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Législatives : qui porte les couleurs de la Nupes, l’union de la gauche et des écolos en Gironde ?

La Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) lance sa campagne ce samedi après, après l’adoption des accords conclus avec la France insoumises par le conseil national du Parti socialiste et les militants d’EELV. En Gironde, les 12 candidats de cette alliance des partis de gauche et écologistes derrière Jean-Luc Mélenchon sont prêts à entrer en lice, avec 10 nouvelles têtes pour 2 sortants. Voici le casting.

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Législatives : qui porte les couleurs de la Nupes, l’union de la gauche et des écolos en Gironde ?

6 circonscriptions aux Insoumis, 3 pour les écologistes, 2 pour les socialistes et une pour les communistes : c’est la répartition actée pour la Gironde dans les accords conclus entre le mouvement de Jean-Luc Mélenchon et ses alliés. Aux côtés des deux députés sortants, Loïc Prud’homme (France insoumise) et Alain David (Parti socialiste) dans les 3e et 4e circonscription, 9 des 10 candidat-e-s se présenteront pour la première fois à des législatives le 12 juin (second tour le 19 juin).

1 – Les Insoumis à l’assaut dans la moitié des circos

En 2017, la 3e circonscription (sud de Bordeaux, Talence, Bègles, Villenave d’Ornon), très favorable à la gauche, était la seule de Gironde conquise par la France insoumise. Son député Loïc Prud’homme s’est révélé incontournable. Après avoir planché à l’Assemblée nationale sur les questions de pesticides et de malbouffe, ce technicien de l’Inra (institut national de recherche agronomiques) a aussi soigné son implantation, montant au front sur différentes luttes locales et se présentant (en dernière position) sur la liste Bordeaux en luttes.

C’est aussi lui qui a discuté en direct avec les représentants locaux des autres formations politiques sur la répartition des circonscriptions. Fort du score de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, la France insoumise s’est taillé la part du lion et présente 6 des 12 candidats de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) en Gironde.

Jean-Renaud Ferran Photo : DR

Reçu 7/7 ?

Trois de ces circonscriptions, identifiées comme gagnables en cas d’union de la gauche, ont été âprement négociées avec les partenaires. Dans la 7e (Pessac, Gradignan), où le bloc des gauches est arrivé en tête au premier tour de la présidentielle, la Nupes sera représentée par Jean-Renaud Ferran, fonctionnaire de 39 ans. Engagé à la FI depuis 2016 et candidat sur la liste de gauche aux municipales à Villenave d’Ornon, il habite à Gradignan depuis 2021.

La 12e et la 5e circonscriptions étaient revendiquées par le Parti socialiste, dont les postulants déclarés – Bruno Marty, maire de la Réole, et Pascale Got, ex députés du Médoc – font planer l’éventualité de candidatures dissidentes. Dans l’Entre Deux Mers, Mathilde Feld, adjointe au maire de Créons et ex présidente de la Communauté de communes, est une des trois femmes investies par l’alliance en Gironde.

Elle nourrit de bons espoirs de reprendre ce siège à la République en marche, dont la députée sortante, Christelle Dubos, ne se représente pas. A condition de faire reculer l’extrême droite, dont le cumul des voix devançait celui des candidats de gauche au premier tour de la présidentielle.

Mathilde Feld Photo : DR

L’équation est la même dans le Médoc et le Blayais, où Marine Le Pen est arrivée largement en tête. Edwige Diaz, patronne du RN en Nouvelle-Aquitaine, rêve de rafler la 11e circonscription à la discrète députée macroniste, Véronique Hammerer. Face à elle, les résultats de Jean-Luc Mélenchon légitimaient des candidatures d’Insoumis, plus à même selon la FI de mobiliser l’électorat hostile à Emmanuel Macron et tenté par le Rassemblement national.

C’est la lutte rurale

Pour ce faire, la Nupes mise sur Mathieu Caillaud, agent des finances publiques de 39 ans. Ce conseiller municipal de Saint-André-de-Cubzac, délégué à l’animation des quartiers et consultations citoyennes, travaille dans cette commune avec Célia Monseigne, une maire socialiste. Il se présente comme un syndicaliste CGT « de tous les combat du territoire ».

