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Mort de Nahel : toute la métropole de Bordeaux touchée par les émeutes

Cinq mairies de la rive droite (Ambarès-et-Lagrave, Bassens, Cenon, Floirac, Lormont) décrètent un couvre-feu entre 22h et 6h tout le week-end. Les cortèges, défilés et rassemblements non-déclarés sont interdits par la Préfecture jusqu’au dimanche 2 juillet minuit sur certaines voies et espaces publics à Bordeaux. Le rassemblement prévu place de la Bourse ce vendredi à 20h a tout de même eu lieu. 300 personnes y ont participé avant d’entamer une manifestation sauvage dans le centre-ville.

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Mort de Nahel : toute la métropole de Bordeaux touchée par les émeutes

Nuit de révolte au centre-ville

Un rassemblement non déclaré s’est tenu place de la Bourse en hommage à Nahel. La colère s’est ensuite exprimée dans les rues par une manifestation sauvage, dispersée en fin de soirée par la police. Reportage.

Echanges tendus entre élu.es

Des mesures de restrictions décrétées par le préfet de la Gironde

La préfecture de la Gironde annonce qu’un arrêté interdit à titre temporaire sur l’ensemble du département le transport, la détention et l’utilisation sur la voie publique (ou en direction de celle-ci) d’artifices de divertissement, notamment les mortiers utilisés ces derniers jours. L’interdiction vise aussi le carburants, d’acides et de tous produits inflammables ou chimiques, ainsi que le port et le transport d’armes, de munitions et d’objets pouvant constituer une arme.

Ces mesures s’appliquent à partir de ce vendredi, depuis 18h, jusqu’à lundi, 4h.

Par ailleurs le préfet Etienne Guyot « interdit à compter d’aujourd’hui les cortèges, défilés et rassemblements non-déclarés à Bordeaux jusqu’au dimanche 2 juillet 2023 à 00h00 sur certaines voies et espaces publics du centre-ville ». Cela concerne donc la manifestation contre les violences policières qui était annoncée ce vendredi à Bordeaux.

La préfecture demande enfin « à tous les maires de la Gironde de prendre les mesures préventives adaptées (police municipale, fermeture des locaux ou encore astreinte technique) pour sécuriser les bâtiments et biens publics et à diffuser largement auprès de la population les consignes de mise à l’abri des conteneurs d’ordures ménagères ainsi que des matériels et engins de chantier ».

Couvre-feu ce week-end dans cinq communes de la rive droite

« Suite aux affrontements et dégradations subies depuis deux nuits sur nos communes et aux alertes des services de sécurité, les maires de Floirac, Cenon, Lormont, Bassens et Ambarès-et-Lagrave ont décidé la mise en place d’un couvre-feu de 22h à 6h du matin pour les nuits de vendredi, samedi et dimanche », indiquent ces communes de la rive droite dans un communiqué.

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Par conséquent, précisent-elles, il sera interdit de circuler dans les cinq communes entre 22h et 6h du matin, à l’exception des déplacements indispensables : fonctionnement des services publics, entre le domicile et le lieu d’activité professionnelle et pour motifs professionnels, pour des motifs de santé et pour des motifs familiaux impérieux (assistance aux personnes vulnérables, garde d’enfants…).

« Il s’agit pour les cinq maires d’une décision de raison, difficile mais nécessaire, face aux difficultés des autorités nationales à ramener le calme », souligne le communiqué.

Des tirs à balles réelles à Bordeaux ?

Une vidéo circule sur les réseaux sociaux montrant un policier avec un fusil dans une rue, le post affirmant qu’il s’agit de tirs à balles réelles. Rue89 Bordeaux a vérifié.

Mort de Nahel : les forces de l’ordre ont-elles tiré à balles réelles contre les émeutiers à Bordeaux ?

À la Benauge, mairie et préfecture renouvellent leur soutien aux commerçants

Pierre Hurmic, Étienne Guyot et Françoise Frémy devant le centre commercial de la Benauge incendié Photo : GH/Rue89 Bordeaux

Le préfet de la Gironde, Etienne Guyot, et le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, se sont rendus dans le quartier de la Benauge ce midi, pour apporter leur soutien aux commerçants victimes de dégradations. Parmi les dégâts, une devanture du magasin Auchan brûlée dans la nuit de mercredi à jeudi. Kamel, le directeur du magasin, a exprimé sa gratitude en réaction à cette visite. « On a besoin de soutien », souligne-t-il.

Lassé des incidents de vols, d’incivilités, et plus rarement de violences, il dénonce « une minorité qui nous bouffe la vie ». Pierre Hurmic et Etienne Guyot ont tous deux exprimé leur incompréhension de voir des commerces et institutions de quartier attaqués :

« Il y a une colère, mais elle est mal dirigée. La violence n’est jamais un mode d’expression acceptable. C’est un peu se tirer une balle dans le pied, parce que ce sont les services au public de proximité qui sont les premières victimes, les mairies de quartier, les commerces de proximité… », se désole Pierre Hurmic

« Faire revenir tout le monde à la raison »

Le préfet renchérit et évoque « des équipements collectifs indispensables à la vie des habitants, que ça soit des petits magasins comme le vôtre, ou des services publics. C’est pour ça qu’il faut aussi essayer de comprendre et faire revenir tout le monde à la raison ».

