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30/04/2024 date de fin
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Dégradations en série sur une église et quatre mosquées dans la métropole de Bordeaux

Dans la nuit de dimanche à lundi, l’église du Sacré-cœur de Bordeaux a été la cible de tags non revendiqués. Vendredi dernier, puis le lendemain, c’est la mosquée de Pessac qui a été visée par des dégradations à nouveau signées du groupuscule d’extrême droite Action directe identitaire, après trois autres lieux de culte musulmans les jours précédents, à Talence et Bordeaux. La préfecture a annoncé l’ouverture d’enquêtes.

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Dégradations en série sur une église et quatre mosquées dans la métropole de Bordeaux

« Les voisins détestent l’église », « Brûle tout gratos », « L’Unef m’a radicalisé ». Voici quelques un des tags maladroitement inscrits au feutre dans la nuit de dimanche à lundi sur les murs et la porte de l’église du Sacré-Coeur à Bordeaux, sans revendication.

Un feu de détritus devant l’église a également dû être éteint par les pompiers appelés sur place, sans que l’église ne soit endommagée, a précisé le diocèse de Bordeaux dans un communiqué. Il affirme partager « l’émotion des fidèles catholiques et des habitants choqués par cet acte », et annonce que la paroisse a porté plainte contre X pour dégradation de bien.

Enquête ouverte

L’archevêché n’a pas souhaité faire davantage de commentaires. Cette église située près de la gare à Bordeaux est celle devant laquelle se réunissait le groupe Bordeaux Nationaliste, dissout récemment par la préfecture de la Gironde. Ce lundi, cette dernière a rapidement réagi contre ces « tags haineux ».

« Le préfet Étienne Guyot dénonce ces actes intolérables. Une enquête a été ouverte pour que les auteurs puissent être identifiés et traduits en justice. »

Un parfait copié-collé du tweet posté par le Préfet vendredi dernier, après cette fois-ci des tags sur tous les murs de la galerie et le sol devant la mosquée Al Farouk, à Pessac. Ceux-ci étaient eux clairement revendiqués par le groupuscule d’extrême droite Action directe identitaire, qui s’en prenait pour la deuxième fois en quelques mois à ce lieu de culte.

« Avec toujours les mêmes déclarations haineuses de revendication identitaire et suprémaciste, type « La France aux français » », indique Abdourahmane Ridouane, président de l’association « Rassemblement des musulmans de Pessac ». « En octobre, nous étions supposés comptables du meurtre de Lola, cette fois c’était de la mort d’Axelle, tuée dans un accident de la circulation à Lyon ».

La mosquée de Pessac trois fois visée

Le jour de ces dégradations, avant la prière du vendredi, « n’a pas été choisi au hasard », poursuit Abdourahmane Ridouane : « C’est assez anxiogène pour le public, on prie une arme sur la tempe ». Le responsable de la mosquée a porté plainte, et entend bien continuer à médiatiser chaque dégradation dont elle sera victime.

« Cela permet de mettre la pression aux auteurs, et de pousser la police à prendre la mesure de cette menace, à investiguer sans attendre qu’il y ait un passage à l’acte et un drame comme l’attaque contre la mosquée de Bayonne. Nous signalons ainsi que nous nous sentons en danger et que nous avons besoin de la protection de l’Etat pour éviter que le pire arrive. »

La mosquée Al Farouk à Pessac Photo : SB/Rue89 Bordeaux

Si le président de la mosquée de Pessac salue « la réaction très digne » du préfet Guyot vendredi, il révèle que le lieu de culte a de nouveau été dégradé le lendemain, dans la nuit de vendredi à samedi, « suite au communiqué de la préfecture » : « Leurs auteurs voulaient montrer leur impunité et qu’ils ne craignent pas les poursuites judiciaire ».  

Les tags évoquaient alors également les noms d’Olivier Escots, adjoint au maire de Bordeaux, et de Karfa Diallo, conseiller régional, « des personnalités politiques dénonçant les discriminations et sont dans la ligne de mire de l’extrême droite », souligne Abdourahmane Ridouane.

Tir groupé

Il sait la mosquée de Pessac dans le collimateur de l’extrême droite depuis la procédure de fermeture engagée l’an dernier par la préfecture, finalement déboutée en conseil d’Etat.

« Mais l’argument de la situation de confrontation avec les autorités n’est pas assez solide quand on voit les faits dans leur globalité. Il y eu un tir groupé avec quatre mosquées de la métropole taguées en une semaine : celle de Talence , la mosquée Nur-El-Mohamedi, rue des Menuts à Bordeaux, et l’extrême droite s’en est même pris à la mosquée Al-Houda du très républicain Tareq Obrou. C’est une action dirigée contre tous ceux que ces gens considèrent comme des adversaires de leur idéologie. »

Sur deux des mosquées était inscrit le slogan « le vivre ensemble tue », rapportait notamment France 3 Nouvelle-Aquitaine, avec la réaction de Tareq Obrou :

« Ces tags sont inadmissibles. Nous sommes dans une civilisation où il y a la culture de l’accueil, de l’altérité, de l’ouverture et on le sent de plus en plus : la société se crispe. »


#extrême droite

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