Enquêtes et actualités gavé locales

Quelle était cette toile brandie dans la manifestation du 7 septembre à Bordeaux ?

L’œuvre de l’artiste Robert Kéramsi, présentant des membres du gouvernement démissionnaire nus, a été largement remarquée dans la manifestation initiée par le Nouveau front populaire. Elle sera bientôt visible aux Vivres de l’Art.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Bordeaux, abonnez-vous.

Quelle était cette toile brandie dans la manifestation du 7 septembre à Bordeaux ?
Dans la manifestation du 7 septembre contre la nomination de Michel Barnier

Dans le cortège de la manifestation bordelaise du 7 septembre, visant à dénoncer le « coup de force » du chef de l’État après la nomination de Michel Barnier, cette drôle de banderole n’est pas passée inaperçue, décrochant sourires et applaudissements sur son passage.

Il s’agit en réalité d’une peinture originale aux dimensions imposantes, 3 mètres par 2. Elle est l’œuvre de Robert Kéramsi, artiste né en 1969 à Swynnerton (Angleterre) et installé à Castillon-la-Bataille depuis 25 ans. Elle appartient à un triptyque, réalisé dans le cadre d’une installation plastique baptisée Les affranchis.

« Arrêter les apparences »

« J’ai ajouté quelques détails avant d’aller à la manifestation », précise l’artiste :

« Je me suis dit que c’était le moment de sortir la toile. J’ai ajouté la devise Liberté, égalité, fraternité et des sigles un peu anarchistes, comme on peut trouver dans les toilettes de bars. »

À l’origine, Robert Kéramsi a voulu travailler sur les « colères » et, en premier lieu, la « colère féministe ». L’une des œuvres du triptyque représente des amies de l’artiste, posant nues, le « regard frontal ». « Je montre la fragilité des hommes et la puissance des femmes », explique t-il.

Sur la toile qui ouvre le triptyque, celle déroulée en manifestation, Emmanuel Macron, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, ou encore Rachida Dati, y sont représentés nus, les regards fuyants. Symbole d’un « système » où « aucun politique ne nous regardent en face », ajoute Robert Kéramsi :

« L’idée c’est de les mettre à nu comme tout le monde, d’arrêter les apparences. Pendant longtemps, j’ai pensé qu’il n’y avait pas besoin de mots, que l’œuvre se suffisait à elle-même. Il y a deux ans, j’ai été gagné par la colère, j’ai eu envie de m’impliquer socialement. »

Expo aux Vivres de l’Art

Robert Kéramsi est notamment connu pour ses sculptures, présentées en 2009 lors d’une exposition à la Base sous-marine. Il travaille aujourd’hui sur plusieurs médiums et est aussi metteur en scène. Il se définit comme « anarchiste mais pas individualiste » (il vote et continuera de voter « pour le moins pire »).

Une série récente, également de l’acrylique sur toile de jute, représente les portraits de clients du bar-tabac de Castillon-la-Bataille. Des personnes parfois « cassées par la vie » qu’il a invitées dans son atelier.

« Je n’en pouvais plus du côté commercial de l’artistique, de la vente aux galeries, il fallait que ça prenne du sens, décrit le peintre. J’ai toujours été un émetteur, et là il y a un retour. L’œuvre n’est pas une finalité, elle permet la rencontre. »

Le tryptique et les 50 portraits des clients du PMU seront bientôt visibles aux Vivres de l’Art, où Robert Kéramsi sera en résidence du 17 octobre au 3 novembre. Il présentera Tout un monde, un « ensemble protéiforme » avec, entre autres, une lecture performée du texte « Bureau de tabac » de Fernando Pessoa et une nouvelle version du spectacle de danse, Anima, mis en musique par Pierre Thibaud.

Comme il l’avait déjà fait à Castillon-la-Bataille, Robert Kéramsi organisera aussi un « repas partagé » avec le Secours populaire.


#Culture

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Plus d'options