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De l’IVG à la lutte contre les violences sexuelles, le Cacis toujours au service des Bordelais.e.s

Le Centre accueil consultation information sexualité (Cacis) fête ses 40 ans en 2024. Née au Grand Parc, la structure accueille et oriente plus de 1500 personnes par an sur les problématiques liées à la vie sexuelle et affective.

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De l’IVG à la lutte contre les violences sexuelles, le Cacis toujours au service des Bordelais.e.s
Dans le hall d’accueil du CACIS, au Grand Parc

Son dernier enfant à quatre mois. Sandra* (*pseudonyme) a appris récemment, par un gynécologue, qu’elle est à nouveau enceinte. Elle a rendez-vous ce mercredi matin au Centre accueil consultation information sexualité (Cacis), avenue Émile-Counord, au Grand Parc. Sandra est venue sur les conseils de son médecin généraliste :

« Il m’a conseillé de venir ici, m’a dit que c’était une structure plus familiale, que la prise en charge serait mieux qu’à l’hôpital. »

Elle est reçue par Muriel Bichaud, éducatrice spécialisée et conseillère conjugale. Patiemment, cette dernière explique le déroulé d’une IVG médicamenteuse :

« La chose impondérable, c’est de ne pas être seule. Est-ce que vous êtes bien entourée ? Il peut y avoir de la fatigue, une douleur assimilable à des règles douloureuses. Le premier cachet stoppe l’évolution de la grossesse, le deuxième provoque une expulsion. Si vous êtes un peu chamboulée après, surtout n’hésitez pas à venir en parler. »

Suite à cette première entrevue, une sage-femme, dans la pièce d’à côté, prendra la suite pour la réalisation d’une échographie de datation et la prescription des médicaments. Dans deux semaines, Sandra aura à nouveau rendez-vous au Cacis pour un bilan.

Lieu d’écoute et d’accueil

Au Cacis, les consultations pour l’IVG représentent environ 15% de l’activité. La majorité des femmes qui viennent sont mineures ou exilées. Mais à l’instar de Sandra, qui a une couverture sociale, certaines sont orientées par la médecine de ville. Car pour prescrire une IVG médicamenteuse, les médecins ou sage-femmes doivent avoir conclu une convention avec un établissement de santé, public ou privé.

« L’hôpital s’occupe surtout des IVG chirurgicales », précise Brigitte Tandonnet, co-présidente du Cacis :

« Depuis le Covid, l’IVG médicamenteuse peut être pratiquée jusqu’à neuf semaines d’absence de règles. L’hôpital ne fait plus du tout ça, sauf exception. »

Les autres motifs de consultation au centre de santé se concentrent autour de la gynécologie (32%), de la contraception (26%), du dépistage (18%), du diagnostic de grossesse (7%) ou encore du suivi post-natal (1%). Plus de 2000 consultations ont eu lieu en 2023 selon son dernier rapport d’activité.

Depuis l’année dernière, la structure, en partenariat avec le Girofard, a aussi ouvert des permanences santé et soins à destination des personnes transgenres. Composé de médecins, de sages-femmes, de psychologues et de travailleuses sociales, le Cacis fête cette année ses 40 ans.

Au cœur du Grand Parc

Le Cacis est d’abord une association loi 1901 créée en 1981 par les habitants, les associations, les travailleurs sociaux et médecins des quartiers nord de Bordeaux.

« Nous avions envie d’exercer différemment », se souvient Brigitte Tandonnet. Comme d’autres figures à l’origine de la structure, à l’instar de Maryse Tourne, la gynécologue est animée par un engagement militant. Étudiante en médecine à Bordeaux dans les années 70, elle prend part au MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) et participe à des avortements illégaux.

Six ans après l’adoption de la loi Veil, le nord de Bordeaux n’a pas de centre de planification. « Nous sommes partis de ce constat », poursuit Brigitte Tandonnet :

« Il y avait un centre de planification à Pellegrin, à Saint-André et à Cenon. Nous étions, à l’époque, soutenus par le président du Département, Philippe Madrelle. Nous avons pu faire un essai sur six mois, une demi-journée par semaine. Nous avons explosé au niveau des demandes. »

Éducation populaire

En 1984, le CACIS est reconnu comme centre de planification, dépendant du service de protection maternelle et infantile (PMI) du Département. « Nous étions cinq ou six professionnels de santé à l’ouverture. J’étais la seule gynécologue, pendant 4 ans nous étions bénévoles », raconte Brigitte Tandonnet :

« Au début, c’était de la consultation contraception classique. Puis il y a eu le dépistage des IST et du VIH. Quand nous avons obtenu l’agrément pour faire les IVG médicamenteuses, nous nous sommes formés à l’échographie. Nous avons longtemps fonctionné sans rendez-vous. C’était trop. Après les années Covid, nous avons mis en place des rendez-vous. »

« Chasse au dasi »

Parmi les événements marquants, la co-présidente retient la « chasse au dasi » (sida en verlan), initiée en 1994. Elle était organisée chaque 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le sida.

« Pendant 8 ans, nous organisons avec les collèges du département une sorte de rallye avec différents lieux comme le centre de dépistage, le centre de transfusion, les centres de planification familiale. Nous finissions la journée place de la Victoire, qui était noire de monde. »

« Chasse au dasi » place de la Victoire Photo : DR

Le Cacis n’a jamais délaissé sa genèse associative et militante. En 2019, le Cacis ouvre la Maison d’Ella, un lieu-refuge pour toutes les femmes victimes de violences. Depuis cinq ans, 938 femmes y ont été accueillies. Inspiré de la Maison des femmes de Saint-Denis, fondée par Ghada Hatem-Gantzer, le lieu est spécialisé dans la prise en charge des syndromes de stress post-traumatique.

Pour rappel, en 2019, 85% des victimes de féminicides avaient alerté la police. À ce sujet, le Cacis a aussi un volet formation et intervient dans divers milieux pour la prévention des violences sexistes et sexuelles.

Prévention

Cette prévention est aussi nécessaire en milieu scolaire, alors que le dernier rapport du Haut Conseil à l’égalité pointe une progression inquiétante du sexisme chez les jeunes générations. L’éducation à la vie affective et sexuelle est régie par une loi depuis 2001, mais cette dernière peine encore à être respectée. En 2023, le Cacis a rencontré plus de 5000 élèves dans 40 établissements différents. La structure a ses propres outils d’intervention, comme le recours aux questions anonymes.

« Trois séances de deux heures doivent avoir lieu chaque année. Ça arrive que l’on vienne nous voir à la fin d’une intervention. On peut repérer des cas de violences intra-familiales et faire des signalements », souligne Isabelle Blazy, coordinatrice des services du Cacis.

Pour ses 40 ans, et les 5 ans de la Maison d’Ella, le Cacis organise une soirée, jeudi 26 septembre à partir 18h30, au Centre Social et Culturel Grand Parc, GP IntenCité. « Là où tout a commencé », conclut Brigitte Tandonnet.


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