A deux pas du Auchan, la boutique Toute la presse compte aussi des dommages importants selon Lauriane, employée. Après une entrée par effraction, également dans la nuit de mercredi à jeudi, plusieurs individus auraient dévalisé la boutique autour de 2h30 du matin. Les cambrioleurs auraient volé pour plus de 3000€ de tickets actifs Française des jeux, auxquels s’ajoutent environ 600€ de tickets TBM, 300€ de fonds de caisse, et des sommes non évaluées de colis et stocks de boissons. Lauriane avoue ne pas comprendre cette hostilité envers « les petits commerçants » comme elle, qui n’ont « pas les moyens » de payer les pots cassés.

La Préfecture appelle « au calme » et à « la raison », tandis que Pierre Hurmic se dit « inquiet de voir l’embrasement dans certains quartiers ». « J’espère que les choses vont rentrer dans l’ordre le plus rapidement possible », conclue-t-il avant de repartir direction Bacalan pour une nouvelle visite de quartier.

Une troisième nuit consécutive de casse à Lormont

Épicentre des émeutes à Lormont depuis trois jours, Génicart a été à nouveau agité par les violences dans la nuit de jeudi à vendredi. C’est cette fois le centre commercial du quartier, proche de l’Espace citoyen incendié la veille, qui a été la cible de vandalisme, selon Sud Ouest :

« Un laboratoire d’analyses médicales, un bureau de tabac-presse, un restaurant et un magasin dédié au numérique ne sont plus que ruines et matériaux calcinés, rapportent nos confrères. Le supermarché Aldi n’a pu ouvrir ses portes » à cause des fumées.

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Une dizaine de personnes cagoulées ont notamment pillé puis mis le feu au tabac-presse de Cyrille Bombillon, qui selon le quotidien, n’a pas réussi à joindre les pompiers et la police. L’incendie s’est ensuite propagé aux autres commerces. Les soldats du feu qui ont fini par intervenir ont été caillassés.

Annulation du festival Eysines Goes Soul

Sur les recommandations du préfet de la Gironde, la Ville d’Eysines a annoncé ce vendredi l’annulation de la 19e édition du Festival Eysines Goes Soul qui devait se tenir ce soir, sur le Domaine du Pinsan. La « possibilité d’un report » est étudiée par la mairie.

La circulation du réseau TBM totalement arrêtée à 21h ce vendredi soir

Ce n’est pas encore un couvre-feu mais cela s’en rapproche. Le trafic des trams et bus de Bordeaux Métropole sera interrompu sur son réseau ce vendredi à partir de 21h, « suite aux recommandations de la Préfecture après les évènements de ces dernières nuits », annonce TBM. « Les derniers départs des trams et bus vous seront communiqués dans la journée ».

Toutes les informations sur le site TBM

Après de lourdes dégradations à Pessac, son maire appelle à un rassemblement contre la violence

A Pessac, la mairie fait état dans un communiqué « d’importants dégâts dans les quartiers d’Arago La Châtaigneraie, de Saige et du Haut-Livrac », où s’est rendu Franck Raynal, maire de la commune, « pour constater l’étendue des destructions » visant des infrastructures de service public ou des commerces de proximité.

« Le poste de la police municipale à Arago a été incendié, ainsi que la boutique d’un opticien dans le même secteur, indique la mairie. A Saige, la moitié du centre commercial est calciné, et avec lui la plateforme “France services”, tandis que dans le voisinage immédiat, la plupart des commerces ont subi des dégradations importantes. Enfin, dans le quartier du Haut-Livrac, c’est un engin de chantier qui a été détruit par les flammes, et la devanture d’un tabac-presse a été éventrée. »

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Le maire de Pessac affirme comprendre « l’émotion de la jeunesse » suscitée par la mort du jeune Nahel. « Mais rien ne justifie », selon lui, « que des émeutiers très jeunes, souvent mineurs, détruisent le lieu de vie de leurs familles, des services publics et des commerces qui maintiennent le lien avec la population ».

Rassemblement pacifique à 20h

Franck Raynal invite les familles à se réunir à 20h devant les centres commerciaux de Saige, d’Arago et du Haut-Livrac pour un rassemblement pacifique :

« Face à un tel niveau de violence, la répression ne peut pas être l’unique solution. On ne peut pas combattre autrement que par la responsabilisation, c’est pourquoi il ne faut pas céder à la peur et occuper l’espace public pour manifester notre refus de la violence. »

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« Dans les quartiers concernés (quartiers prioritaires), ainsi qu’en centre-ville, la municipalité maintiendra également l’éclairage public toute la nuit, et recommande aux riverains de ne pas laisser leurs poubelles dans la rue », conclut le communiqué municipal.

