« Les associations requérantes ne sont pas fondées à demander l’annulation de la délibération de la commune de Pessac du 27 septembre 2022 en tant qu’elle approuve le projet de renouvellement urbain du quartier de Saige. »
Ce mercredi 18 décembre, le tribunal administratif de Bordeaux a ainsi rejeté la requête de la Confédération nationale du Logement de la Gironde et de l’Amicale des locataires de Formanoir contre la ville de Pessac. Les associations espéraient stopper le Projet de Rénovation Urbaine (PRU) de Saige sous prétexte d’un manque de concertation.
« Mixité sociale »
Dans un communiqué diffusé ce jour, la Ville considère que le jugement conforte son projet et celui de ses partenaires Domofrance et Bordeaux Métropole :
« Nous espérons que les polémiques stériles sont derrière nous, le chemin est encore long avant que la transformation de Saige soit achevée, en 2032, et nous avons besoin de toutes les bonnes volontés », déclare Franck Raynal, le maire de Pessac.
« Plus qu’une simple réhabilitation, ce projet vise à transformer en profondeur le quartier en permettant la mixité sociale, seule levier pour éviter la “ghettoïsation” qui menace », peut-on lire dans le communiqué.
Alors que la CNL faisait valoir une consultation selon laquelle une majorité des habitants du quartier était hostile aux démolitions, la mairie de Pessac avance que l’enquête conduite par Domofrance, préalable au relogement, « révélait en 2023 que 80% des habitants consultés souhaitaient quitter leur tour ». Elle affirme que la population a été associée au projet « dès les phases préliminaires, à travers de nombreuses réunions publiques et consultations, pour coconstruire le futur de leur quartier ».
240 millions d’euros, 373 logements en moins
Pour un coût qui frôle les 240 millions d’euros, contre 140 initialement, l’opération prévoit de réhabiliter 1003 logements sociaux et de « dédensifier » le quartier en démolissant trois tours représentant 373 autres logements, voire 482 si une quatrième est transformée en bureaux et chambres étudiantes. Jean-Philippe Vassal, Prix Pritzker d’architecture, avait plaidé pour la réhabilitation de l’ensemble.
Le 22 octobre dernier, dans un courrier à Christine Bost, présidente de Bordeaux Métropole, qui finance le projet à hauteur de 46,14 millions d’euros, l’architecte bordelais Christophe Hutin dénonçait aussi ce projet et son soutien par l’ANRU (agence nationale de la rénovation urbaine).
Il affirme qu’une « alternative à la démolition est possible », citant l’exemple de la réhabilitation des bâtiments G, H et I du Grand Parc, « saluée par le Mies van der Rohe Award (prix d’architecture contemporaine de l’Union européenne) ».
« Les démolitions de logements sont devenues une aberration économique (démolir et reconstruire un logement coûtera toujours plus cher que le réhabiliter) autant qu’écologique (le bilan carbone du projet de Saige, que nous avons fait étudier, est catastrophique), écrit Christophe Hutin. Elles sont aussi une forme de violence pour les habitants qui les subissent. »
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