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C’est un serpent de mer à Bordeaux : faut-il créer un lieu consacré à l’histoire de l’esclavage dans une ville qui s’est enrichie grâce à la traite négrière et au commerce avec les colonies françaises ? L’association Mémoires et Partages, qui milite en ce sens depuis des années, a lancé en 2022 une mission de préfiguration pour implanter un centre de ressources contre les esclavages et pour l’égalité.
En mai 2023, les conclusions de cette mission de préfiguration ont été remises à la Ville de Bordeaux, à la Région, au Département et à la Métropole, dans un rapport intitulé « Maison Esclavages et Résistances ».
« Ces conclusions traduisent l’attente d’une programmation sociale, culturelle et artistique directement liée aux résonances contemporaines de l’esclavage et à la résistance contre toutes les formes d’esclavage, passées ou actuelles. Elles sont apparues particulièrement pertinentes et nécessitent d’être approfondies », indique ce mercredi dans un communiqué la mairie de Bordeaux.
Diagnostic et étude
Celle-ci s’engage à poursuivre ce travail avec la réalisation d’un diagnostic de l’ensemble des dispositifs et actions existantes et d’une étude de définition sur un lieu dédié, « à l’échelle des territoires de l’ensemble des collectivités partenaires ».
Ce travail sera mené avec les acteurs institutionnels, scientifiques, associatifs et collectifs citoyens mobilisés autour de la mémoire de l’esclavage et ses résonances contemporaines, dont Mémoires et partages. Ses conclusions seront rendues « au plus tard à l’été 2025 », et devront « définir l’orientation d’une programmation et l’opportunité d’un lieu dédié ».
Cette annonce intervient alors que se déroulent les Journées de la Mémoire, avec en point d’orgue la journée de commémoration de l’esclavage, de la traite négrière et de leur abolition, le 23 mai. Une cérémonie se tiendra au Square Toussaint Louverture et sur la Garonne, avant une représentation théâtrale de « Lieux de mémoire », par la compagnie Fais et Rêve.
Crime contre l’humanité
Alors que le sujet a longtemps été tabou, la mairie rappelle par ailleurs avoir « depuis plus d’une dizaine d’années, engagé un profond travail de mémoire, notamment avec l’ouverture de salles sur l’esclavage et la traite négrière au Musée d’Aquitaine, la pose de plaques de rue biographiques dans les voies au nom de personnes liées au passé colonial et esclavagiste de la ville, ainsi que l’installation de la statue de Modeste Testas-Al Pouessi sur les quais Louis XVIII ».
« La Ville de Bordeaux souhaite, par ce travail de mémoire, faire face à son passé et à sa participation à l’un des pires crimes contre l’humanité. »
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