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À Bordeaux, un projet féministe et artistique pour conscientiser au harcèlement de rue

« Elle par’court » prévoit l’installation de trois œuvres d’art dans la ville durant l’été, réalisées par des femmes. Porté par deux volontaires en service civique, le projet invite les femmes à réinvestir les lieux publics et à sensibiliser le grand public à la problématique du harcèlement de rue. Des ateliers de création des œuvres commenceront en mai.

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À Bordeaux, un projet féministe et artistique pour conscientiser au harcèlement de rue

« Inviter les femmes à se réapproprier l’espace public à l’aide d’un parcours féministe » : c’est l’ambition du projet porté par Axelle Armary, 24 ans, et Hanna Hulin Keller, 18 ans, toutes les deux en service civique à Bordeaux au sein de l’association Unis-Cité. Baptisé « Elle par’court », le projet invite les femmes à utiliser l’art comme médium pour échanger sur des expériences communes.

Par l’intermédiaire de futures œuvres installées dans la ville, le projet vise également à interroger le grand public sur la problématique du harcèlement de rue. L’initiative s’inspire des « marches exploratoires », outils d’urbanisme participatif qui permettent d’évaluer le degré d’insécurité des femmes dans l’espace public pour faire évoluer les aménagements.

À Bordeaux, le parcours sera composé de trois œuvres, réalisées par des habitantes lors d’ateliers, situés sur trois lieux distincts et visibles de juin à août 2022. Grâce à un guide papier et des QR codes, les passants pourront découvrir le parcours et la démarche du projet. Axelle Armary et Hanna Hulin Keller envisagent d’installer les œuvres dans des endroits symptomatiques de « l’insécurité » vécue par les femmes, que ce soit le jour ou la nuit.

Stratégie d’évitement

Avant de se lancer dans le projet artistique, Axelle Armary et Hanna Hulin Keller ont réalisé un sondage auprès de 400 habitantes de la métropole bordelaise :

« Nous avons fait ce sondage pour savoir si elles ressentaient plus d’insécurité dans certains endroits de la ville. Les lieux qui ont souvent été cités sont la Victoire, les quais, Saint-Michel, le campus… »

Hanna Hulin Keller et Axelle Armary, initiatrices du projet « Elle par’court » Photo : VB/Rue89 Bordeaux

De cette pré-enquête, Axelle Armary et Hanna Hulin Keller retiennent également que les « stratégies d’évitement » dans la rue, comme faire semblant d’être au téléphone ou garder son trousseau de clés dans la main, sont communes à de nombreuses femmes :

« Les femmes restreignent leur usage de la ville à cause d’un sentiment d’insécurité et d’un mobilier urbain peu inclusif. On parle beaucoup des faits d’agression, mais pas du sentiment permanent d’angoisse que ressentent les femmes quand elles sont dans la rue. Le projet vise aussi à faire réfléchir, à conscientiser sur ces actes banalisés. »

Projet collectif

Le binôme a lancé un appel à artistes pour trouver des partenaires qui puissent les accompagner dans le projet. Le collectif de scénographes et d’architectes Cmd+O est ainsi chargé de réaliser la structure du futur mobilier urbain. Axelle Armary et Hanna Hulin Keller ont également répondu à deux appels à projets : « Je relève le défi » initié par la Ville de Bordeaux, et « Jeunes en action » du Département de la Gironde.

Le mobilier crée par le collectif Cmd+O servira de support pour réaliser les œuvres artistiques lors de différents ateliers, comme le détaille Hanna Hulin Keller :

« Le cœur de l’initiative est d’inviter les habitantes à créer une œuvre, de dialoguer autour d’un sujet que nous connaissons toutes. Avec Axelle, nous avons justement suivi une formation au Planning familial pour apprendre à animer des groupes de parole sur le sujet des violences sexistes et sexuelles. »

Pour financer le projet, Axelle Armary et Hanna Hulin Keller ont lancé une cagnotte participative en ligne. Cette dernière doit permettre d’acquérir les structures en bois et le matériel artistique qui sera utilisé lors des ateliers. Ces derniers devraient être mis en place d’ici le mois de mai.

Réinvestir la ville

« Elle par’court » prévoit des ateliers non-mixtes pour permettre aux femmes, ou aux « personnes qui s’identifient comme telles », de parler « plus librement », dans un climat de confiance. Car pour Axelle Armary, le projet doit aussi être l’occasion pour les habitantes d’échanger autour « d’expériences communes » :

« Le premier atelier permettra de faire connaissance, de débattre sur la notion d’insécurité avec le vécu de chacune. Le deuxième atelier amorcera la partie artistique avec des initiations à la peinture, au dessin… L’idée est d’ébaucher l’œuvre finale qui sera installée en ville. Enfin, les participantes iront réaliser l’œuvre imaginée pendant les ateliers en extérieur. »

Selon un sondage Ipsos publié en juillet 2020, 81% des femmes en France ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics. À Bordeaux, d’après une enquête menée par trois sociologues dans la métropole sur l’année 2016, 87,5% des femmes interrogées disent avoir subi du harcèlement sexuel ou sexiste dans la ville.

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