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« Un cocktail de microbes » : les opposants au surfpark à Canéjan dénoncent des risques sanitaires

Après avoir attaqué le permis de construire du projet en juillet 2023, la Sepanso et Surfrider Foundation ont versé de nouveaux éléments au dossier. Les associations pointent un risque sanitaire engendré par le système de récupération de l’eau de pluie ainsi qu’une consommation excessive d’eau.

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« Un cocktail de microbes » : les opposants au surfpark à Canéjan dénoncent des risques sanitaires

C’est le premier projet en France de ce type qui est allé jusqu’au dépôt du permis de construire. Mais ira-t-il plus loin ? Ce permis est menacé par des associations de défense de l’environnement, vent debout contre le projet d’une « Académie de la glisse » à Canéjan.

En juillet 2023, la Sepanso Gironde et Surfrider Foundation, après l’échec d’un recours gracieux auprès de la mairie de Canéjan, ont déposé au tribunal administratif de Bordeaux un second recours. Suspensif cette fois-ci, le chantier est stoppé. Le 10 janvier dernier, les associations ont versé de nouvelles pièces au dossier.

Site pollué

La méga-piscine serait située dans la zone d’activité du Courneau, site de l’ancienne usine IBM, qui produisait des cartes électroniques jusqu’en 1992. Une production chimique qui a engendré une pollution conséquente des sols, a rappelé Florence Bougault, de la Sepanso Gironde, lors d’une conférence de presse donnée ce mercredi 23 janvier :

« Le terrain sur lequel l’installation du Surfpark est prévue est répertorié dans la base de données des sites et sols pollués (BASOL). On y retrouve de nombreuses substances chimiques : arsenic, chrome, cuivre, nickel, plomb, zinc et hydrocarbures. Le projet prévoit d’excaver la terre pour créer une butte d’observation des bassins, ce qui représente un danger pour les visiteurs. »

Conférence de presse des opposants au projet de surfpark Photo : VB/Rue89 Bordeaux

Malgré plusieurs projets, lancés notamment dans la région mais qui ont tous avortés, il n’existe pas de surfpark aujourd’hui en France. « Les promoteurs profitent donc d’un vide juridique pour échapper aux réglementations sanitaires contraignantes », estime Vanessa Balci, de Surfrider 33 :

« A minima, la règlementation sanitaire de la baignade artificielle en bassin fermé devrait s’appliquer. Alors que les ARS (agences régionales de la santé) sollicitées sur les projets tous abandonnés en France préconisaient une à deux vidanges sanitaires par an. Ici les promoteurs prétendent que l’effet oxygénant des vagues suffira à maintenir la qualité de l’eau. »

Dangers sanitaires

Les associations pointent du doigt la récupération de l’eau de pluie sur les deux hectares de toiture. « Nous sommes inquiets de la qualité de l’eau de récupération », poursuit Vanessa Balci, se basant sur un guide de l’ARS :

« Il y a des risques de contamination avec des agents pathogènes, bactériologiques, viraux comme l’Escherichia coli, un streptocoque ou un staphylocoque. Le danger principal lié à la récupération de l’eau de pluie est la présence accrue du parasite qu’est le cryptosporidium, responsable d’une maladie intestinale grave. Ce dernier est résistant jusqu’à 10 jours aux produits de désinfection comme le chlore. Avec une alimentation en eau douteuse, ce projet en l’état est un cocktail de microbes. »

Le 23 novembre dernier, quatre parlementaires girondins de tous bords politiques ont adressé une lettre au ministère de la Santé. Nicolas Thierry, Loïc Prud’homme, Frédéric Zgainski et Monique de Marco ont interpellé Aurélien Rousseau sur ce projet « anachronique et en décalage complet avec la transition écologique » :

« Une intoxication à l’amibe mortelle a été à l’origine d’un décès dans une piscine de surf du Texas en 2018, rappellent-ils dans ce courrier. En outre, l’objectif de certains porteurs de projet (comme à Canéjan) de remplir les bassins en partie avec l’eau de pluie issue des toitures de bâtiments industriels voisins, plus instable et pouvant être contaminée, devrait conduire à redoubler de prudence. »

Consommation d’eau

Les associations ont par ailleurs fait appel à Denis Loustau, directeur de recherche à l’INRAE (institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), pour établir le bilan hydrique du projet. Contrairement aux arguments avancés par les porteurs de projet, « les bassins ne sont pas autonomes en eau », affirme Rémy Petit, écologue et membre du collectif Canéjan en transition :

« Il faut prendre en compte la production de vagues artificielles (4 millions par an), qui représente une accélération de l’évaporation. »

Dans l’hypothèse la plus favorable, le surfpark aurait besoin de 130 000 m3 d’eau par an. En ajoutant à ce chiffre le volume d’eau déjà consommés actuellement par la commune (332 592 m3 en 2022), la limite préfectorale de prélèvement en eau autorisé (430 000m3) pour Canéjan serait largement dépassée.

La Fédération française de surf a revu son soutien initial au projet, exigeant des « garanties ». Dans un courrier en date du 8 janvier adressé au collectif Canéjan en transition, la fédération fait état de la nécessité d’obtenir « la plus grande transparence sur la consommation prévisionnelle de l’équipement et des installations annexes », alors que le ministère des Sports a lancé un plan de sobriété énergétique :

« Aujourd’hui les chiffres annoncés par les promoteurs et par leurs opposants sont très éloignés, des compteurs ne sont pas installés sur les parks de même nature en fonctionnement, ceci ne permet pas à la Fédération Française de Surf de se faire une opinion sur la réalité de la consommation d’eau prévisionnelle de l’Académie de la Glisse de Canéjan. »

Sollicités, les porteurs de projet n’ont, à cette heure, pas répondu à Rue89 Bordeaux. Une pétition a déjà recueilli plus de 60 000 signatures et les opposants restent « mobilisés » pour demander son abandon définitif.


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