Le 8 juillet dernier, Atmo Nouvelle-Aquitaine a publié les résultats de son bilan annuel 2021 des pesticides dans l’air. Les mesures ont été faites sur une période allant de février à décembre 2021, sur six sites de prélèvement. En Gironde, deux sites ont été étudiés : le jardin botanique à Bordeaux et un site rural dans le Sauternais. Dans la région, parmi les 107 molécules recherchées, 62 ont été détectées, dont 26 fongicides, 20 herbicides, 15 insecticides et un acaricide.
Les principales molécules retrouvées sont le folpel (fongicide utilisé dans les vignes et molécule dominante dans le Sauternais), la pendiméthaline (herbicide utilisé autant dans les vignes que dans les grandes cultures) et le prosulfocarbe (herbicide utilisé dans les grandes cultures).
À propos de ce dernier, Atmo Nouvelle-Aquitaine a constaté « des niveaux encore jamais observés en France », dans la Plaine d’Aunis, en Charente-Maritime. L’agglomération de La Rochelle a d’ailleurs demandé un moratoire et un avis scientifique auprès de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sur l’utilisation du prosulfocarbe, deuxième herbicide le plus utilisé en France après le glyphosate.
Fortes concentrations d’insecticides dans le Sauternais
Les concentrations les plus fortes en fongicides ont été retrouvées dans le Cognaçais et dans le Sauternais, des « sites influencés par un environnement viticole ». La molécule dominante retrouvée dans le Sauternais est le folpel, fongicide utilisée pour traiter le mildiou dans les vignes.
L’étude précise que « les fongicides sont présents dans l’air sur une longue période de l’année, à partir du mois d’avril, voire mars, jusqu’à septembre, voire octobre, notamment sur les site proches des vignes et des vergers ». Du folpel, en moindre quantité, a aussi été relevé à Bordeaux, du fait de sa proximité avec les vignobles.
Le Sauternais est également concerné par les insecticides, où la plus forte concentration en lindane a été relevée. L’utilisation, à usage agricole, de cet insecticide est pourtant interdite depuis 1998. Plus de 20 ans après, des résidus sont encore présents dans le sol, du fait de sa lente décomposition.
Transfert des zones agricoles vers les zones urbaines
Le Sauternais est également le seul des six sites où des concentrations en lambda-cyhalothrine et en chlorpyriphos-éthyl ont été relevées. La dernière de ces molécules, interdite d’utilisation depuis 2020, est une substance active de produits phytosanitaires employée pour traiter la cicadelle de la flavescence dorée, une maladie de la vigne. Elle peut notamment être à l’origine de troubles de développement du foetus, selon une étude publiée en 2012, dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences.
Selon Atmo Nouvelle-Aquitaine, les concentrations de pesticides relevées en zone urbaine, à l’instar de Bordeaux, s’explique par le « transfert des molécules par l’air depuis les surfaces agricoles », notamment durant l’été, période de traitement des vignes avec des fongicides. En 2020, le nombre de ces molécules détectées était en baisse malgré une augmentation des concentrations moyennes.
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