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Le groupuscule d’extrême-droite Bordeaux Nationaliste dissout par le gouvernement

L’annonce a été faite ce mercredi 1er février par Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur. À Bordeaux, le groupe est notamment soupçonné d’être à l’origine des violences survenues dans la nuit du 24 au 25 juin 2022 à Saint-Michel et d’avoir pris part aux heurts qui ont émaillé la Marche des fiertés.

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Le groupuscule d’extrême-droite Bordeaux Nationaliste dissout par le gouvernement

Un groupe qui promeut une « idéologie xénophobe, appelle à la haine et à la violence ». Ce mercredi 1er février le ministre de l’Intérieur a annoncé la dissolution du groupe Bordeaux Nationaliste. Une telle intervention de l’État contre ce groupuscule avait été demandée par des élus bordelais, à l’instar de Pierre Hurmic, à la suite des violences survenues à Saint-Michel en juin 2022.

Soutien affiché à des groupes d’ultradroite comme Génération identitaire ou l’Alvarium (aujourd’hui dissous), Bordeaux Nationaliste pourrait être impliqué dans les actes homophobes qui sont survenus lors de la Marche des fiertés en 2022. Des associations LGBTQI+, mais aussi la mairie de Bordeaux, avaient déposé plainte. Le procès, qui devait se tenir à l’automne dernier, a été renvoyé en avril 2023.

Stratégie de recrutement

Les membres du groupe, guidés par « deux leaders », sont accusés d’être impliqués de « manière récurrente dans des faits de violence en réunion et de dégradations ». La décret évoque ainsi le placement en garde-à-vue d’une dizaine de membres à la suite d’une altercation avec des militants antifascistes en juillet 2021 à Bordeaux.

Il est reproché aux militants du groupe de faire la promotion d’actes violents et de déployer une « stratégie de recrutement » sur les réseaux sociaux, revendiquant son « droit à l’autodéfense ». Le texte pointe, par ailleurs, le local du Menhir, lieu des « soirées de cohésion visant au renforcement des liens des ultra-nationalistes régionaux ».

Devant l’église du Sacré-Coeur à Bordeaux Photo : capture écran Télégram

Antisémitisme et négationnisme

Cette dissolution intervient à quelques jours de « l’hommage au morts du 6 février », en référence à une manifestation antigouvernementale organisée par des ligues nationalistes le 6 février 1934 aux abords de l’Assemblée nationale. En 2020, flambeaux et drapeaux floqués de croix celtiques en main, des militants de Bordeaux Nationaliste s’étaient rassemblés devant l’église du Sacré-cœur.

Dans son décret de dissolution, le ministère de l’Intérieur souligne la promotion de rassemblements à des « personnalités emblématiques de la collaboration », notant que le mois de février est « traditionnellement marqué par l’hommage aux morts des émeutes du 6 février 1934 et à Robert Brasillach ».

Auteur et journaliste français antisémite, membre de l’Action française, il a été fusillé pour intelligence avec l’ennemi le 6 février 1945. Le ministère de l’Intérieur conclut ainsi que « ce groupement promeut une idéologie xénophobe et témoigne de sa proximité avec des personnes ou des structures connues pour leur antisémitisme et négationnisme ».

Vigilance

Cette dissolution intervient dans un contexte de multiplication des actes racistes et xénophobes à Bordeaux et dans la métropole. L’université, la permanence d’un député, la mosquée de Pessac et les locaux de l’ASTI (association de soutien à tou.te.s les immigré.e.s) dans cette même commune et à Bordeaux ont notamment été tagués par un groupe d’extrême-droite signant Action directe identitaire.

Les mairies de Bordeaux et Pessac, propriétaires des locaux hébergeant l’ASTI, ont porté plainte. La décision du gouvernement concernant Bordeaux Nationaliste a, elle, été saluée par des élus des deux côtés de l’échiquier politique.

La Ville de Bordeaux a réagi à la suite de l’annonce, soulignant une « décision qui fait suite à plusieurs signalements » et un « acte de responsabilité » :

« Le maire appelle à maintenir la plus haute vigilance pour prévenir le regain d’actes haineux, racistes, antisémites, xénophobes, et lgbt-phobes. La Ville de Bordeaux continuera sa lutte face à tous les discours et actes de haine. »

Le référent du groupe Renaissance en Gironde, Aziz Skalli et Fabien Robert, président du groupe MoDem à la Région, ont, eux aussi, salué la décision du ministère de l’Intérieur.


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