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Tous les déchets vont bientôt pouvoir être triés et recyclés à Bordeaux Métropole

L’usine de valorisation des déchets de Bègles se prépare à l’extension des consignes de tri pour les habitants de Bordeaux Métropole : à partir du 1er janvier 2023, ils pourront jeter dans la poubelle verte (ou jaune) tous les déchets d’emballages jusqu’à présent non recyclés (pot de yaourts, films plastiques, capsules de café…). Cette simplification du tri, associée au développement de la collecte, doit réduire le poids des ordures ménagères.

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Tous les déchets vont bientôt pouvoir être triés et recyclés à Bordeaux Métropole

En 2023, il n’y aura (presque) plus rien à jeter chez les habitants de la métropole bordelaise. À part les restes de viande et de poisson (si vous n’êtes pas végétarien ou que vous n’avez pas de poule), les couches-culottes (si celles-ci ne sont pas lavables ou compostables) ou encore les protections menstruelles (non lavables) et les coquilles d’huîtres, il y aura une solution de tri et de recyclage pour quasiment tous les déchets.

Le 1er janvier prochain rentre ainsi en vigueur l’extension des consignes de tri à l’ensemble des emballages. Les ménages devront mettre dans la poubelle verte (qui deviendra progressivement jaune) des déchets qui y étaient jusqu’ici prohibés : les pots de yaourt, les films et sacs plastiques, les capsules de café en aluminium ou les gourdes de compotes.

Investissement de 35 millions d’euros

La métropole bordelaise a, pour ce faire, investi 35 millions d’euros afin d’agrandir et adapter son usine de tri et d’incinération de Bègles, qui sera en mesure de traiter 30% de déchets supplémentaires – de 50000 à 65000 tonnes par an.

Vendredi dernier, une visite de presse a permis de présenter les nouvelles lignes où travailleront cinquante à soixante salariés de Veolia, l’entreprise délégataire. Si une grande partie du tri est automatisé – dont la récupération par aimants des déchets métalliques ou le nettoyage par pyrolyse du marc de café dans les capsules -, il leur appartiendra de séparer manuellement les sachets plastiques encore présents dans des boîtes en carton, ou des films enveloppant des barquettes en polystyrène.

« Quand le tri des déchets a commencé il y a trente ans, on a créé une exception dans la famille des plastiques, en ne visant d’abord que les bouteilles et les flacons, soit la moitié des déchets, explique Laure Poddevin, directrice régionale Sud-Ouest de Citeo (ex Eco-emballage), l’entreprise spécialisée dans le recyclage des emballages ménagers et des papiers. Cela a permis de créer des filières de recyclage. Mais on s’est aperçu qu’en créant des exceptions on créait du doute pour 80% des gens, et qu’il fallait corriger ça, d’autant plus que les plastiques sont un polluant majeur. »

Obligation légale

Bordeaux Métropole se plie au passage à une obligation légale, rappelle Laure Poddevin :

«La loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire) de 2020 demande que 100% des habitants puissent trier tous les emballages à l’horizon 2022. Aujourd’hui en France, 72% des emballages et 60% des papiers sont recyclés. Dans la métropole, on est aujourd’hui à 37700 tonnes d’emballages et de papiers collectés dans les bacs de tri, soit 47 kilos par an et par habitant. Dans les collectivités qui ont étendu les consignes de tri, on a augmenté cette quantité de 3 kilos. »

Au centre de tri de Bègles, Laure Poddevin, de Citeo, explique le fonctionnement des nouvelles lignes de tri de Veolia à Bègles Photo : SB/Rue89 Bordeaux

Chaque foyer de la métropole va recevoir un mémo et un autocollant à placer sur son bac de tri, qui seront ainsi étiquetés en jaune puis, lorsqu’ils devront être changés, remplacés par des poubelles jaunes, couleur associée au tri pour 90% des Français, et conforme au code adopté au niveau européen.

« Voir les déchets comme une ressource »

La mesure s’inscrit dans le nouveau plan déchet de Bordeaux Métropole, qui vise une réduction de la production de déchets de 15% par habitant d’ici 2030 et une valorisation matière de 65% pour 2035. Elle estime que 30% du contenu de la poubelle grise pourrait en effet être recyclé.

« Rappeler tout ce qui peut aller au tri rend celui-ci plus facile et permet d’augmenter les volumes collectés, souligne Patrick Labesse, vice-président de Bordeaux Métropole en charge du tri, de la collecte et de la valorisation des déchets. On est aujourd’hui au pied du mur, le changement climatique est là, on doit aller vers le développement de l’économie circulaire et voir les déchets comme une ressource, qu’ils puissent être recyclés en matière, fournir des pièces détachées, et enrichir les sols ou faire de la méthanisation pour les biodéchets. »

Pour traiter ces derniers, qui représentent le tiers de la poubelle noire, la loi impose aux collectivités locales françaises de proposer une solution à tous leurs habitants d’ici le 31 décembre 2023.

Développer les filières locales

Après avoir misé sur les composteurs individuels, disponibles uniquement dans l’habitat pavillonnaire et incité à la création de composteurs collectifs dans les quartiers, la Métropole va massivement déployer des points d’apports volontaires de biodéchets. Après avoir expérimenté des bornes à Mérignac, 2000 d’entre-elles seront proposées aux communes dans les mois à venir.  

Quant au traitement en aval de tous ces déchets, des filières commencent – timidement – à se mettre en place. Les films plastiques sont recyclés en sacs poubelles par deux usines en France, tandis que les pots de yaourts et les polystyrènes sont envoyés en Allemagne pour être transformés en cintres ou en boîtes de CD. Citeo a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour créer des filières plus locales.


#réduction des déchets

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