La manifestation, déclarée à la préfecture par l’UNI, un syndicat étudiant d’extrême droite, devait se tenir ce vendredi 1er décembre à 20h place de la Bourse.
« Le groupuscule d’ultra-droite La Bastide bordelaise souhaitant se rassembler au même lieu et au même horaire, le risque de réaction violente des groupes antagonistes de l’ultra-gauche girondine est hautement probable », justifie la préfecture dans un communiqué ce jeudi 30 novembre.
Elle précise que les affrontements entre ces mouvances « sont réguliers et occasionnent des blessés dans les deux groupes. » Offensive antifasciste Bordeaux (OAB) avait en effet annoncé sur X (ex-Twitter) un contre-rassemblement, dénonçant « la récupération par l’extrême droite du meurtre de Thomas », qui devait avoir lieu le vendredi à 19 heures, non loin la Bourse.
La crainte de débordements
« Compte tenu de ces éléments, et considérant que le rassemblement déclaré est susceptible d’attirer plusieurs centaines de personnes, il ne paraît pas possible de garantir un cortège apaisé, et l’absence de débordements. »
La préfecture a pris un autre arrêté interdisant « les cortèges, défilés, et rassemblements non déclarés le vendredi 1er décembre de 18h à minuit » dans l’hyper centre de Bordeaux « afin d’éviter tout affrontement ».
Elle souligne que ce rassemblement pour Thomas « intervient dans le contexte actuel du rehaussement au niveau maximal de Vigipirate, et des violences commises lors des manifestations organisées par des militants de l’ultra-droite à Romans-sur-Isère et à Lyon ».
Quelque 80 membres de groupuscules néo-nazis venus de toute la France s’étaient donné rendez-vous pour effectuer une descente dans un quartier populaire de Romans-sur-Isère, accusant les agresseurs de Thomas d’en être originaire.
Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, a salué la décision du préfet, soulignant que les « idées violentes et délictuelles » de la Bastide bordelaise « ne sont pas compatibles avec le débat républicain et apaisé que nous souhaitons à Bordeaux. »
Une quarantaine d’actions de l’extrême droite en un an
Plusieurs syndicats, associations et partis politiques de la gauche bordelaise avait également appelé la population à la vigilance, et les autorités publiques « à prendre toutes les mesures nécessaires à la protection des personnes qui pourraient se trouver sur le passage de ce cortège ».
« Nous devons toutes et tous nous alarmer de ces rassemblements qui n’ont d’autres objectifs que de diffuser et de mettre en oeuvre les thèses racistes de ces groupuscules fantasmant une guerre civile dont ils sont les principaux instigateurs », écrivent les organisations.
Elles rappellent qu’à Bordeaux, « plusieurs descentes violentes, expéditions punitives et racistes par des groupes d’extrême droite, ont eu lieu depuis l’année dernière », et que « de nombreux locaux associatifs, syndicaux et de permanence d’élus ainsi que des mosquées ont été dégradés avec diverses signatures marquant l’appartenance à des groupuscules d’extrême droite » soit une quarantaine d’actes recensés depuis septembre 2022.
La Bastide bordelaise indique sur X qu’un référé liberté allait être déposé. L’UNI indique en revanche qu’elle se plie à cette décision des autorités et « invite les participants initiaux à tenir ce même respect ».
De son côté, la préfecture prévient que « toute infraction à cet arrêté sera réprimée et punie de six mois d’emprisonnement et de 7500 euros d’amende ». L’utilisation d’un drone par la police nationale a été autorisée pour assurer le respect de cette interdiction.
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