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Logement : l’aide à la rénovation énergétique hissée haut à Bordeaux Métropole

Le conseil de Bordeaux Métropole a voté à l’unanimité ce vendredi 25 mars un programme visant à la rénovation thermique de 11500 logements par an. De quoi diviser par deux la consommation énergétique du secteur résidentiel, responsable de 17% des émissions de gaz à effet de serre de la métropole, et lutter contre la précarité énergétique. La collectivité va plus que doubler les moyens affectés, qui pourront atteindre jusqu’à 13800 euros d’aides par logement individuel rénové, et représenter 40 millions d’euros par an.

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Logement : l’aide à la rénovation énergétique hissée haut à Bordeaux Métropole

La métropole bordelaise compte 430000 logements, dont « 40%, construits avant la première règlementation thermique de 1974, ont un niveau de performance très faible », indique ce vendredi 25 mars en conseil de métropole Claudine Bichet, vice-présidente à la transition énergétique.

Alors que le secteur résidentiel représente 30% de l’énergie consommée sur le territoire et 17% des émissions de gaz à effet de serre, une rénovation thermique globale de ces logements « s’avère donc nécessaire » si Bordeaux Métropole veut atteindre ses objectifs de territoire à énergie positive en 2050 et de neutralité carbone à cette échéance. L’enjeu prend aussi une dimension géopolitique avec la guerre en Ukraine, et la nécessité de réduire notre dépendance au gaz russe, a-t-il été souligné en conseil de métropole.

En complément de son programme de développement des énergies renouvelables, la collectivité a donc voté – à l’unanimité, fait rare – un plan ambitieux. Il vise à atteindre d’ici 2026 les 11500 logements rénovés par an au niveau bâtiment basse consommation (BBC), soit les étiquettes énergétiques A et B.

Tripler l’effort

En 2016, 3000 logements étaient rénovés chaque année, pour atteindre 9500 en 2019. Mais sur ce nombre, seulement 5000 rénovations étaient considérées comme performantes, pour cause de bouquets de travaux souvent limités, sans anticipation sur les performances énergétiques.

Aussi, en 2019, l’économie a représenté 22 GWh environ, résultats « très largement insuffisants pour mettre le territoire sur la trajectoire de baisse des consommations d’énergie attendue », soit une baisse de 60 GWh par an dans le patrimoine bâti.

Pour quasiment tripler cet objectif, la métropole compte aussi bien aider les 36600 foyers en situation de précarité énergétique (dont 5000 sont propriétaires) que d’encourager les plus hauts revenus à investir dans des rénovations performantes.

« Il est proposé d’aider aux études sans limitation de revenu et de n’attribuer d’aide aux travaux que pour les foyers dont le quotient familial annuel est inférieur à 38000€. »

13300€ max par logement

Concernant les maisons individuelles, les études (dont les audits énergétiques), qui ne pouvaient donner lieu à aucune subvention de la métropole jusqu’à présent, seront financées à hauteur maximale de 2300€ par logement. Les travaux seront eux financés à hauteur maximale de 11000€ par logement, quand la subvention actuelle de la métropole oscille entre 1000 et 6000€. Soit une aide maximale possible de 13300€ par logement, comparable à l’effort actuellement consenti par Nantes en termes de rénovation thermique.

Les travaux éligibles à cette aide sont l’isolation des murs, des combles ou d’une toiture ou encore les équipements de chauffage et chauffe-eau (poêle à granulés, chaudière à condensation, raccordement à un réseau de chaleur…).

Plus la rénovation sera performante, plus le soutien sera important. Par exemple, un ménage modeste selon les critères de l’Anah, l’agence nationale d’amélioration de l’habitat (c’est-à-dire gagnant moins 40 201€ par an pour une famille de 4 personnes) touchera une aide « Ma Renov Bordeaux Métropole » de 9000€ pour un bouquet de travaux s’il permet de baisser d’au moins 55% la consommation énergétique.

En copropriétés « classiques », l’aide sera de 2000 à 6000€ par logement. Pour les « passoires thermiques », un fonds de solidarité climat, doté 8 millions d’euros, permettra d’accorder 3500€ minimum par logement en copropriété dégradée, et 10000€ par maison, en plus des autres dispositifs. Un soutien spécifique est prévu pour le logement social, équivalent à un doublement des aides actuelles (allant jusqu’à 4000€ par logement pour les bailleurs).

La rénovation des barres du Grand Parc en 2014, un modèle de réhabilitation thermique Photo : SB/Rue89 Bordeaux

Factures allégées

Toutes ces subventions, cumulables avec les dispositifs de l’État et de la Région, permettront aux habitants de la métropole des économies importantes.

La collectivité donne l’exemple concret d’une maison en R+1 de 118m2, construite en 1960 à Talence, et classée F (passoire thermique). L’isolation de ses combles perdues en ouate de cellulose (un écomatériau qui donne droit à un bonus) et de ses murs côté Est en laine de roche, le changement de menuiseries et l’installation d’un poêle à granulés s’ajoutant aux radiateurs électrique, permettront à l’arrivée un gain énergétique de 75 %, soit 2045€ en moins par an sur les factures.

Le coût du chantier est de 47044€. Pour un ménage très modeste selon les critères de l’Anah, le montant total des aides s’élèvera à 36300€ (contre 26100€ dans les dispositifs actuels), dont 23000€ de l’Anah – y compris 3000€ de bonus de la Ville de Talence -, et le reste d’aides Ma Rénov de Bordeaux Métropole. C’est à l’arrivée moins de 10000€ de reste à charge pour le propriétaire, et un retour sur investissement rapide.

Pour un ménage aisé, mais dont le quotient familial est inférieur à 38000€, les aides s’élèveront à 17177€, dont 4000€ de MaPrimeRénov de la Région Nouvelle-Aquitaine, le reste étant abondé par Bordeaux Métropole.

Des emplois à la clé

Pour aiguiller au mieux les habitants, cette dernière prévoit de passer de 6 à 12 équivalent temps plein (ETP) le nombre de conseillers associatifs pour l’accompagnement en maison individuelle, et de 2,3 à 6,3 ETP pour l’accompagnement en copropriétés.

L’intercommunalité prévoit de consacrer 26,2 millions d’euros par an jusqu’en 2026 à cette politique, dont 3,2 millions pour la réhabilitation du parc de logements sociaux.

« Une projection théorique dans laquelle Bordeaux Métropole accompagnerait financièrement l’intégralité des 11500 rénovations conduirait (…) à une dépense annuelle de 41,5 millions d’euros », indique la délibération votée vendredi.

Le texte souligne que ces subventions, qui « auraient un effet-levier qui permettrait de générer 456 millions d’euros de travaux sur le territoire », peuvent générer des milliers d’emplois non délocalisables. Le nouveau dispositif est applicable pour les copropriétés, et sera en vigueur sous 60 jours pour les maisons individuelles, tout en autorisant d’ores et déjà l’instruction des demandes de subvention.

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