Une quinzaine de sans-abri seulement occupait encore les lieux ce jeudi matin, signale Estalle Morizot, de l’association la Maraude du Coeur, à l’origine de cette aire d’accueil. « Mais il y en avait encore une cinquantaine il y a 3 jours, car depuis le travail sur l’évacuation lancé il y a un an, les entrées n’ont jamais été gérées, et elles étaient quotidiennes », souligne-t-elle.
Depuis le jugement du tribunal administratif de Bordeaux, la plupart des occupants avaient toutefois choisi de partir, sachant l’opération inévitable. Jusqu’à 100 personnes ont séjourné en même temps dans cette aire d’accueil solidaire, initiée d’abord sur la rive gauche par La Maraude du Cœur avec le soutien de la Ville, propriétaire du site.
27 personnes relogées
La cohabitation était toutefois devenue difficile avec les riverains du quartier Belvédère en cours de livraison, ainsi qu’entre occupants du camp, où vivaient à la fois des travailleurs à la rue et des personnes souffrant d’addictions. En juillet 2024, une bagarre avait dégénéré et causé la mort d’un SDF.
L’expulsion, demandée par la Ville, s’est déroulée dans le calme, et en présence de représentants des autorités « afin de s’assurer de la bonne prise en compte de la situation de chacun », indique le préfet de la Gironde dans un communiqué.
Un diagnostic social mené en amont a permis selon la préfecture de proposer à 27 personnes « des orientations pérennes dans les dispositifs pré-existants (espaces temporaires d’insertion, logements temporaires d’insertion, parcours d’insertion, centres d’hébergement et de réinsertion sociale, etc.) ou dans un dispositif expérimental d’hébergement collectif temporaire », porté par le CCAS de Bordeaux et financé par l’État et la Ville de Bordeaux. Celui-ci s’adresse à 15 personnes, dont la moitié propriétaires de chiens.
« Crève-cœur »
Des mises à l’abri temporaires ont été proposées « aux personnes vulnérables qui ne peuvent pas être orientées vers des dispositifs d’hébergement durable », ajoute la préfecture, selon laquelle « 17 occupants ont refusé toutes formes d’accompagnement social ou de prise en charge par les services
sociaux ».
« Cela concerne des gens qui ne voulaient pas passer deux nuits à l’hôtel pour se retrouver ensuite à la rue, ou qui ont préféré aller se greffer à d’autres campements, indique Estelle Morizot. Je ne suis pas dupe de la difficulté du travait pour l’Etat, mais malheureusement une trentaine de personnes sont sans solutions, dont beaucoup de migrants et de travailleurs. Et c’est un crève-cœur car des gens vont dormir dehors ce soir. »
Par ailleurs, selon la préfecture, des étrangers en situation irrégulière « se sont vu proposer une aide au retour volontaire vers leur pays d’origine par l’Office français de l’immigration et de l’intégration ». Estelle Morizot se dit quant à elle « soulagée que [son] projet prenne fin » :
« C’était expérimental, dans l’idée de créer une aire d’accueil pour les gens à la rue comme il en existe pour les gens du voyage. Cela n’avait pas vocation de les sortir de la rue, mais d’améliorer leur quotidien le temps qu’elles y vivent, plutôt que d’être dans le froid ou dans des parkings qui puent la pisse. Une toile de tente, ce n’est pas parfait, mais c’est un petit cocon, et le camp était un havre, où les gens se surveillaient leurs affaires et leurs chiens. »
Chargement des commentaires…