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Un millier de manifestants réclament à Bordeaux la fin de l’injustice pour les « exclus du Ségur »

Représentant 180 organisations employant 30000 salariés en Nouvelle-Aquitaine, plus d’un millier de personnes ont manifesté ce mercredi à Bordeaux pour réclamer une revalorisation salariale de tous les métiers du secteur médico-social.

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Un millier de manifestants réclament à Bordeaux la fin de l’injustice pour les « exclus du Ségur »

« Vous avez besoin de nous, nous avons besoin de sous », « Métiers formidables, salaires déplorables », « Pas de Ségur, pas de futur »… Moins d’un mois après la dernière manifestation qui avait réuni plus de 2000 personnes à Bordeaux, les pancartes étaient à nouveau de sortie ce mercredi 26 avril pour une marche entre le parvis des Droits de l’Homme et la préfecture de la Gironde.

Plus d’un millier de salariés et dirigeants du secteur médico-social, ainsi que des associations de familles, voulaient cette fois profiter de la Conférence nationale du handicap, clôturée par Emmanuel Macron, pour faire entendre leur revendication.

183€ de plus

Depuis deux ans et le début de leur mouvement réclamant un « Ségur pour tous », c’est-à-dire une revalorisation des salaires suite à la crise sanitaire qui ne soit pas cantonnée à l’hôpital, leur demande est inchangée : une augmentation des salaires de 183€ net/mois pour tous les métiers, et toutes les structures.

« Les fonctionnaires et les salariés du privé ont bénéficié d’une revalorisation, mais pas le secteur non lucratif, ce qui en dit long sur le modèle social souhaité« , lâche Julien Bernet, directeur général pour la Gironde de l’association Hapogys, spécialisée dans l’accompagnement des personnes en situation de paralysie. « Mais ce qui nous réunit aujourd’hui, c’est que si les aide-soignants ont eut droit au Ségur, 30% de nos salariés – administratifs, cuisiniers, chauffeurs, etc. – n’ont pas été revalorisés. »

Les salariés du secteur s’occupent de 150000 personnes en Nouvelle-Aquitaine Photo : SB/Rue89 Bordeaux

A l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine et des 180 organisations réunies dans ce collectif, qui emploient 30000 personnes, cette revendication concerne donc environ 10000 salariés.

« On était considérés comme essentiels pendant la Covid, on l’est moins depuis », soupire Véronique, 47 ans, qui gagne 1380€ après 7 ans d’activité à l’IRSA, association bordelaise spécialisée dans l’accompagnement des personnes concernées par un handicap visuel et/ou auditif.

« Prendre soin de ceux qui prennent soin »

Sa collègue Stéphanie, 33 ans, gagnait elle moins que le SMIC, et n’a récemment obtenu une (petite) augmentation qu’après avoir menacé de démissionner de son poste de comptable dans l’association.

« On s’occupe aussi d’aider les jeunes à faire leur budget, sans nous on ne pourrait pas les accueillir. Cela nous semble donc injuste de ne pas être augmentés au même titre que les aide-soignants. Avec le coût de la vie qui augmente, je suis tout le temps en train de faire attention. »

La manifestation est partie du Parvis des Droits de l’Homme Photo : SB/Rue89 Bordeaux

Pour Ivan, qui s’occupe de la prévention des risques au travail chez Rénovation, une association de 800 salariés qui accompagne des personnes en difficultés sociales et psychiques, cela pose un « problème de reconnaissance du travail de personnes elles aussi confrontées à la souffrance ».

« Un chauffeur, par exemple, passe plus de 5 heures par jour avec des jeunes, va les chercher à leur domicile où il peut être le témoin de relations difficiles au sein des familles. Puis il doit être doublement vigilant, sur sa conduite bien sûr mais aussi sur les personnes qu’il accompagne. C’est pourquoi il faut les valoriser, et prendre soin de ceux qui prennent soin. »

Des postes désertés

Une position que soutient pleinement Polycap33, une association de familles de bénéficiaires – ceux-ci sont 150000 dans les 180 structures régionales mobilisées.

« Ces professions sont sous-payées, estime Céline Lebel-Lacrouts, mère d’une jeune fille polyhandicapée. Cet accompagnement low cost fait que plus personne ne veut travailler dans certains métiers, notamment l’aide aux adultes handicapés [ 40% des postes seraient non pourvus dans certains foyers d’accueil médicalisés, NDLR]. Dans l’unité où vit ma fille, il n’y a que 2 titulaires pour 4 postes d’intérimaires. Ils tournent sans arrêt, et ne savent pas toujours ce que c’est une arthrodèse, une opération qu’on subi certains des 10 jeunes de l’unité, et qui nécessite une manipulation particulière. »

Le manque de personnels est accru par la concurrence avec le secteur de la santé, revalorisé suite au Ségur. « On fait à nos salariés des propositions de poste à 600€ de plus par mois, revaloriser la grille de 183€ serait un minimum pour éviter l’hémorragie », plaide Julien Bernet. Il ne se dit pas optimiste sur les chances d’obtenir rapidement une telle augmentation, conditionnée par le gouvernement à la création d’une convention collective unique étendue.


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