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Ces rendez-vous qui valent le détour aux Escales du livre 2024

Dans le programme de la 22e édition des Escales du livre, qui se déroulent du vendredi 5 au dimanche 6 avril, Rue89 Bordeaux a glissé quelques marque-pages et repéré ses morceaux choisis parmi les nombreuses rencontres, débats et soirées proposées.

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Ces rendez-vous qui valent le détour aux Escales du livre 2024
L’édition 2023

La 22e édition des Escales du livre (dorénavant au pluriel) se déroule du vendredi 5 au dimanche 7 avril 2024. 269 auteurs arrivent à Bordeaux pour signer leurs ouvrages, rencontrer leur public et participer à des débats et des ateliers. Rue89 Bordeaux a épluché le programme et repéré quelques rendez-vous à ne pas rater.

La rencontre : Enquête sur une mémoire collective

« Il aura fallu quinze ans de cheminement incertain, une enquête menée aux confins de mémoires étiolées, pour retrouver une image sur laquelle j’espérais figurer, puis pour chercher mes compagnons de fuite. Quinze ans pour m’autoriser enfin à écrire cette histoire », écrit Beata Umubyeyi Mairesse.

Rapporter un génocide par ses survivants est une épreuve à plusieurs titres. Comment ne pas se sentir coupable d’avoir réussi à s’en échapper ? Pourquoi revenir sur des détails douloureux ? Est-il possible de trouver les mots justes ? Vont-ils être correctement écoutés ? Va-t-on les croire ? Si certains ont enfoui les atrocités au plus profond de leur mémoire, d’autres veulent s’en débarrasser, poser le fardeau au centre de la société, ou tout simplement témoigner pour ne pas oublier.

Après le génocide des Arméniens et des Juifs d’Europe, le génocide des Tutsi en 1994 est le dernier du XXe siècle. Il a fait un million de victimes en l’espace de 3 mois par le parti au pouvoir du Rwanda. Beata Umubyeyi Mairesse a survécu à ce génocide. À l’âge de quinze ans, elle a fui avec sa mère à bord du camion d’une mission humanitaire suisse pour des enfants de moins de douze ans. Allongées et couvertes de coussins et de couvertures, des petits enfants assis sur elles, elles ont traversé la frontière pour ensuite regagner la France. Elle vit aujourd’hui dans la région bordelaise.

Treize ans après les faits, elle visionne les films et les photos d’une équipe de la BBC qui a assisté au départ de ce convoi. Elle reconnait certains enfants et commence alors une enquête pour recomposer les événements. Elle rencontre des témoins : rescapés, humanitaires, journalistes. Beata Umubyeyi Mairesse en tire un ouvrage bouleversant, Le convoi, une contribution essentielle à la transmission d’une mémoire collective.

Beata Umubyeyi Mairesse est l’invitée des Escales du livre pour un grand entretien le 6 avril à 17h50, salle Jean-Vauthier au TnBA à Bordeaux.

Sophie Poirier Photo : Claire Lafargue

Le dialogue : Une femme domino et des invisibles

La Femme domino (éditions Inculte) pourrait être avant tout l’histoire d’une rencontre, « une amitié d’écriture », celle de Sophie Poirier avec Léonie Thévenot d’Aunet. L’autrice bordelaise s’est intéressée à cette romancière connue pour avoir assisté en 1838, malgré l’opposition des hommes, à une expédition scientifique aux régions boréales, qu’aucune femme n’avait entreprise avant elle. La publication du récit de son voyage en 1854, Voyage d’une femme au Spitzberg, rencontre un franc succès.

L’exploratrice accompagnait alors son futur mari, le peintre Auguste Biard, de 20 ans son aîné. A son retour, et quelques années après son mariage, elle rencontre Victor Hugo alors attristé par la mort de sa fille.

« En 1845, ils sont pris en flagrant délit d’adultère. Elle est condamnée, en prison quelques mois. Lui, pair de France (un peu comme un parlementaire) bénéficie de l’immunité… » écrit Sophie Poirier.

