La société bordelaise Parrou-Duboscq, investisseur foncier du groupe Héméra, déjà spécialisée dans la création d’espaces partagés pour les entrepreneurs, se lance dans un nouveau défi : un campus multi-écoles dans le quartier de la Jallère à Bordeaux Lac.
Le groupe va investir « un peu plus 50 millions d’euros » pour la réhabilitation de l’ancien siège régional de la Caisse des dépôts, dont les services ont déménagés en 2022 pour s’installer à proximité de la gare Saint-Jean. Le bâtiment, construit en 1977, aura une nouvelle enseigne, Thelema, nom inspiré de l’Abbaye de Thélème, lieu d’enseignement imaginé par Rabelais.
3 500 étudiants pour 2028
« On s’est rendu compte, que pour des organismes de formation, et notamment des petites écoles, il y avait un vrai besoin d’utiliser des espaces de formation de manière très ponctuelle, explique Julien Parrou-Duboscq, président d’Héméra. C’est cette économie et cette optimisation des espaces, que l’on appliquait au départ aux bureaux, que nous allons proposer maintenant auprès des écoles. »
Le campus de 22 600 m2 accueillera des salles de cours, des amphithéâtres, des salles mutualisées, des espaces événementiels, ainsi que des restaurants. Après une ouverture progressive à partir de septembre 2027, le site pourra recevoir jusqu’à 3500 étudiants en 2028. Les écoles attendues sont toujours en cours de sélection sur consultation. Julien Parrou-Duboscq espère cependant « des écoles assez variées ».
« Le but c’est que les étudiants puissent se retrouver dans un lieu très mixte et avoir une qualité de service et de lieu à la hauteur quelle que soit la taille de l’école. »
Chaque école bénéficiera d’espaces dédiés pour gérer ce qui relève de la vie courante de sa structure. Des salles nécessitant des aménagements spécifiques feront également l’objet d’une privatisation par celles qui en auront le besoin. Les salles plus « génériques », comme les amphithéâtres, seront partagées par les organismes de formation résidents. L’idée est d’accueillir « six ou huit » écoles sur site, auxquelles s’ajouteront des structures plus modestes en termes d’effectifs pour arriver à terme à « plusieurs dizaines d’espaces de formation » sur l’ensemble du campus.
Un quartier bas-carbone
Mais le projet de réhabilitation du quartier de la Jallère ne se limite pas au campus Thelema : il s’inscrit dans un projet plus global d’aménagement du site dont la maitrise d’ouvrage est confiée à l’agence Urbain des Bois.
« Dans un quartier bas-carbone, la première chose c’est de transformer les usages : là en l’occurrence, pour le projet Thelema ce sont des bureaux auxquels on donne une deuxième vie, détaille Anne Fraisse, Directrice générale d’Urbain des Bois. Ensuite, l’idée c’est effectivement d’avoir un quartier mixte, toujours avec ce principe qu’on tient et qu’on tiendra jusqu’au bout : construire de nouveaux logements uniquement sur les surfaces déjà imperméabilisées. »
Tous les fonciers autour de la CDC sont concernés. Il y aura du logement familial mais également du logement spécifique pour les étudiants, les jeunes actifs ou les personnes âgées. Une résidence étudiante regroupant 204 appartements sera implantée dans l’une des ailes de l’ancien siège de la CDC et 2 300 autres unités de logements fleuriront dans les locaux déjà existants au sein de la Jallère. Entre « 40 et 50% » de ces 2 500 unités seront des logements sociaux.
Et Lac C ?
Mais qu’en adviendra-t-il de Lac C ? Ce tiers-lieu d’occupation temporaire accueillant artistes, associations, artisans et petites entreprises a investi les locaux de la CDC en septembre 2023. Aujourd’hui, 110 structures occupent 13 877 m². Conçu comme ayant une durée de vie limitée, le lieu ne bénéficie plus que de deux ans de tranquillité avant que les travaux de réhabilitation des locaux ne démarrent en 2026.
« Lac C est un engagement temporaire clair dès le début. Ce qu’on a fait, c’est que dans le projet global de réhabilitation, on a intégré des locaux pour l’économie sociale et solidaire qui se déploieront progressivement sur le temps de réalisation de l’opération », abonde la directrice générale d’Urbain des Bois.
Elle ne peut cependant assurer que toutes les structures implantées à Lac C trouveront une place dans les locaux réhabilités. Ces derniers, dont l’emprise totale reste encore à déterminer, devraient être adaptés à diverses typologies d’activité afin de satisfaire le plus grand nombre d’usagers.
Chargement des commentaires…