Il jouait du piano pendu, c’est peut-être un détail pour vous, mais pour Alain Roche ça veut dire beaucoup. Le concert du compositeur suisse sera à n’en pas douter l’un des points d’orgue, dès son week-end inaugural, du Festival international des arts de Bordeaux, le 30 septembre (22h) et le 1er octobre (19h30) rue Charles-Chaigneau, dans le quartier Brazza.
« Chantier, piano vertical » a été composé à partir de captation des sons des travaux sur ce quartier en cours de construction. Et le musicien, passionné de montagne et de verticalité exécutera son récital suspendu par une grue avec son piano à queue à 50 mètres de haut. Ce show vertigineux illustre quelques traits caractéristiques de la 8e édition du FAB.
Promenons nous dans les bois
D’abord, donc, la performance sera gratuite et en plein air, comme 80% des 41 spectacles du festival, qui se déroule jusqu’au 15 octobre dans 39 lieux de la métropole. A commencer par le lancement du festival avec Moonburn, lever de lune géante de la Fondation Barstow, hommage au port de la Lune.
Certaines performances seront couplées à Ma rue respire, week-end d’animations culturelles dans l’espace public à Bordeaux, lors des journées sans voiture.
Parmi ces rendez-vous, citons LOStheUltramar, déambulation étrange d’un cortège de 10 personnages, par la compagnie mexicaine Foco alAire ; « Gadoue », de la compagnie annoncée comme une tentative hilarante de jonglage en complet-veston dans la boue ; ou encore la sixième édition de Panique olympique, chorégraphie participative bien connue des amateurs du FAB.
Des artistes inciteront le public à se promener en forêt, comme les acrobates néerlandais de Klub Girko (« Human Time Tree Time »), la compagnie néo-aquitaine Pris dans les phares (« Troisième fougère à droite »), une des locales de l’étape avec les circassiens de Bivouac (« Fragments »), de Crazy R (Drop, en référence à la coupe du monde de rugby) ou Jérôme Galan(« Nartiste »).
La Suisse en force
Par ailleurs, à l’instar de « Chantier », 13 spectacles sont proposés dans le cadre d’un partenariat avec le Centre Culturel Suisse de Paris. Fermé jusqu’en 2024, ce dernier a entamé un tour de France pour présenter au public un échantillon de la scène nationale, très créative.
Les festivaliers pourront en juger avec Alponom, un ensemble de joueurs de cors des Alpes, qui mixent morceaux traditionnels et compositions contemporaines – on pourra les entendre notamment avant le match Fidji-Géorgie sur le parvis du stade Matmut.
« La Bibliothèque sonore des femmes », installée à Mériadeck par Julie Gilbert, permettra de décrocher un combiné pour entendre des récits sur des écrivaines emblématiques ou méconnues, lus par des comédiennes. « L’Âge d’or », par K7 Productions, est quant à lui un tour-opérateur, avec casques audios et bobs de rigueurs, dans les rayons d’un hypermarché bordelais, pour découvrir l’histoire et les dessous de ces temples de la consommation, « symbole d’une époque en voie d’extinction ».
Grâce à « X minutes » ou « Phèdre ! », précédemment programmés au FAB, les Bordelais connaissaient bien la 2b Company de François Grémaud, le génial comédien, auteur et metteur en scène de Lausanne. Elle propose deux nouvelles adaptations à la fois fidèles et fantasques, de « Carmen », avec la chanteuse et actrice Rosemary Standley, et de « Giselle », interprétée par la danseuse Samantha van Wissen à La Manufacture.
Parkour et loghorrées
La horde dans les pavés, un collectif suisse d’intervention acrobatique, invitera le public à le suivre dans « une chorégraphie aux frontières de la danse, du cirque et du parkour », à Mériadeck, aux Terres Neuves et Saint-Médard.
D’autres helvètes bien déjantés devraient aussi réjouir les spectateurs girondins : le Collectif Ouinch Ouinch, offrira une « déambulation écologiste chorale » à la découverte de la Cachalotte, aux bords de la Garonne, mais aussi une session de Hype Call sur l’esplanade Charles de Gaulle, plus la Faboum.
L’écologie sera aussi le fil rouge de « Palm Park Ruins » et « Niagara 3000 », « seule en scène » de Pamina de Coulon, autrice et performeuse « spécialiste en presque rien sur presque tout », adepte de la logorrhée érudite et engagée.
Ce sera l’un des (trop ?) rares spectacles en salle, avec notamment ce qui est présenté comme la tête d’affiche du FAB après son succès à Avignon, « Exit above », de la chorégraphe belge Anna Teresa de Keersmaeker, une marche collective aux racines du blues.
Il y aura aussi l’alléchant « Hiboux », ou comment revisiter la cérémonie funéraire par la compagnie Les 3 points de suspension, déjà passés par le FAB pour l’inénarrable « Looking for paradise ». Et un focus sur la Palestine, avec trois spectacles, dont « And here I am », un seul en scène autobographique sur l’exil et les luttes d’Ahmed Tomasi, du Freedom Theater. Ce théâtre de Jénine a été récemment bombardé par l’armée israelienne, et un appel aux dons a été lancé pour sa reconstruction.
Programme complet et réservations sur le site du FAB
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