Cette dernière entreprend alors une enquête pour mieux cerner cette femme « domino », adjectif relatif à une femme qui utilise un pseudonyme pour signer ses ouvrages en évitant le scandale.

Lors du festival, Sophie Poirier participera à un Dialogue, Géographies intimes, avec une autre autrice bordelaise, Charlotte Bonnefon, qui vient de publier Nos invisibles (Cambourakis), un texte poétique sur la mémoire familiale. Le samedi 6 avril à 18h, à la Galerie EBABX.

L’exposant : Disparate « de bric et de broc »

Disparate est une association créée à Bordeaux en 2013. Son nom fait référence à ce qui est « hétéroclite, de bric et de broc, qui contraste fortement », et « sous entend aussi varié, mélangé, éclaté, dispersé… ». Concrètement, le lieu est dédié à la micro-édition de tout ce qui s’édite – cartes, affiches, revues, livre… – à un faible tirage.

Le projet associatif consiste à « rassembler en un même lieu des créations diverses venant de partout, d’en montrer la richesse et la profusion, de les diffuser auprès d’un public tout aussi disparate ». Les publications sont souvent réalisées avec des techniques artistiques d’atelier – sérigraphie, linotype… –, façon Do it Yourself. Les artistes éditeurs, moyennant 10 euros d’adhésion par an, mettent leurs œuvres en dépôt-vente dans la librairie et récupère la totalité des bénéfices.

« Notre fonctionnement est associatif et tente de développer une économie créative, solidaire et collaborative », soulignent ses fondateurs.

Le modèle économique de la librairie est soutenu par les adhésions et les ventes des projets collectifs édités par Disparate, ainsi que par l’organisation d’ateliers de pratique artistique (écriture, édition…). L’association ouvre également son espace à des expositions, comme celle de Damien Mazières en janvier 2024.

Depuis 2014, Disparate organise le festival Zinefest, la première semaine de juillet au marché des Douves, qui rassemble des éditeurs indépendants de fanzines et de micro-éditions. Aux Escales du livre, ils seront au stand 74.

La Maison de la Poésie Photo : Delphine Gallet

La soirée : Cartes blanches pour la Maison de la poésie

Il y a bien deux cartes blanches données à la Maison de la poésie par les Escales du livre, qui mènent donc à deux soirées. Nouvelle vague, qui se tient le vendredi 5 avril à 18h30 à la salle de l’Atelier, et Scène ouverte poésie le samedi 6 avril à 22h30 à la halle des Douves.

La première soirée est dédié à la nouvelle génération de la poésie contemporaine en France (-30 ans) et présentera deux jeunes poétesses et deux jeunes poètes : Stéphanie Vovor, Victor Malzac, Emilien Chesnot, Suzanne Rault-Balet.

« Ce sont quatre types d’écritures différentes, détaille Patrice Luchet, directeur de la Maison de la poésie. On retrouve une écriture formelle, très sobre et très posée, proche de la poésie américaine chez Emilien Chesnot. Suzanne Rault-Balet travaille sur le corps et l’intime, et les questions féministes. Stéphanie Vovor est une performeuse reconnue pour la force et l’impact de sa lecture. Quant à Victor Malzac, on retrouve la fulgurance de son travaille avec tout le pouvoir magique de la langue. »

On retrouve ces quatre « voix du futur » le lendemain sur la scène ouverte au bar de la Halle des Douves. Tout comme il sera possible pour chacun de choisir un livre parmi les propositions du collectif Poésie Mobile et de La Maison de la poésie. « Vous choisissez le livre, vous en parlez à DJ Pedrolino pour caler le son sur la lecture et vous vous lancez. » Le moment se veut festif avec une entrée libre. Toutes les recettes sont reversées à SOS Méditerranée via le Collectif Bienvenue.


#littérature

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