas un seul événement, mais plutôt le début d’une nouvelle ère, ils essayent de faire changer les choses dans la manière de transporter le café, assure Bastien Boyer. Quand on voit tout le travail qui fait pour en arriver là, on sait que ce n’est pas un événement marketing. Si c’était le cas, on n’y adhérerait pas. »

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