« Si l’Ukraine tombe, c’est l’Europe qui va être menacée », martèle Oleksandra Bertin, présidente de l’association Ukraine Amitié à Bordeaux. La marche organisée ce samedi 24 février par son association et celle de La Maison ukrainienne, veut le rappeler.
Alors que la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine entre dans sa troisième année, la responsable associative craint qu’une « lassitude ou habitude [se soit] installée » :
« Peut-être qu’on a perdu un peu de vue tous les besoins qu’il y a en Ukraine et toutes les problématiques qui suivent. On se dit que l’Ukraine s’en sort quand même. Mais non, en fait, l’Ukraine paye un prix très élevé. Et on ne sait pas combien de temps elle peut continuer à tenir ses positions. »
2840 Ukrainiens en Gironde
Cette lassitude a également affecté les conditions d’accueil des Français, après « une vraie mobilisation » dès les premiers flux de réfugiés, relève Oleksandra Bertin : en mars 2022, la solidarité girondine avais permis de mettre à disposition 4760 places d’hébergement solidaire, et d’accueillir 1554 personnes. Mais « des hébergeurs ont voulu récupérer leur logement, et, au bout de deux ans, ça se comprend ».
Seulement 32 ménages sont ainsi actuellement hébergés chez des citoyens volontaires via le dispositif piloté par l’association France Horizon, sur « 2840 personnes déplacées d’Ukraine arrivées en Gironde depuis le 24 février 2022 », selon la préfecture, et 2099 personnes qui y sont restées et ont bénéficié d’une ouverture de droits sociaux (assurance maladie, CAF) – dont 841 mineurs, pour moitié scolarisés en Gironde.
Les Ukrainiens qui ne sont plus chez l’habitant bénéficient soit d’un hébergement d’urgence (160 places ouvertes, occupées à 89%), soit sont logés par leurs propres moyens, avec une garantie locative de l’Etat – qui a consacré 2,71 millions d’euros à l’accueil en 2023, selon Sud Ouest. Leur profil ?
« Les personnes qui sont arrivées depuis le début du conflit étaient souvent des femmes avec des enfants, il y a peu d’hommes, et quelques personnes âgées et souffrant de pathologies graves qui ont eu à fuir le conflit », répond Oleksandra Bertin
De nouveaux flux ?
Pour cette dernière, si de grandes villes – « comme Kharkiv ou la capitale Kyiv » – sont visées par des bombardements massifs, « de nouveaux déplacements de populations pourraient avoir lieu ».
« Ces personnes vont se déplacer à l’intérieur de l’Ukraine d’abord. Les villes à l’est du pays sont déjà submergées par des déplacés internes. Ensuite, ce sont des pays frontaliers comme la Pologne qui sont plus sollicités que la France. »
Selon la Préfecture, « il n’y a presque plus d’arrivées » :
« Il y a parfois des personnes qui peuvent changer de département ou rejoindre un membre de leur famille, mais la DDETS n’observe pas de mouvements spécifiques sur ce point. »
Au total, 5651 autorisations provisoires de séjours, valables 6 mois et renouvelables, ont été délivrées par la Préfecture. Une décision du Conseil de l’Europe a prolongé jusqu’au 4 mars 2025 la délivrance de ces autorisations pour les déplacés ukrainiens. Oleksandra Bertin ajoute :
« Généralement, beaucoup d’Ukrainiens ont quitté le territoire parce qu’ils n’arrivent pas à s’insérer. Il n’y a pas de travail et il n’y a pas de logement. Et il y a aussi la barrière de la langue, c’est une barrière principale pour les Ukrainiens. Toutes les personnes qui ont des profils qualifiés ne peuvent pas trouver un travail à leur niveau. »
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