Depuis une semaine, même sans électricité, ils continuent d’occuper leurs chambres du Village 5, à Pessac. Par crainte de voir « les serrures changées », ils « n’osent plus sortir ». Jeudi 8 septembre, des étudiants menacés d’expulsion par le Crous ont organisé une conférence de presse avec le collectif Le Poing Levé. À ce jour, 7 étudiants « bloquent » leurs chambres.
« Aucune raison valable »
Tout débute en juin dernier. Pour cause de travaux au Village 6, des étudiants doivent quitter leurs chambres. Après une mobilisation des étudiants, le Crous leur accorde des logements temporaires au Village 5. Les clés devaient être rendues le 31 août. À l’approche de la rentée, les étudiants ne sont pas réadmis à l’attribution des logements, « sans relogement équivalent ». Aurélien a 25 ans, il est étudiant en informatique :
« Nous nous sommes retrouvés avec des propositions absurdes de relogement, comme une semaine à dix jours payés dans une auberge de jeunesse. On m’a aussi proposé une sous-location chez une personne âgée à 600 euros par mois. »
Selon Jahan Lutz, militant au sein du collectif Le Poing Levé, le Crous n’a « avancé aucune raison valable pour justifier les expulsions » :
« 23 étudiants étaient menacés et 16 ont déjà été expulsés, l’un est à la rue, l’autre dans un squat. Sept autres refusent de rendre leurs chambres. Des demandes ont été refusées parce que le dépôt du Dossier social étudiant aurait été fait trop tard ou que des étudiants auraient été logés plus de 5 ans par le Crous. Ce sont majoritairement des étudiants étrangers, dans des situations précaires. »
Venue d’un huissier
Les étudiants expliquent n’avoir reçu « aucun avis d’expulsion ». Le premier septembre, ils ont reçu une sommation de déguerpir de la part d’un huissier. Les serrures ont été changées, l’électricité coupée.
Hassad, 27 ans, étudiant en informatique, décrit des « coups de pression » réguliers, similaires à du « harcèlement » :
« Je rate des cours, demain j’ai une soutenance. J’ai peur de quitter ma chambre, de ne pas retrouver mes affaires en y revenant. J’ai été professeur de mathématiques au Maroc, je suis venue exprès en France pour la qualité de l’enseignement. J’ai toujours payé mes loyers, je travaille à côté de mes études, je ne comprends pas. »
Mobilisation
Ordonnances à la main, Aurélien explique être sous anxiolytiques depuis le début de l’été, sujet à des « crises de panique » :
« Le Crous me dit que je ne rentre plus dans les critères sociaux pour avoir un logement. C’est absurde, ma situation n’a jamais changé. J’ai fait des demandes auprès de bailleurs sociaux notamment, mais pour l’heure, j’ai peur d’être à la rue. »
Interrogée par France 3, Frédérique Charleux, responsable du service vie étudiante pour le Crous de Bordeaux Aquitaine, affirme que parmi les sept étudiants certains n’avaient pas le statut étudiant et d’autres « occupent depuis plus de cinq ans leur logement et ne peuvent pas prétendre à occuper à nouveau un logement universitaire ». Elle assure également que les étudiants ont été prévenus depuis le mois de janvier et un accompagnement par les services sociaux leur a été proposé.
Le Crous entend saisir le juge des référés afin de procéder à leur expulsion, toujours selon France 3. Le collectif Le Poing Levé affirme de son côté à Rue89 Bordeaux avoir pris contact avec une avocate et n’exclut pas une action en justice. Un rassemblement est prévu mercredi 15 septembre à 18h30, devant le siège régional du Crous à Bordeaux.
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