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Le soutien de Macron à Depardieu « envoie un mauvais signal », s’indignent les voix féministes à Bordeaux

L’AG Féministe de Bordeaux a répondu à l’appel national du collectif « Grève féministe » suite au soutien affiché du président de la République à Gérard Depardieu.

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Le soutien de Macron à Depardieu « envoie un mauvais signal », s’indignent les voix féministes à Bordeaux
Manifestation contre les violences sexistes et sexuelles à Bordeaux le 25 novembre 2022

« Non, il ne rend pas fière la France. »

Une réponse à l’adresse du président de la République qui, sur le plateau de France 5 le 20 décembre dernier, déclarait au sujet de Gérard Depardieu en être un « grand admirateur ». L’acteur est accusé par une quinzaine de femmes d’agressions sexuelles et mis en examen pour viol. Jeudi 11 janvier, l’AG Féministe de Gironde a relayé l’appel national du collectif « Grève féministe ».

Confrontées au « vieux monde sexiste », les militantes ont rappelé la nécessité d’agir face à un système et à des réponses politiques qui perpétuent la culture du viol.

« Les agresseurs n’existent pas qu’au cinéma »

« Nous avions le Président des riches, nous avons maintenant le Président défenseur d’un agresseur sexuel », résume Monique Nicolas, membre du Planning Familial :

« Les agresseurs n’existent pas qu’au cinéma, ils sont dans nos quotidiens. Les propos d’Emmanuel Macron envoient un mauvais signal. Celui d’une tolérance envers les comportements sexistes et celui du mépris des victimes en niant leurs souffrances. Ces propos légitiment l’impunité des agresseurs. »

Conférence de presse de l’AG Féministe jeudi 11 janvier Photo : VB/Rue89 Bordeaux

En 2023 encore, le Planning familial de la Gironde a accompagné de nombreuses femmes dans leurs démarches judiciaires. Parmi elles, les victimes du radiologue de Langon, Bassam El-Absi, condamné à 17 ans de réclusion criminelle pour viols et agressions sexuelles.

Accusé par 17 femmes, dont 8 constituées parties civiles (une mineure au moment des faits), l’ancien médecin a été libéré dans l’attente de son procès en appel. Depuis, de nouvelles femmes ont porté plainte contre lui.

L’agresseur d’Océane, une étudiante violée dans un parking à la Victoire, a lui aussi fait appel. Multirécidiviste, expertisé par des psychiatres comme présentant une dangerosité élevée, il avait été remis en liberté trois mois avant son procès.

« Quel message ça envoie aux victimes ? », interroge Monique Nicolas, qui rappelle, qu’en France, un viol ou une tentative de viol a lieu toutes les 4 minutes :

« On ne veut plus de cette justice. 70% de classements sans suite. Seulement 1% des viols condamnés. Contrairement au Président, nous disons aux victimes : “Nous vous croyons, la honte doit changer de camp”. Nous demandons la mise en place d’une filière police/justice dédiée à la prise en charge des victimes de violences sexistes et sexuelles, avec les moyens nécessaires afin qu’elles soient accompagnées et écoutées. »

« Nous refusons le silence »

En mai 2023 déjà, des militantes s’étaient rassemblées devant le théâtre Femina, pour s’opposer à la venue de « l’aigle noir », en référence au répertoire de Barbara interprété par Gérard Depardieu. « Nous refusons de séparer l’homme de l’artiste », rappelle Alison, membre de Nous Toutes 33 :

« Le #Metoo français ne fait que commencer. Nous refusons le silence. Nous refusons que la présomption d’innocence soit utilisée comme un argument pour invisibiliser la parole des victimes. »

« Un homme qui pense au clitoris d’une petite fille quand elle fait du cheval, en tant qu’enseignant et enseignantes nous avons été extrêmement choqués », a réagi Carla Chaumeil, du syndicat SNES-FSU :

« Selon le dernier rapport de la Ciivise, 16 000 enfants sont victimes d’inceste. On aurait aimé du Président qu’ils donnent les moyens de repérer ces enfants et les accompagner. Les enfants doivent avoir des cours à la vie sexuelle et affective. C’est dans le droit, mais c’est loin d’être appliqué. Cela permettrait, en amont, d’éviter les comportements sexistes en travaillant sur la question du consentement, par exemple. »


#féminisme

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