La mairie du Grand Parc vandalisée, notre reportage en images

Annulation des concerts du festival des Hauts de Garonne à Lormont et Floirac

« Les villes de Floirac et Lormont ont pris la décision, compréhensible, d’annuler les concerts prévus ce soir (vendredi) et demain (samedi), et ce dans un contexte de vives tensions sur la rive droite », a annoncé dans un communiqué Patrick Duval, directeur du Rocher de Palmer et organisateur du Festival des Hauts de Garonne.

« Nous n’avons pas non plus vraiment le cœur à faire la fête », ajoute ce dernier. Il souligne que « la mort de Nahel, 17 ans, tué lors d’un contrôle de police, a suscité une indignation légitime, et une colère qui s’exprime depuis ces dernières soirées principalement au cœur des quartiers populaires ».

Patrick Duval rappelle que le Festival des Hauts de Garonne, qui aurait dû fêter sa 30e édition, « est né en 1993, sur la rive droite de Bordeaux, pour changer l’image des quartiers, et apporter une diversité culturelle représentative de la diversité de cette rive droite ».

Les artistes programmés ces 30 juin et 1er juillet sur le festival (René Lacaille, Pamela Badjogo, Widad Mjama et le projet « de Kaboul à Bamako »), figureront dans les programmations dans et hors les murs du Rocher de Palmer, au cours des prochains mois, assure la salle de spectacle de Cenon.

D’importantes dégradations à Mérignac

La deuxième ville du département a été la scène de violences urbaines, « à l’instar de trop nombreuses villes de France », particulièrement en centre-ville, indique la mairie de Mérignac dans un communiqué.

La salle de spectacles du Pin Galant a été ciblée, avec « des bris de vitres, du vol de matériel informatique, des dégradations de mobilier ainsi qu’un départ d’incendie dans l’un des sas d’entrée ». Tout comme la Maison des associations, où du matériel a été volé.

« Deux véhicules ont été incendiés aux abords de ces équipements et plusieurs barricades érigées pour contraindre l’intervention des forces de l’ordre », précise la municipalité.

« Aucune violence n’est acceptable »

Elle indique que les services municipaux et métropolitains sont intervenus dès cette nuit pour mettre en sécurité les bâtiments et nettoyer les avenues Dorgelès et de Lattre-de-Tassigny.

« Aucune violence, aucune dégradation de biens privés ou publics n’est acceptable, a déclaré Alain Anziani, maire de Mérignac et président de Bordeaux Métropole. La mort tragique du jeune Nahel à Nanterre fait l’objet d’une instruction. Le policier mis en cause a été placé en détention provisoire. Nous devons laisser la Justice suivre son cours avec confiance et sérénité. L’émotion légitime suscitée par ce drame ne peut justifier les dégradations et les saccages de services publics qui servent avant tout les habitants les moins favorisés. »

Pour Alain Anziani, « ces évènements sont significatifs du mal être et du sentiment d’exclusion d’une partie de notre jeunesse. Cela doit nous interroger collectivement, responsables politiques locaux comme nationaux ».

13 interpellations dans la nuit de jeudi à vendredi

Dans un communiqué publié dans la matinée, la préfecture de la Gironde dresse le bilan de la nuit de jeudi à vendredi. « Aucun blessé ne semble à déplorer » constate t-elle. Les forces de l’ordre ont procédé à 13 interpellations.

« Le bilan matériel de la nuit fait état à ce stade d’une cinquantaine de feux sur la voie publique, de  véhicules incendiés, et de bâtiments dégradés ou ayant fait l’objet de tentatives de dégradation.
En zone Police : le centre des impôts et une banque à Cenon, la façade du bâtiment de la police municipale de la Châtaigneraie à Pessac, la mairie de quartier du Grand Parc à Bordeaux et un collège au Haillan.
En zone Gendarmerie : l’école Bel-Air et le collège Claude-Massé à Ambarès-et-Lagrave, plusieurs véhicules brûlés à Sainte-Foy-la-Grande et des tirs de mortier sur la mairie de Podensac. »

À Bordeaux, dans le quartier de la Benauge, une « femme chauffeur de bus a ainsi été extraite de son véhicule qui a fait ensuite l’objet d’une tentative d’incendie ». Des commerces ont également été dégradés et pillés dans la métropole.

Bonjour et soyez les bienvenu.es dans ce fil d’infos consacré aux réactions suite à la mort de Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, dans la région parisienne. La nuit de jeudi à vendredi a une nouvelle fois été le théâtre de nombreuses émeutes à Bordeaux, comme dans toutes les grandes métropoles de France.

Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, a prévu de se déplacer ce vendredi dans plusieurs quartiers de la ville touchés par des dégradations. Il est à 11h30 au Grand Parc, devant la mairie de quartier incendiée cette nuit. A 12h15, il se rendra à La Benauge, où le centre commercial a également été incendié, ensuite à 13h dans le secteur Médoquine.


#Violences policières

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