A quelques heures de la présentation de la saison 2022-2023 ce mercredi, la nouvelle fait grincer les dents. La veille dans la soirée, les salarié·es du TnBA et de l’Estba disent être « contraint·es de déposer un préavis de grève pour la journée du mercredi 29 juin à partir de 14h, visant à alerter sur la dégradation de leurs conditions de travail ».
Leurs revendications concernent « une revalorisation des grilles des salaires des permanent.e.s, intermittent.e.s et ouvreur.se.s », « une réelle considération de la charge de travail des équipes, une valorisation et une adéquation entre la programmation, l’activité de la structure et l’effectif des salarié.e.s », ainsi qu’ « une véritable reconnaissance de l’investissement, des compétences et du travail ».
Dialogue rompu
Dans leur communiqué, les salarié.e.s affirment qu’ « il y a eu des alertes répétées dans les différents services sur la surcharge de travail qui existe depuis plusieurs années ». Non seulement elles sont « restées sans réponse » mais « les activités se sont multipliées », écrivent-ils :
« À titre d’exemple pour la saison 2021-2022 : sur les 250 jours d’ouverture au public, ce sont 30 spectacles accueillis, 21 spectacles produits et coproduits, 246 jours de résidences, mais aussi tous les évènements autour des spectacles, un festival de la création, une Saison Bis, un travail souterrain quotidien, une charge administrative lourde, dans un contexte matériel vieillissant et dégradé ».
Les représentants des salariés affirment être « épuisés » et avoir « atteint un point de rupture ». Ils évoquent par ailleurs un « dialogue avec la direction [qui] s’est rompu » ce mardi et accusent la directrice du TnBA, Catherine Marnas, d’avoir tenu « un discours violent, dégradant, humiliant » et proféré « des menaces notamment de licenciement à l’encontre des salarié.e.s ».
Explication de la direction
Sollicitée par Rue89 Bordeaux, Catherine Marnas dément les menaces de licenciement :
« J’ai simplement expliqué que si je devais accepter toutes leurs conditions, on ne tiendra pas et on sera forcé de licencier. »
La directrice du théâtre rappelle les conséquences des saisons perturbées par la crise sanitaire et « la perte de 200 000 euros ». Elle souligne cependant le manque de subventions :
« Quand je suis arrivée au TnBA, le théâtre était 9e sur 37 CDN en matière d’importance de subventions. Aujourd’hui, nous sommes 16e et devant nous il y a des salles avec des jauges moins importantes. Evidement, ça crée beaucoup de travail. On devrait faire beaucoup moins de spectacles, mais est-ce la solution ? La notion d’épuisement est réelle, la surcharge de travail est effective. J’ai demandé une réunion pour voir comment faire, surtout que la saison 2022-2023 est faite, elle n’a abouti à rien. »
Selon la directrice, une augmentation de la grille salariale est déjà effective à la demande du Syndeac (Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles).
« Nous sommes déjà à plus 10%, taux appliqués à la nouvelle augmentation. Les salariés demandent 15% et 5% pour les intermittents. Nous pouvions aller jusqu’à plus 12,5% à plus 1,5%. C’est déjà très lourd », poursuit Catherine Marnas.
Ce mercredi, parmi les 30 permanents et 48 équivalents temps plein, la grève serait suivie par les deux tiers selon la direction.
Réponse des grévistes
En réponse à la réaction de Catherine Marnas, les délégués du personnel ont tenu à préciser que « la demande d’allègement a été demandée par les salariés depuis de nombreux mois et de nombreuses réunions. La direction a proposé le 10 juin lors de la réunion NAO (négocation annuelle obligatoire des salaires) une réunion à la rentrée de septembre aux salariés, celle-ci a été acceptée par l’entièreté des salariés et un travail par service a déjà commencé afin de lister l’ensemble des projets et activités. Bien que cette réunion arrive trop tard car comme l’a souligné Catherine Marnas, la saison est déjà actée, la brochure est imprimée, les engagements sont pris. »
Ils précisent par ailleurs que « la proposition de la direction de renégociation à 12,5% uniquement pour une partie des salariés (les groupes 4 à 9 et non inscrit dans l’accord d’usage donc non pérenne), ce qui était déjà un réel compromis. Cependant, quand les salariés demandaient 1 euro de revalorisation, la direction a proposé 20 centimes, ce qui ne semblait pas suffisant compte tenu du fait que les intermittents n’ont obtenu aucune revalorisation salariale depuis 2017 ».
Enfin, les délégués ont fait savoir à Rue89 Bordeaux que les salarié.e.s prendront la parole sur la scène de la salle Vitez lors de la présentation de la saison ce mercredi 29 juin.
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