Plus d’une semaine après le début de deux incendies dans le département, 20 800 hectares de forêts sont partis en fumée, 36 750 personnes ont été évacuées. À ce jour, si la « situation semble se stabiliser » selon la préfecture, les feux sont contenus mais toujours pas fixés.
Entre-temps, une polémique, prenant pour cible la sénatrice EELV de la Gironde, Monique de Marco, s’est répandue sur la toile. À l’origine de la cabale médiatique, une vidéo de la sénatrice visible sur son compte Twitter et détournée de son contexte. Dans cette dernière, Monique de Marco demande au gouvernement de ne pas accorder un agrément pour un Plan simple de gestion (PSG) pour la forêt usagère de La Teste-de-Buch. Or cette opposition, également suivie par des élus locaux d’autres couleurs politiques, ne concerne en rien l’aménagement d’accès dans la forêt aux services de secours.
Régime particulier
Comme le détaille un article Check News de Libération, la demande d’établissement d’un PSG a été déposée par un propriétaire d’une parcelle de la forêt, en 2019. Ce plan permet à un propriétaire de programmer des coupes et des travaux, dans une visée commerciale. La forêt de La Teste-de-Buch a un statut particulier. Elle est la seule, en France, régie par le dispositif des « baillettes et transactions », depuis le XVème siècle.
La forêt appartient à une centaine de propriétaires, mais les habitants des communes alentours (Arcachon, de Lège Cap-Ferret, de Gujan-Mestras et La Teste) y ont aussi des droits et peuvent notamment ramasser du bois.
L’Addufu, l’Association de défense des droits d’usage et de la forêt usagère, s’est opposée au PSG déposé par l’un des propriétaires. Une posture soutenue par de nombreux élus locaux, à l’instar de Monique de Marco :
« Il y a une confusion sur deux dossiers distincts. Le PSG portait sur un plan de coupe des arbres, rien à voir avec l’élargissement des voies pour les pompiers. Il y a eu une méconnaissance. »
Début 2021, Sophie Panonacle, députée LREM du bassin d’Arcachon, a écrit à la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, lui demandant de ne pas donner son agrément pour ce PSG, dans « le but de protéger sa biodiversité particulièrement sensible et fragile ». Dans un courrier du 21 juin 2021, Barabra Pompili confirme à la députée que le PSG n’est pas validé.
Le maire LR de la Teste-de-Buch, Patrick Davet, s’était lui aussi opposé au PSG. En juin 2021, une motion d’opposition à la demande d’agrément a été déposée par le maire en conseil municipal. Dans cette motion, Patrick Davet défend le « régime juridique unique en France » de cette forêt, « exemple authentique de développement durable ».
Confusion
Le point d’achoppement se situe sur un autre dossier, qui concerne, cette fois-ci, l’élargissement des voies pour l’accès aux véhicules du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis). Dans sa lettre envoyée à Sophie Panonacle, la ministre de la Transition écologique annonçait diligenter une mission d’inspection.
Un rapport, rendu en janvier 2022, observait la nécessité de réaliser des travaux pour faciliter l’accès aux services de secours dans la forêt. Ces travaux était déjà prévus depuis début 2021, le maire ayant donné son autorisation à l’Association syndicale autorisée de la DFCI (Défense des forêts contre les incendies).
C’était sans compter sur un recours déposé par l’Addufu en janvier 2021, devant le Tribunal administratif de Bordeaux, eu égard au « mépris des Baillettes et Transactions », qui a retardé le début des travaux. Monique de Marco, elle, n’a aucun lien avec ce dossier lié aux travaux et n’a pas soutenu le recours déposé par l’association d’usagers.
« Soutien unanime »
Monique de Marco dit « pouvoir compter sur le soutien unanime » de ses collègues parlementaires « de tous bords » :
« Sur le PSG, nous étions tous [les élus] sur le même questionnement. La polémique est partie d’un tweet d’un animateur télé, suivi par de nombreux followers. J’ai été inondée de messages haineux sur mes réseaux sociaux. J’ai déposé plainte, l’enquête suit son cours. »
Pour la sénatrice, la question de la gestion des forêts doit être posée de manière globale face au dérèglement climatique. En effet, l’incendie le plus important s’est produit à Landiras où 13 800 hectares sont partis en fumée, et où le régime de gestion diffère de celui de la forêt de La Teste-de-Buch :
« Il y avait des pare-feux dans la forêt de Landiras et un système de prévention incendie. Nous devons nous pencher sur les problématiques de sécheresse et de canicule, la forêt devient fragile, il faut des moyens humains et matériels disponibles et en nombre. L’Office national des forêts, par exemple, fait face à des restrictions financières alors qu’elle est un organisme essentiel dans la gestion des forêts. »
Au Sénat, une mission d’information sur les feux de forêts doit rendre ses conclusions, accompagnées de préconisations, en août. Selon Monique de Marco, ces dernières pourraient être rendues plus tardivement, de nouvelles auditions devant avoir lieu avec les récents incendies dans le département.
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