« C’est un projet qui interroge car il est peu présent dans nos paysages urbains, mais il répond à une préoccupation majeure » a reconnu Jean Touzeau, maire de Lormont et vice-président de la Métropole, lors d’une présentation à la presse du projet de téléphérique urbain, ce jeudi 1er décembre à Bordeaux.
Après Brest et Toulouse notamment, Bordeaux pourrait aussi se doter d’un transport par câble au-dessus de la Garonne à l’horizon 2028. Depuis le 28 novembre, les habitants de la métropole sont invités à donner leur avis dans le cadre d’une concertation publique (encadrée par la Commission nationale du débat public), et ce, jusqu’au 13 février 2023.
« Décongestionner Bordeaux »
Le coût du projet est estimé entre 55 et 75 millions d’euros. Des chiffres « raisonnables » selon le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, qui y voit une « attente des concitoyens » :
« J’en veux pour preuve le succès grandissant des navettes fluviales Bat3. Nous sommes tous d’accord pour dire qu’il faut décongestionner Bordeaux et lutter contre les embouteillages. Ça passe par le développement de la marche, du vélo et des transports en commun. Le projet de télécabines constitue une alternative supplémentaire. »
Survolant la Garonne à une hauteur de 70 mètres, les télécabines se veulent « 100% accessibles » pour les personnes à mobilité réduite, pour les vélos et les poussettes. Le temps de trajet est, lui, estimé entre 7 et 10 minutes. Chaque jour, les télécabines pourraient transporter de 9 000 à 18 000 personnes. Neuf tracés (visibles ci-dessous) sont soumis à la concertation. Ils relieraient Cenon ou Lormont à Bordeaux Maritime.
Selon le tracé retenu, la Métropole précise que les zones de survol « feront l’objet d’une attention particulière, qu’il s’agisse d’activités industrielles ou d’habitations ». Quant à la préservation de la biodiversité, et notamment le survol du parc Palmer, des études de conception détaillées du projet « devront s’attacher à limiter l’impact sur les espaces boisés et la biodiversité ».
« Nécessité » pour la rive droite
Jean-François Egron, maire de Cenon, défend l’importance de « combler le déficit important » que représente le franchissement de la Garonne pour les habitants de la rive droite :
« Sur la métropole, 70% de l’emploi se trouve sur la rive gauche. Les habitants sont obligés de franchir la Garonne, ce qui explique les problèmes de congestion et la surcharge de la rocade. Plus qu’un effet d’équilibrage sur le plan des transports, ce projet est une nécessité. »
Le réseau de télécabines doit desservir la Cité du Vin, le Rocher de Palmer, la Polyclinique Bordeaux Rive Droite, le Parc des coteaux et parc-relais de La Buttinière. Des correspondances avec les lignes A et B du tramway sont inscrites au projet.
L’exemple toulousain
Cinq réunions publiques sont prévues à l’aune de la concertation. Une première présentation du projet s’est tenue jeudi 1er décembre, à la Métropole. À cette occasion, Patrick Vial, chef de projet chez Tisséo, le réseau de transports en commun toulousain, a fait un retour d’expérience. Depuis mai 2022, la Ville rose est dotée d’un téléphérique de 3 kilomètres de long, baptisé « Téléo ». Ce dernier est le plus long téléphérique urbain jamais construit en France. Chaque cabine peut transporter 32 passagers :
« C’est un maillon complet dans la chaîne transport. Le temps d’attente entre chaque télécabine est de 1,30 mn. 8 000 voyageurs, chaque jour, utilisent ce mode transport. Pour limiter les appuis au sol et la construction de pylônes, nous avons opté pour un téléphérique urbain à trois câbles. Sur les 3 kilomètres, cinq pylônes ont été érigés. »
À Bordeaux, le « design » de cabines reste à définir. Les questions des habitants lors de la réunion ont concerné la maintenance et la disponibilité du transport par câble. À l’instar du tramway, une maintenance annuelle est nécessaire, de 7 à 10 jours, pendant lesquels les télécabines sont fermées au public. Quant aux risques d’interruption du trafic, ils peuvent être liés aux conditions météorologiques en cas d’orages ou de vents forts.
Pollution visuelle ?
Un bilan de la concertation doit être rendu au plus tard le 13 mars 2023. Si la Métropole décide de poursuivre le projet, des études de conception doivent être lancées entre 2023 et 2025. En 2026, aura lieu l’enquête d’utilité publique, avant un début des travaux en 2027 et une mise en service en 2028.
Récemment, en mai 2022, un projet similaire de télécabines à Lyon a été abandonné. En cause, la forte mobilisation de riverains de l’ouest lyonnais, qui craignaient notamment une pollution visuelle. À Bordeaux, ville classée au patrimoine mondiale de l’Unesco, les élus soutiennent que des télécabines peuvent s’adapter au paysage urbain, citant des villes telles que Porto ou Dubrovnik, dotées d’un téléphérique et elles aussi classées.
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