Pour justifier l’interdiction du « Freinage d’urgence », le préfet Étienne Guyot affirme dans un communiqué ce jeudi 10 octobre que cette manifestation « n’a fait l’objet d’aucune déclaration préalable en Préfecture alors même que l’association Les Soulèvements de la Terre est connue pour son mode d’action violent ».
« Les appels à la mobilisation de ce groupement ont été régulièrement suivis d’actions de dégradations et de violents affrontements avec les forces de l’ordre, notamment à Sainte-Soline, sur l’axe Castres-Toulouse de l’A69, sur la ZAD de la Crem’arbe à Sïx ou encore à Puylaurens », deux sites sur le tracé de la dite autoroute.
Les Soulèvements de la Terre, qu’avait vainement tenté de dissoudre le précédent gouvernement, s’opposent en effet à des projets jugés inutiles et écocides, tels que les mégabassines destinées à l’irrigation pour l’agriculture intensive, ou les futures lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse/Dax.
Des milliers de manifestants attendus
La préfecture estime que 3000 à 5000 participants « pourraient être présents ce week-end dans le sud Gironde, dont plusieurs centaines de contestataires radicaux qui pourraient provoquer de graves troubles à l’ordre public, des actes de blocages et de sabotages, d’occupations ou de dégradations de sites ».
Etienne Guyot a donc « pris un arrêté interdisant toute manifestation, attroupement ou rassemblement revendicatif sur les communes ou partie de communes de Bègles, Bordeaux, Cadaujac, Floirac, Saint-Médard-d’Eyrans et Villenave d’Ornon, du vendredi 11 octobre à 8h au lundi 14 octobre 2024 à 8h ».
Coutumiers de telles interdictions, les organisateurs du « Freinage d’urgence » n’avaient même pas jugé utile de la déclarer en préfecture, et disent ne pas être surpris par cet arrêté. « La mobilisation est évidemment maintenue », indique à Rue89 Bordeaux Lucie, de LGV Non Merci :
« Nous avons l’habitude que ces tentatives de criminaliser les mouvements d’opposition à des grands projets d’Etat. Et dans les faits, nous sommes déjà déployés à proximité du Ciron, le cœur de ce projet, où les deux branches de la LGV vont se séparer. Cette vallée va être piétinée au mépris des lois de protection de la nature et de lutte contre l’artificialisation des sols. On veut visibiliser cette richesse là tant qu’il est encore temps. »
« Indignation générale »
A l’instar de l’opération de communication des promoteurs de GPSO lundi dernier, la préfecture estime que « le projet avance » :
« Les premiers travaux pour les aménagements ferroviaires au Nord de Toulouse ont commencé. Ceux au Sud de Bordeaux viennent de faire l’objet d’un avis favorable par la commission d’enquête indépendante« .
L’objectif du week-end vise justement à montrer « l’indignation générale de la population mise devant le fait accompli », selon la porte-parole de LGV Non Merci. Elle ajoute :
« Les promoteurs des LGV Bordeaux-Toulouse/Dax ne cessent d’invisibiliser l’opposition et ses arguments. Or les enquêtes publiques de 2014 sur GPSO et plus récemment sur les AFSB ont montré que plus de 90% des personnes qui s’expriment sont défavorables au projet. La population veut reprendre en main l’avenir de ses territoires. »
La coordination estime que « la colère dépasse largement celle des habitants directement impactés par les 327 kilomètres du tracé ». Elle invite les participants à rejoindre samedi, dans un lieu encore non rendu public, un « Grand jeu contre les LGV », avec plusieurs actions possibles – « festives et déterminées » – en fonction. Un concert aura lieu le samedi soir.
Elle prévoit des conseils pour contourner le « déploiement massif des forces de l’ordre visant à décourager les personnes ». Le préfet a en effet pris plusieurs mesures – autorisation de survol par drone et captation d’images par la SNCF et la Gendarmerie Nationale, interdiction de transports de carburants, d’utilisation d’artifices ou de pétard, de port d’armes et d’armes par destination…
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