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Les bouchers dénoncent à la mairie de Bordeaux une « mauvaise publicité » écornant la viande

Une vingtaine d’artisans bouchers se sont donnés rendez-vous devant la mairie de Bordeaux à l’appel de leur syndicat girondin. Ils s’inquiètent de l’augmentation des couts de l’énergie et de la matière première et alertent Pierre Hurmic sur sa politique municipale, suspectée d’être trop pro-végétarienne.

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Les bouchers dénoncent à la mairie de Bordeaux une « mauvaise publicité » écornant la viande

« Même le papier qui nous sert à emballer les produits est passé de 35€ à 65€ le rouleau », s’inquiète Nathalie Coulon, bouchère à Cestas. Elle a rejoint une vingtaine de bouchers venus de toute la Gironde à l’appel du syndicat girondin de la boucherie, dont elle est la co-présidente, pour un rassemblement ce lundi matin devant la mairie de Bordeaux.

« Je suis en retard sur le paiement de mon loyer, déclare-t-elle. Je n’ai plus le moyen de payer le matériel et je n’ai plus de salaire depuis le mois de septembre dernier. Et là, j’attends avec angoisse la facture de l’électricité. »

La liste des problèmes est longue et ceux-ci relèvent tous d’une conjoncture nationale, voire internationale. Alors pourquoi interpeller le maire de Bordeaux ?

« Nous lui avons déjà écrit pour lui demander une rencontre et il n’a jamais répondu. Alors on est venus jusqu’à lui. Nous souhaitons l’alerter sur sa politique alimentaire, notamment sur l’introduction de menus végétariens dans les cantines. C’est un mauvaise publicité pour nous ! » poursuite la co-présidente.

Nathalie Coulon, co-présidente du syndicat girondin de la boucherie Photo : WS/Rue89 Bordeaux

Menus végés

Des représentants de la manifestation ont été reçus à la mairie par l’adjointe au maire chargée des commerces, des marchés et des animations de proximité, Sandrine Jacotot, en compagnie de Jean-Bernard Duboscq du cabinet du maire. « On n’est pas contre eux », insiste ce dernier :

« Nous ne faisons pas une mauvaise publicité puisque le problème n’est pas le manque de consommateurs, mais l’augmentation des coûts en général. Il est évident qu’on doit manger moins de viande mais nous n’avons jamais dit qu’il n’en faut pas du tout. Si des menus végétariens sont introduits dans les cantines, c’est aussi parce qu’on nous le demande. »

La loi EGalim de 2019 a en effet introduit l’obligation de proposer un menu végétarien hebdomadaire dans l’ensemble de la restauration scolaire. La mairie de Bordeaux, comme d’autres en France, ont souhaité aller plus loin en instaurant un deuxième repas hebdomadaire.

« Reçus et entendus »

Alerté sur les effets de telles politiques, l’Anses, l’autorité de la santé et de l’alimentation, a jugé en 2021 qu’il n’y avait pas à fixer de limite maximale au nombre de menus sans viande ni poisson, qui peuvent couvrir l’ensemble des besoins nutritionnels des enfants, à la condition d’être « équilibrés » de de mieux prendre en compte « l’intérêt des apports en légumineuses et en céréales complètes ».

Sans bannir la viande et la charcuterie de ses réceptions, alors que la mairie de Strasbourg a par exemple renoncé au foie gras, la municipalité bordelaise a instauré le 75/25 dans les menus proposés à ses invités – 75% de produits végétaux, 25% d’origine animale.

A l’issue de la rencontre avec les représentants de la Ville, les représentants des bouchers se sont dit satisfaits de la rencontre :

« Nous sommes tous des commerçants, il n’y a pas de défenseurs d’élevages intensifs ici, remarque Thomas Burgalières, de la boucherie du même nom installée au Bouscat. La mairie a un pouvoir de décision sur la politique à mener concernant ses petits commerces locaux. Nous avons été reçus et entendus et nous espérons une prise de conscience du maire pour faire remonter nos problèmes à la Métropole. »

1 boucher sur 2 pourrait disparaître

Si parmi les charges qui ont flambé, la matière première et l’énergie pèsent lourd, « on empile les problèmes depuis la crise Covid » souligne Angélique Patey, bouchère venue avec Bruno, son époux, d’Eyrans, au nord de la Gironde :

« Tout augmente depuis les confinements, précise-t-elle. On n’arrive pas à s’en remettre et, depuis septembre, on est à 20000€ de découvert. Nous avons quatre salariés dont moi, et mon mari est gérant. Il a du mal à se payer et mon salaire n’est jamais versé complètement. Nous sommes à -40% de chiffre d’affaires depuis la crise. Il faut que l’État comprenne que nous sommes pas ses vaches à lait. »

Nathalie Coulon ajoute au constat les incendies de cet été qui, en sud Gironde, « n’ont rien arrangé au commerce » :

« Avec mon mari, on a du mal à trouver un repreneur. Et comme on est proche de la retraite, on ne sait pas si on peut la prendre. »

Selon la co-présidente, 300 bouchers exercent en Gironde et, face à la situation, « un boucher sur deux pourrait fermer sa boutique d’ici le printemps ».


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