Discours similaire du côté d’Olivier Maneiro, 38 ans, et candidat FI dans la 5e circonscription – où le vote de la métropole et du littoral (Lacanau, Carcans, Soulac…) contrebalance celui du nord Médoc pour la droite extrême :

« Médocain depuis 20 ans – Labarde, Blanquefort, Parempuyre, Ludon, Saint Estephe…  – ambulancier depuis presque 10 ans, je sillonne les route médocaines au quotidien, au contact de la misère sociale et de la problématique des déserts médicaux. »

Le benjamin de la Nupes sera Sacha André, 24 ans, technicien du numérique vivant à l’Isle-Saint-Georges. Dans la 9e circonscription (Sud Gironde), il sera challenger face à la députée Modem sortante, Sophie Mettes, et devrait faire campagne contre le projet de LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, porté par le gouvernement. Car le GPSO suscite une forte hostilité dans ce territoire, où se rejoindront les branches des deux ligne.

Dans sa présentation envoyée à Rue89 Bordeaux, le jeune homme se dit en effet « abasourdi et révolté par la France à deux vitesse qui se créée avec de grands projets comme la LGV ou la dématérialisation des services publics abandonnant les territoires ruraux et les personnes les plus précaires ».

Une façon là aussi de parler à l’électorat de Marine Le Pen, qui a fortement progressé dans le Sud Gironde, et pourrait provoquer une triangulaire avec le RN.

2 – Les socialistes peuvent doubler la mise

C’était une condition sine qua non de l’accord validé jeudi soir par le conseil national du Parti socialiste : la reconduction de tous ses sortants. Sans adversaire à gauche, Alain David, ex maire de Cenon élu député en 2017, devrait donc être facilement reconduit dans la 4e circonscription (rive droite), bastion inexpugnable.

La fédération girondine réclamait en outre au moins une autre circonscription gagnable, et lorgnait particulièrement sur la 6e, fief d’Alain Anziani, le maire de Mérignac et président de Bordeaux Métropole. Après avoir été ravi en 2017 à la députée PS Marie Récade par un socialiste rallié à En marche, Eric Pouillat, les résultats des élections intermédiaires (victoire aux municipales à Saint-Médard-en-Jalles d’une alliance de gauche) et du premier tour de la présidentielle, où le bloc des voix de gauche atteint les 32%, laissent à la NUPES des espoirs de reconquête.

A condition toutefois, dans ce territoire plutôt centriste qui a placé Emmanuel Macron en tête, de ne pas faire fuir les électeurs de centre-gauche. D’où probablement le choix de s’en remettre à Vanessa Fergeau-Renaux, 38 ans, chef d’entreprise et adjointe à la culture à Mérignac.

Vanessa Fergeau-Renaux Photo : DR

Non encartée et fraîchement engagée en politique, la jeune femme a toutefois une certaine expérience : elle est fille de l’ancien maire de Saint-Jean d’Illac, et a été collaboratrice parlementaire de Marie Récalde. Elle s’est en outre prononcée rapidement pour l’union, prenant contact dès avant la présidentielle avec les autres forces de gauche dans sa circonscription.

« Divisés, on était sûrs de refaire comme à la présidentielle, et de se retrouver avec des deuxième tours RN-En marche. Alors que notre électorat nous dit « rassemblez-vous », on n’aurait pas été capables de le faire ? » Nous nous devions de répondre à une colère légitime et combattre les injustices qui ont été flagrantes dans ce quinquennat. »

3 – Option écolo à Bordeaux et Libourne

La 1ere circonscription englobe les populaires quartiers nord de Bordeaux, dont les voix sont pondérées par celles du Bouscat et de Caudéran. Bastion de la droite pendant 133 ans, elle n’a été gagnée par la gauche qu’à la faveur de la vague rose de 2012, avec la socialiste Sandrine Doucet. C’est un élu écologiste de Bordeaux, Francis Feytout, informaticien à l’Université Bordeaux-Montaigne dans le civil, qui a initialement été désigné pour la NUPES (Nouvelle union populaire écologiste et sociale). Il a finalement choisi de se désister pour des raisons de parité femmes-hommes au profit de Catherine Cestari, adjointe (Verte elle aussi) à la mairie de Bruges.

