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Ana-Maria, Shenaya, Mahamadou : que sont devenus ces migrants menacés d’expulsion

Ce 18 décembre est la journée internationale des migrants. L’occasion de revenir sur trois cas de jeunes qui ont reçu en 2023 une obligation de quitter le territoire français malgré leurs efforts d’intégration. Après de fortes mobilisations, certains ont vu leurs situations régularisées, d’autres restent dans l’attente du réexamen de leur dossier avec la crainte d’une expulsion.

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Ana-Maria, Shenaya, Mahamadou : que sont devenus ces migrants menacés d’expulsion
Mobilisation au lycée Magendie pour Shenaya Fernando Onel et Ana-Maria Baciu le jeudi 5 octobre

Il y a quelques semaines encore, leur avenir était incertain. Des obligations de quitter le territoire français planaient comme des épées de Damoclès. Ana-Maria Baciu, Shenaya Fernando Onel, et Mahamadou Doucouré, jeunes migrants dans la région bordelaise, étaient désemparés face aux décisions de la Préfecture de la Gironde de leur refuser les titres de séjour.

Pour tous, les mobilisations de leurs soutiens, amis, enseignants ou employeurs, se sont multipliées. Pour certains, celles-ci ont fini par payer. Pour d’autres, l’attente devient longue.

Un titre pour se soigner

La bonne nouvelle est tombée mi-novembre pour Ana-Maria Baciu, venue de Moldavie en 2019 pour être soignée d’une tumeur cancéreuse au cerveau en France, accompagnée de sa mère Aurélia Pospecu. Une obligation de quitter le territoire (OQTF) était signifiée pour la deuxième, suite au rejet d’une demande d’asile et d’un tire de séjour.

Parallèlement, Ana-Maria Baciu, ayant atteint l’âge de 18 ans, avait déposé une « demande étranger malade et une demande de régularisation au titre de l’admission exceptionnelle au séjour ». Après l’instruction de ces deux dossiers, l’octroi d’un titre de séjour vie privée et familiale a été prononcé.

Ana-Maria Baciu, 18 ans, scolarisée à Magendie Photo : VB/Rue89 Bordeaux

« Une nouvelle vie »

Hébergées par le Diaconat temporairement jusqu’à cette décision, Ana-Maria et sa mère aspirent désormais à un hébergement stable et « un vie normale ». « Je souhaite étudier les sciences politiques et les relations internationales » avait-elle confié lors d’une mobilisation de soutien.

« C’est une jeune fille pleine de volonté. Elle a appris le français à l’hôpital rien que pour comprendre ce qui se dit sur son cas. Elle sort d’une expérience traumatisante et elle est rassurée à l’idée de vivre en France, d’apprendre et d’envisager un avenir », ajoute Sandrine Nebout, sa professeure de français à l’unité pédagogique pour élèves allophones arrivants (UPE2A) à Magendie.

Si Ana-Maria espère « une nouvelle vie » en affirmant « se projeter ici », son titre de séjour doit cependant être renouvelé chaque année.

Un titre pour travailler

Pour Mahamadou Doucouré, la bonne nouvelle est venue de la cour administrative d’appel de Bordeaux fin novembre dernier. La justice annule un arrêté de la préfecture de la Gironde, qui avait décidé d’une OQTF pour ce jeune Malien, et demande à celle-ci de lui délivrer une carte de séjour temporaire vie privée et familiale.

Le soutien de son employeur, Isabelle Tanné, dirigeante de la société Di.V.I.N à Eysines, a payé. Elle l’avait pris sous son aile, après qu’il ait décroché un CAP opérateur logistique, avec un contrat apprentissage dans son entreprise spécialisée dans la distribution d’équipements vinicoles et industriels.

Motivé

Arrivé en Europe en 2019, à l’âge de 15 ans, Mahamadou Doucouré a été reconnu mineur et confié à l’Aide sociale à l’enfance de la Gironde, dans le cadre d’une ordonnance de placement provisoire du 22 mars 2019. La Maison d’enfants à caractère social (MECS) Saint-Ferdinand l’avait accompagné.

À 18 ans, le jeune homme entame des démarches auprès de la préfecture pour obtenir la délivrance d’un titre de séjour. Il est surtout motivé pour décrocher un diplôme professionnel de niveau bac, avec un nouveau contrat d’apprentissage à la société d’Isabelle Tanné.

En juillet 2022, la préfecture rejette sa demande et ordonne une OQTF mettant en cause l’authenticité des documents d’état civil joints au dossier. Son contrat de travail est suspendu et la bataille commence pour éviter son expulsion avec une pétition qui a recueilli 26 000 signatures.

Toujours sans réponse, « une torture »

La chance n’a pas encore souri à Shenaya Fernando Onel. Cette jeune lycéenne, elle aussi à Magendie, arrivée du Sri Lanka en 2019, a reçu une OQTF de la préfecture de la Gironde dès ses 18 ans.

Après une forte mobilisation et la médiatisation de son cas, le préfet Etienne Guyot s’est dit prêt à étudier son dossier. L’avocat de la jeune srilankaise, Uldrif Astié, a ainsi déposé une demande de recours gracieux. Toujours sans réponse de la préfecture, malgré une relance le 15 novembre, la femme jeune « croise les doigts » dans « l’espoir d’une réponse positive ».

« Si l’attente est dure psychologiquement, l’absence de réponse est une torture », avance Sandrine Nebout.

« Qu’est ce qu’une lycéenne doit faire de plus ? » Photo : WS/Rue89 Bordeaux

35000 signatures pour une pétition

Shenaya Fernando Onel est arrivée en France, en décembre 2019, à l’âge de 14 ans, avec ses parents. Après une demande d’asile politique déposée par son père pour toute la famille, ils sont transférés à Bordeaux.

Déboutée de sa demande, la famille a multiplié les recours, notamment auprès de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). D’échec en échec, ils ont persévéré, déterminés à faire preuve d’intégration. Le père a même décroché un contrat en CDI pour un poste d’aide-cuisinier dans une société de restauration collective. Il a ainsi obtenu une location à sa charge à Bègles.

A ses 18 ans, Shenaya Fernando Onel a repris son dossier administratif à zéro tout en faisant preuve d’intégration : elle obtient 15/20 à l’oral du bac français. Depuis la réception de l’OQTF, les mobilisations se multiplient dans son lycée et une pétition lancée le 25 septembre dernier a recueilli environ 35000 signatures.


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