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La Gironde s’organise pour vivre avec le loup et protéger les troupeaux

Après le dernier signalement de la présence du loup dans le département le 20 octobre, une première réunion s’est tenue à la préfecture. Un arrêté sera pris par le préfet avant Noël pour définir des zones qui vont permettre d’organiser la protection des troupeaux et l’indemnisation des pertes dans le cadre d’un plan national.

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La Gironde s’organise pour vivre avec le loup et protéger les troupeaux
Loup d’Europe (photo d’illustration)

Faut-il chasser le loup du territoire girondin ? Non, affirme le préfet Etienne Guyot : « L’objectif est d’empêcher la prédation et de protéger les élevages. » Depuis l’annonce, le 21 octobre, de la présence du loup en Gironde, et le constat de nombreuses attaques sur des ovins dans le Blayais, une première réunion de la cellule de veille sur le loup s’est tenue à la préfecture ce lundi 28 octobre.

Y ont assisté des représentants de la profession agricole, la chambre d’agriculture, la fédération des chasseurs, les associations de protection de la nature, l’association des maires ruraux, et les services de l’État. Les premières mesures prises dès l’authentification de la présence du loup par l’Office Français de la Biodiversité (OFB) ont été approuvées.

Outre la vigilance renforcée des services publics et la mise à l’abri des troupeaux, il est demandé aux habitants du secteur un signalement sans délai après toute suspicion de prédation ou toute observation visuelle.

Un arrêté de zonage

Au delà des mesures d’urgence, Etienne Guyot prépare un arrêté « avant Noël » pour « un classement des communes qui permettent de déclencher les aides à la protection ».

« Après les aides d’urgence, des aides plus durables seront mises en place, soit de l’État français, soit de fonds européens, notamment en matière de protection selon la zone concernée », explique le préfet lors du point presse qui a suivi la réunion.

Sur une échelle de 0 à trois, « zéro étant le plus fort concernant les territoires de prédations à répétition », le préfet demande le classement en zone 2 du secteur Braud-Saint-Louis et Cézac, ainsi que les communes voisines. À ce jour, le nombre de prédations imputables au loup s’y élève à 6 bêtes.

Le reste du département, susceptible d’accueillir de la prédation, sera classé en zone 3, « une zone d’expansion, parce que le loup est un animal qui se déplace beaucoup, et qui peut faire en moyenne 40 à 50 km par jour, voire plus », ajoute le préfet. L’arrêté devra être validé par « la préfète coordonnatrice du plan national d’actions sur le loup », Fabienne Buccio, ex-préfète de Nouvelle-Aquitaine.

Protection et indemnisation

Le loup étant une espèce protégée, il fait l’objet d’une protection stricte aux niveaux international, communautaire et national. Ainsi, le classement des communes permet d’ouvrir aux éleveurs le financement de toutes les mesures de protection encadrées selon leur zone : moyens d’effarouchement, achat et dressage de chiens de troupeaux, analyse de vulnérabilité des exploitations et accompagnement technique…

Une indemnisation est également prévue pour les pertes directes (animaux morts ou qui n’auraient pas pu être retrouvés) et les pertes indirectes (stress vécu par le reste du troupeau), ainsi que les pertes matérielles notamment des équipements agricoles qui auraient été endommagés. Dans le cadre du nouveau Plan national loup 2024-2029, les barèmes d’indemnisation des pertes directes ont été revalorisés à hauteur de +33 % pour les ovins et +25 % pour les caprins.

En France, en 2024, 26 nouveaux départements ont été prédatés par le loup, ce qui porte à 60 le nombre de départements français concernés. En Nouvelle-Aquitaine, 10 départements sur 12 ont répertorié des indices réels de présence du loup (les deux restants étant les Landes et le Lot-et-Garonne). Ce qui confirme « un mouvement de déplacement du loup de l’est du pays vers l’ouest », précise le préfet.

Des photos et des poils

En Gironde, la présence du loup a été authentifiée avec des photos faites grâce à des pièges photographiques installés par l’OFB – non autorisées à la publication par la presse pour éviter de livrer des indices pour la traque de l’animal. La dernière photo date de 20 octobre.

« On a pu récolter des poils du spécimen, ils sont en cours d’analyse, explique Emmanuel Didon, directeur régional de l’OFB. Les analyses nous permettront de savoir si c’est un mâle ou une femelle, et de connaître la proximité génétique avec une population ou une autre. En France, la population la plus représentée est d’origine italo-alpine, arrivée en 1992 par l’arc alpin. Et on a aussi de temps en temps quelques individus d’origine germano-polonaise. »

Pour rappel, le loup ne présente pas de danger pour la population mais pour les troupeaux. Toute forme de détention, de capture, de mise à mort intentionnelle, de perturbation intentionnelle, et de commerce est interdite.


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