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L’accouchement à domicile dans le collimateur du CHU de Bordeaux

Parce qu’elles désirent accoucher chez elles, de nombreuses femmes se voient refuser pendant leur grossesse des rendez-vous à l’hôpital Pellegrin, bien que la consultation avec l’anesthésiste soit obligatoire pour les futures mères. Une entrave à l’accouchement accompagné à domicile, jugé (à tort) plus risqué, à l’instar des procédures visant les sages-femmes qui le pratiquent.

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L’accouchement à domicile dans le collimateur du CHU de Bordeaux
Une centaine de femmes ayant accouché avec Isabelle Deputier étaient venu la soutenir à Toulouse lors de son audition à l’Ordre des sages-femmes

« On voit les femmes qui veulent accoucher chez elles comme des bobo-écolo-mangeuses de graines, ou des parias rétives à l’autorité. Le tiers d’entre elles travaillent pourtant dans des professions médicales ; elles ne sont donc pas contre l’hôpital, mais pour la maison, au nom du respect du corps, de l’intimité, de l’autonomie et du souhait de faire participer leur conjoint. »

Pour Isabelle Deputier, sage-femme girondine pratiquant l’accouchement accompagné à domicile (AAD) depuis 20 ans en libéral, ces femmes veulent « savoir qui va les accompagner le jour J » :

« A l’hôpital le parcours est éclaté : elles voient des sages-femmes qui ne seront peut-être pas là lors de leur accouchement, ou ne le termineront pas avec elles. »

Manque de respect

D’autres mamans se tournent vers l’AAD, une pratique légale en France, après de mauvaises expériences lors d’un premier accouchement à l’hôpital, poursuit Isabelle Koenig, sage-femme et porte-parole de l’APAAD (association professionnelle pour l’accouchement à domicile) :

« Beaucoup pensent ne pas avoir été respectées dans leurs choix : on leur a posé une péridurale contre leur gré, interdit de prendre des positions plus confortables pour elles, ou fait une césarienne sans leur expliquer pourquoi. Le post-partum est plus difficile à traverser aujourd’hui [l’augmentation des suicides chez les femmes après la naissance de leur enfant, NDLR] peut-être en raison d’un problème de confiance en soi lié à la façon dont elles ont enfanté. »

Néanmoins, toutes les professionnelles de l’accouchement à domicile doivent orienter leurs patientes vers des établissements hospitaliers en vue d’un suivi médical pendant leur grossesse.

« Isabelle Deputier insiste pour qu’on soit suivies par l’hôpital, en cas de transfert vers une maternité pendant l’accouchement, ou si une complication ou une fatigue se révèle, ou simplement si elle n’est plus disponible », indique Sabrina Fatoux, Bordelaise coresponsable du collectif national Accoucher chez moi (ACM).

« Endoctrinées »

Problème : les femmes qui le font ne sont pas toujours bien reçues, notamment au CHU de Bordeaux, selon les doléances recueillies par cette association pour soutenir Isabelle Deputier, récemment suspendue 5 mois par la chambre disciplinaire de l’Ordre des sage-femmes. L‘hôpital de Pellegrin avait dénoncé des « manquements » d’Isabelle Deputier « de nature à mettre en danger » sa patiente et son enfant lors d’un accouchement à domicile qui s’était terminé aux urgences.

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