Enquêtes et actualités gavé locales

Pour les 10 ans de votre média : objectif 2000 abonné⋅es

30/04/2024 date de fin
693 abonné⋅es sur 2 000
Pour ses 10 ans, Rue89 Bordeaux propose un abonnement à 10€/an et vise les 2000 abonné.es

Covid-19 : les victimes « invisibilisées » de la 8e vague

Avec 99 morts et plus 1000 hospitalisations en soins critiques par jour en France, la pandémie de Covid-19 touche les personnes âgées et fragiles, « invisibilisées et inaudibles », déplore Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux. Membre du Covars (comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires), il appelle à renforcer la pédagogie, notamment sur l’utilisation des masques.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Bordeaux, abonnez-vous.

Covid-19 : les victimes « invisibilisées » de la 8e vague

« Nous sommes toujours dans une situation pandémique mais nos sociétés ne le perçoivent pas ainsi », estime le professeur Denis Malvy.

A l’occasion d’un rendez-vous organisé par le Club de la presse de Bordeaux, l’infectiologue au CHU a tenu à rappeler que la 8e vague de Covid-19 faisait actuellement des dégâts : plus de 87000 nouveaux cas déclarés au 18 octobre, 1069 hospitalisations en soins critiques et près de 100 morts par jour en France.

Localement, le taux d’incidence a presque doublé en un mois en Gironde, passant de 264 à 462 cas pour 1000 habitants, et 32 personnes hospitalisées au 18 octobre, contre 14 le mois précédent. 100 patients sont actuellement hospitalisées en soins critiques en Nouvelle-Aquitaine.

Et le pic de cette vague n’est pourtant pas atteint. « On est toujours en attente du plateau », le moment auquel le nombre de contaminations va se stabiliser, précise le professeur Malvy. D’autant qu’avec les températures toujours estivales en octobre, l’épidémie n’a pas retrouvé les facteurs propices à un développement saisonnier, les températures poussant les gens à sortir et ne pas rester en milieu confiné.

C’est toujours BA.5, un sous-variant d’Omicron très contagieux, déjà actif lors de la 7e vague cet été, qui circule beaucoup en France et en Europe. D’après Denis Malvy, cela garantit une certaine protection face aux formes graves de la maladie, des populations exposées lors des dernières vagues, et bénéficiant ainsi d’une forme d’immunité sauvage, ainsi que des personnes vaccinées.

L’infectiologue Denis Malvy Photo : SB/Rue89 Bordeaux

Laisser-aller

Mais d’autres sous-variants d’Omicron « sont en train d’apparaître en France et en Europe », poussant nos voisins à réagir, poursuit-il. Ainsi, l’Allemagne l’a rendu obligatoire dans les transports publics, et pourrait étendre la liste des lieux concernés. Lors des dix premiers jours d’octobre, le nombre de patients en soins intensifs pour Covid a été multiplié par deux dans ce pays.

Récemment nommé au Covars (comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires), l’instance qui a succédé au conseil scientifique dont il était également membre, Denis Malvy déplore le laisser-aller en vigueur de ce côté du Rhin.

« Les trois vagues que nous avons connues depuis le début de l’année ont fait 10000 morts chacune, rappelle-t-il. Les personnes âgées et immunodéprimées payent toujours cash la circulation du virus et supplient qu’on les protège. Mais ils sont invisibilisés et, entre la pénurie de carburant et la guerre en Ukraine, pas audibles. »

Plus de pédagogie

Pas question toutefois de confinement ou de stratégie zéro Covid, qui est « un échec de A à Z, épidémiologiquement non fondée et socialement suicidaire », selon le médecin bordelais.

« Notre société a suffisamment souffert. Mais avec la combinaison des moyens dont on dispose – les vaccins, les masques, les gestes barrières… -, nous pouvons faire mieux pour protéger les gens. Ce qui manque c’est de la pédagogie. »

Le professeur Malvy juge notamment que le discours sur les masques n’est pas bon, avec un message trop général et moralisateur (« se protéger et protéger les autres »). Il devrait selon lui distinguer les FFP2, recommandés aux personnes fragiles ou immunodéprimées pour se protéger lorsqu’elles prennent les transports en commun, des masques chirurgicaux, surtout utiles pour éviter de contaminer les autres et seulement efficace à 50% pour se protéger soi-même.

Le Covars doit rendre prochainement un avis sur l’épidémie de Covid-19. Sa présidente, Brigitte Autran, a récemment déclaré qu’elle étudiait l’hypothèse d’un retour du masque obligatoire.


#Santé

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Partager
Plus d'options