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Les socios des Girondins de Bordeaux veulent participer au sauvetage du club

Une association de supporters vient de lancer une levée de fonds pour peser dans la reprise des Girondins, au bord de la liquidation judiciaire, et être représentés au capital du club. Plus de 500 personnes ont adhéré en moins d’une journée, Girondins Socios estime possible d’en attirer plusieurs dizaines de milliers.

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Les socios des Girondins de Bordeaux veulent participer au sauvetage du club
Rassemblement des supporters des Girondins devant le tribunal de commerce (TG/Rue89 Bordeaux)

L’idée n’est pas neuve. En 2014, quand les Girondins de Bordeaux jouaient encore les premiers rôles en Ligue 1, un projet d’actionnariat populaire était lancé par des supporters du club. En 2021, alors que le propriétaire du FCGB, King Street, quittait le navire, certains proposaient à nouveau la participation de socios à la gouvernance.

Cette hypothèse refait aujourd’hui concrètement surface. Ce au moment où les Girondins viennent d’être rétrogradés en Nationale 2 et pourraient descendre encore d’une division, et que l’entreprise présidée par Gérard Lopez, en redressement judiciaire et au bord de la liquidation.

41000€ en 24h

Une nouvelle association, Girondins Socios, a en effet lancé ce lundi 19 août une levée de fonds afin de soutenir le club et de permettre à terme l’entrée des supporters dans son actionnariat. « Nous sommes un groupe de supporter qui a travaillé sur le sujet de la gouvernance il y a trois ans », raconte Charles Merle, cofondateur et dirigeant bénévole de l’association, à Rue89 Bordeaux.

« L’idée a fait son chemin et cette année, avec la fin de gouvernance de l’ère Lopez [Gérard Lopez, l’actuel président des Girondins], on voyait qu’on allait droit dans le mur. On ne pensait pas que ça irait si vite, de passer en deux saisons et demi de la L1 à la N2… Nous avons donc planché sérieusement à partir d’avril avec une petite équipe », poursuit ce jeune chef d’entreprise dans le BTP.

L’avocat au barreau de Libourne François Ciliento et le photographe Lionel Lagrange font aussi partie des 5 membres fondateurs, tandis que Christian Alvarez, qui avait tenté de populariser l’actionnariat populaire aux Girondins en 2015, a rejoint le conseil d’administration.

La démarche est efficace : 24 heures après son démarrage, 554 personnes ont adhéré à Girondins Socios, pour un montant dépassant les 41000€.

« Sachant que le club de Sochaux a aujourd’hui 11000 socios [dans une agglomération, Montbéliard, qui compte 112000 habitants, NDLR], on peut décemment penser que Bordeaux peut rapidement avoir entre 20 et 30000 socios », estime Charles Merle.

Garde-fou

Même s’ils atteignaient ce nombre, les socios ne seront toutefois pas en mesure de sauver seuls le club, endetté à hauteur de près de 100 millions d’euros. Chaque adhérant s’acquittant de 99€ (87€ de droits d’entrée au capital, bloqués dans l’attente du devenir des Girondins, plus 12€ d’adhésion annuelle à l’association), le total pourrait représenter ainsi au mieux 3 millions d’euros – une paille dans l’univers du foot pro, inférieure par exemple au loyer dont s’acquittait le FCGB pour le stade Matmut.

Mais les Girondins Socios tentent avant tout de fédérer autour de leur projet tous les fans et chapelles de supporters (qui se sont ces derniers mois illustrés par leurs divisions), et d’être incontournables dans l’optique d’une reprise. Objectif : « agir pour le respect de l’institution du FCGB en entrant au capital du club », et devenir ainsi un « garde-fou qui aurait pu éviter le désastre actuel ».

Les succès des socios

C’est dans un tel contexte de débâcle sportive et économique que les socios de Bastia, puis de Sochaux, ont contribué à relever leurs équipes. Passé par la liquidation judiciaire et relégué en National 3 en 2017, le club corse a depuis retrouvé la Ligue 2. Auprès de ses supporters, ainsi que de ceux de Saint-Etienne ou Guingamp, représentés dans la Fédération socios de France, l’association bordelaise a peaufiné son projet.

« Les mouvement socios sont éprouvés depuis des décennies à l’étranger – depuis 1975 précisément à Barcelone, rappelle Charles Merle. En France, on n’a pas encore de grande réussite sur une longue période, mais cela commence à se développer de toutes parts. Chaque modèle est différent et nous travaillons sur le nôtre. Si nous représentons une manne financière, la communauté des supporters, c’est plus que ça : on peut notamment apporter du travail bénévole au travers de commissions de travail (juridique, formation, section féminine, relation avec les supporters)… »

En parallèle de la levée de fonds, l’association, qui « reçoit des dizaines de propositions de coup de main », entend « structurer tout cela proprement et apporter de la matière grise au repreneur éventuel qui travaillera avec [elle] ». Charles Merle assure que « les trois projets de reprise portés par des acteurs locaux voient d’un bon œil ce modèle de gouvernance ».

Coopératifs

Une autre association, Toujours Girondins, défend par exemple la transformation du club en SCIC (société coopérative à intérêt collectif), avec une représentation directe des supporters dans l’actionnariat du club. Elle a aussi lancé sur Hello Asso une collecte dans cet objectif, qui n’a quant à elle pas décollé. Sur X, Toujours Girondins a jugé les deux projets « compatibles », et encouragé « vivement à participer à la campagne » de Girondins Socios ceux qui souhaitent « s’inscrire dans ce mouvement ».

« Nos mouvements sont indépendants, indique Charles Merle. L’avenir de Toujours Girondins est conditionné à un projet de reprise, le nôtre a vocation à être permanent, en créant un outil permettant aux supporters de se faire entendre et de prendre leur destin en main. Nous rencontrons les candidats à la reprise et lançons la levée de fonds, mais ce sont les socios qui décideront. »

Ainsi, le dirigeant associatif indique que s’il n’y a « pas d’avancée notable sur l’entrée au capital dans les 12 mois, l’affectation de la levée de fonds sera mise au vote ».

« On pourra choisir de continuer à faire augmenter cette cagnotte, la consacrer à la formation des jeunes ou à la section féminine, ou décider de rembourser les socios, ce qui signerait pas la fin de l’association. »

L’association sait qu’elle devra aussi compter sur l’appui des collectivités locales dans la reprise du club, et en particulier de Bordeaux Métropole : propriétaire d’un grand stade qui va désormais lui coûter 4 millions d’euros de plus par an. Celle-ci pourrait être tentée de le brader à un repreneur plus fortuné qu’une coopérative de supporters…

« Compte tenu de l’engouement et du besoin pour relever les Girondins, il paraitra difficile de se passer de nous », veut toutefois croire Charles Merle.


#Girondins de Bordeaux

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