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En Gironde, le Secours catholique lance un soutien renforcé pour l’accès aux droits

À la Halte de Jour de Bordeaux, le Secours catholique propose un nouveau dispositif d’aide pour réaliser les démarches sociales. Objectif : enrayer le non-recours aux prestations, alors que 38% des bénéficiaires de l’association ne réclament pas leur droit au RSA.

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En Gironde, le Secours catholique lance un soutien renforcé pour l’accès aux droits
Affiniquié dans la salle principale de la Halte de Jour

Selon les données recueillies par la délégation girondine du Secours catholique, près de 28 % des ménages accueillis ne perçoivent pas les allocations familiales auxquelles ils ont droit, et 38 % n’ont pas recours au revenu de solidarité active (RSA) alors qu’ils y sont éligibles.

Pour y remédier à ce problème de non-recours, plus important que la moyenne constatée en Gironde, l’organisation a créé un nouveau dispositif, en service depuis le mois d’octobre dans sa Halte de jour de Bordeaux. Celui-ci, qui s’ajoute aux services classiques de l’ONG (dons de vêtements, distributions de repas, accès à des épiceries solidaires…) a été présenté ce lundi 2 décembre à Bordeaux, lors d’une conférence de presse sur le rapport 2024 du Secours catholique.

« On accompagne de plus en plus souvent des personnes avec des problèmes administratifs très complexes. On a donc créé cette permanence dédiée à l’aide administrative et juridique des personnes, détaille Olympe Larue, animatrice de réseau de solidarité à Bordeaux pour l’ONG. Elle est ouverte le premier et le troisième mardi de chaque mois. Désormais, on recherche d’autres lieux sur Bordeaux pour étendre le dispositif. »

Illectronisme et soupçons de fraude

Pour les besoins de sa nouvelle plateforme d’accueil à Bordeaux, le « service support » du Secours Catholique forme les bénévoles sur les questions d’accès aux droits et réalise une « veille sociale sur toute l’actualité juridique ». Ils doivent permettre aux bénéficiaires de réaliser leurs démarches administratives (sécurité sociale, impôts, état civil), et apporter un soutien humain, technique et juridique dans la constitution et le suivi des dossiers, en cas d’illectronisme.

« On accueille des personnes qui se plaignent d’avoir à faire à des robots quand ils s’adressent à la CAF et qui ont du mal avec le jargon très technique », explique Nicole Nadeau, présidente de la délégation girondine de l’ONG.

Elle pointe également le « prix élevé des abonnements internet » compliquant encore plus les démarches des personnes en situation de précarité – un matériel est donc mis à disposition des bénéficiaires lors des permanences.

De plus, les bénévoles dénoncent le système de contrôle utilisé par la CAF, rendant « très difficile l’accès aux droits dès qu’un oubli de changement de situation est constaté, ce qui est directement considéré comme une fraude par les services ».

La salle principale de la Halte de jour à Bordeaux Photo : SC/Rue89 Bordeaux

Éloignement des services publics

Le rapport du Secours catholique pointe un autre handicap dans l’accès aux droits : « l’éloignement géographique des services publics, comme les CAF ou France Travail », qui touche particulièrement « les personnes les plus vulnérables en zone rurale ». Ce problème est manifeste dans le département en Haute-Gironde et dans le Médoc.

« On a analysé que, dans les communes denses, 75 % des ménages peuvent avoir accès à une maison France Travail, alors que cette proportion est seulement de 10% dans les zones rurales, indique Jean-Michel Petaux, animateur du réseau de solidarité du Secours catholique girondin. Des dispositifs mobiles ont été initiés, comme le Fraternibus chez nous, un point d’écoute et un lieu qui permet de s’informer sur ses droits ».

Cette démarche « d’aller vers » a récemment également été empruntée par le Département de la Gironde avec son Bus en +, ainsi que par le Secours populaire via le Solidaribus.

Pour « retisser du lien social », deux nouveaux ateliers viennent également d’être mis en place à la Halte de jour afin de « favoriser la fraternité en valorisant l’expression des personnes ».

La générosité à l’épreuve de la crise associative

Une fois par mois, le mercredi après-midi, l’atelier « expression » est réalisé avec La Cloche, une association partenaire qui propose des cinés-débats autour de thématiques d’actualité, des visites de musées, de la création manuelle… Le samedi matin, deux fois par mois, un atelier dessin a été créé à l’initiative d’une personne vivant à la rue, avec trois artistes qui viennent animer l’activité pour « favoriser l’expression artistique ».

Entre la préparation de roses des sables pour les fêtes de Noël et l’accueil de personnes en difficulté, bénévoles comme bénéficiaires soulignent l’importance d’un lieu « refuge » comme celui de la Halte de Jour. En plein hiver, pour des personnes vulnérables venues de tout horizon, l’endroit demeure un havre « de solidarité et de chaleur humaine », comme le souligne Affiniquié, une mère de famille qui fréquente l’antenne « toutes les semaines » depuis maintenant un mois.

Le Secours catholique est néanmoins confronté comme d’autres associations à un déficit de bénévoles (l’équipe de la Halte de jour en compte actuellement 90). Recruter est donc une « priorité » pour l’organisme caritatif, qui a mis en place des annonces d’appel à bénévolat depuis 2023, en Gironde et à l’échelle nationale. Cette carence met en difficulté certaines initiatives, notamment celle du Fraternibus (en place depuis un an) en raison d’un manque de chauffeurs.


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