Elle aura fort à faire face au macroniste Thomas Cazenave, au profit duquel s’est effacée la députée sortante LREM, Dominique David. Mais il pourrait bénéficier de la multiplication des candidatures à droite, avec deux candidats revendiquant l’héritage juppéiste, Pierre de Gaétan Njikam (Les Républicains), ex maire adjoint de Bordeaux Maritime, et Xavier Loustaunau, ancien du cabinet d’Alain Juppé soutenu par deux autres anciens adjoints, Pierre Lothaire et Joël Solari.

Nicolas Thierry Photo : SB/Rue89 Bordeaux

Convaincre les modérés

Les écologistes bordelais ont été choyés par l’accord EELV-LFI, avec l’attribution de la 2e circonscription à Nicolas Thierry. Fort des scores d’EELV aux municipales, aux européennes et aux régionales, mais aussi de ceux de Jean-Luc Mélenchon dans le centre de Bordeaux et à la Bastide, le leader du groupe écologiste au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine peut croire en ses chances contre la députée (LREM) Catherine Fabre.

Le succès dépendra en grande partie de l’alchimie des troupes écolos avec celles de la France insoumise. Aux municipales, le chef de file des insoumis pour la circonscription, Hugo Fourcade, avait en effet participé à la liste Bordeaux en luttes, contre l’alliance de Pierre Hurmic avec le PS et les écologistes.

Faisant part dans un post Facebook de sa déception, il s’était néanmoins réjoui de l’accord national trouvé entre EELV et son parti, et avait souhaité « bonne chance pour sa campagne » à Nicolas Thierry, peut-être plus à même de séduire l’électorat urbain plus modéré.

« Séparément on se condamnait à l’inaction et ont actait une décennie sans député écologiste au parlement, justifie ce dernier. Les éléments de langage pilonnés par la majorité présidentielle nous reprochent de trahir notre engagement européen. Mais dans l’accord il est écrit noir sur blanc que l’on ne parle que de désobéissance budgétaire et financière, et dans le cadre de l’Etat de droit : si on ne respecte pas les directives, cela se fera par dérogations autorisées par l’Union européenne. »

Un Libournais plus fertile ?

Rien de nouveau pour les écologistes, « opposés de longue date aux traités de libre-échange et au fonctionnement actuel de l’Europe », d’après le conseiller régional. Il juge par ailleurs « cocasse » qu’on puisse reprocher à EELV de prôner la désobéissance :

« C’est presque nous qui en avons la paternité quand Noël Mamère fait le premier mariage homosexuel à la mairie de Bègles ou quand José Bové fauche les champs d’OGM ! »

Pour l’ex tête de liste écologiste aux régionales, il faudra « traiter la problématique de l’écologie dans la justice sociale », une question qui sera « au centre de la campagne », de la retraite à 60 ans à la garantie autonomie jeune « pour éviter que plus aucune personne de 18-24 ans ne vive sous le seuil de pauvreté ». Le programme complet de l’Union sera dévoilé la semaine prochaine.

Pascal Bourgois Photo : DR

Un autre écologiste, Pascal Bourgois, représentera la NUPES dans la 10e circonscription du Libournais, où Florent Boudié (PS de 2012 à 2017, passé chez LREM) se présente pour un troisième mandat. Dans cette terre plus rurale, traditionnellement moins fertile pour les écologistes, le cadre d’EELV, déjà candidat aux législatives en 2022, veut s’employer à convaincre les « fâchés pas fachos ». Marine Le Pen a en effet réalisé des gros scores dans cette partie de la Gironde. Selon les projections faites par France info, la NUPES pourrait se retrouver face au RN et au candidat sortant dans une triangulaire

La mission s’avère en revanche impossible pour la seule candidate communiste investie en Gironde, Maryline Faure, dans la 8e circonscription (Bassin d’Arcachon), acquies à la droite.


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