« 178 000 demandes de logement social restent en attente en Nouvelle-Aquitaine, et le cap des 50 000 a été passé pour Bordeaux Métropole, classée récemment première métropole attractive de France, avec une augmentation de 30% des demandes pour Bordeaux ville », a indiqué ce lundi Muriel Boulmier.
Pour la présidente de l’Union régionale HLM Nouvelle-Aquitaine, « le besoin de logements sociaux augmente quand l’offre se sclérose ». En raison de la hausse des taux d’intérêts, de moins en moins de locataires accèdent à la propriété, tandis que de plus en plus de personnes tapent à la porte.
Conséquence : il y a 7 demandes pour 1 seule attribution de logement social (25 242 l’an dernier), et 12 mois de délai d’attribution en moyenne. Ce temps d’attente monte à 17 mois en Gironde, 19 mois au Pays basque et 21 mois en Charente-Maritime.
Trois types de programmes
Alors que l’UR HLM pensait tenir son assemblée générale et s’exprimer dans le contexte du débat parlementaire sur le projet de loi Kasbarian, interrompu après son passage au Sénat, il se retrouve confronté à un tout autre enjeu, provoqué par la dissolution : celui d’un probable changement de gouvernement dans 15 jours.
« Dissolution ou pas, notre question reste : “et le logement dans tout ça ?”, on en a fait une banderole, et ce n’est pas si commun que nous nous livrions à cet exercice », poursuit Muriel Boulmier.
Interrogée sur les propositions pour le logement social des différentes forces politiques en présence, Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union Sociale pour l’habitat, qui fédère les organismes HLM de France, distingue « trois types de programmes » :
« L’un [celui de la majorité présidentielle, NDLR] ne parle pas de logement mais fait son mea culpa sur le fait de ne pas avoir traité ce sujet lors des dernières années. Un autre [ celui du Nouveau Front populaire, NDLR] reprend certaines de nos revendications pour retrouver des ressources financières correctes et accompagner les programmes de construction de de rénovation énergétiques. Un troisième veut déroger aux principes constitutionnels et au cadre du droit. »
Haro sur la « priorité nationale »
Dans le viseur du mouvement HLM : la volonté du Rassemblement national d’instaurer la préférence nationale dans l’attribution des logements sociaux. Cette idée, qu’a encore défendue récemment Jordan Bardella, pas plus que celle de priver de logement social les personnes détentrices d’un « casier judiciaire long comme le bras », ne figurent telles quelles dans le programme du RN, présenté ce lundi 24 juin.
Je veux lever les interdictions liées aux diagnostics de performance énergétique, qui paralysent aujourd'hui tout le marché du logement.
— Jordan Bardella (@J_Bardella) June 18, 2024
Et je souhaite qu'on ne puisse pas bénéficier d'un logement social quand on a un casier judiciaire long comme le bras ! #LEvenement pic.twitter.com/koQHMyGr22
Ce document n’évoque explicitement le sujet que dans une seule et unique proposition : « Instaurer une priorité d’accès au logement social pour les travailleurs des secteurs prioritaires », sans précision sur la nature de ces secteurs.
Mais pour lutter contre « la submersion migratoire », le RN prévoit bien de « mettre en place la priorité nationale (si nécessaire par référendum constitutionnel) », a priori donc dans tous les domaines, y compris le logement. Le parti lepéniste indique d’ailleurs ensuite vouloir « réserver les aides sociales aux Français ».
« Bombe sociale »
Alors que plus de 80% des familles occupant un logement social sont nées en France, Emmanuelle Cosse rappelle que « ce qui mobilise le secteur HLM depuis 100 ans, c’est d’offrir des logements aux publics aux revenus modestes, sans aucune discrimination ». D’où une résolution votée la semaine dernière par l’USH pour rappeler ses valeurs : « faire vivre la promesse républicaine et le faire partout ».
« On s’inquiète pour nos locataires nos salariés, ajoute l’ancienne ministre du logement sous la présidence de François Hollande. Ce n’est pas en sortant des personnes du secteur HLM qu’on va résoudre la crise du logement. Pour cela, il faut un engagement financier massif, et c’est dans ce but qu’a été créée l’Alliance pour le logement, afin de sortir ses acteurs de l’isolement ».
Indiquant rejoindre l’analyse d’Emmanuelle Cosse, Muriel Boulmier a pour sa part ajouté que « de façon contre-intuitive, des quartiers HLM ont voté RN car ils se sentent délaissés » :
« Vous comprendrez pourquoi le bloc du milieu a eu incontestablement tort de voir la réalité de la bombe sociale qu’est le logement aujourd’hui. Nous sommes soucieux de cela. »
Le mouvement HLM réclame notamment la fin du dispositif de RLS (réduction de loyer de solidarité), imposé depuis 2018 aux bailleurs sociaux pour compenser la baisse des APL décrétée par le gouvernement d’Edouard Philippe.
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