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Payés 900 euros par mois, les AESH ne veulent plus être « des pions » de l’éducation nationale

Dans le cadre d’un mouvement national de grève et de mobilisation, une centaine d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) se sont rassemblés ce jeudi 16 janvier devant le rectorat de Bordeaux pour réclamer un salaire décent et moins de précarité.

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Payés 900 euros par mois, les AESH ne veulent plus être « des pions » de l’éducation nationale
Manifestation des AESH ce jeudi 16 janvier devant le rectorat de Bordeaux

« Je suis payée 900 euros pour 24 heures de travail par semaine. J’ai toujours demandé à avoir plus d’heures sans succès, alors je suis obligée de travailler à côté, dans le périscolaire, comme beaucoup d’autres AESH », explique Corinne Lemarquand, qui travaille dans le primaire à Bruges.

Ce jeudi 16 janvier, cette déléguée syndicale du FSU-SNUipp est en grève, et manifeste avec plusieurs dizaines de personnes devant le rectorat de Bordeaux pour dénoncer la précarité des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH).

« Elizabeth Borne (ministre de l’éducation nationale) a annoncé la création de 2000 postes mais les conditions de travail sont déplorables, estime Jean Rustique, psychologue membre du FSU-Snuipp. Les AEHS, qui sont à 90% des femmes, gagnent en moyenne 900 euros car elles ont des contrats à temps partiels, à 50% ou 60% pour la majorité d’entre elles. »

Pas de pôles

Un mouvement national porté par les syndicats de l’enseignement réclame une meilleure rémunération pour les AESH, et un vrai statut pour ces salariés de l’éducation nationale – au nombre de 3000 en Gironde – qui ne font pas partie de la fonction publique. Mais aussi le versement de primes, non payées depuis septembre.

Les AESH demandent aussi une amélioration des conditions de travail, qui se sont sensiblement dégradées depuis 2021 et la création des PIAL ((pôles inclusifs d’accompagnements localisés), reprend Corinne Lemarquand :

« On dépend désormais d’une zone rattachée à un collège, et d’un responsable de pôle qui peut nous changer d’enfant du jour au lendemain, ou nous en confier d’autres en fonction des besoins. Une collègue qui vient de démarrer en a 8, alors qu’on ne devrait pas dépasser les 4. »

Si les syndicats exigent la suppression des PIAL, Jean Rustique, psychologue de l’éducation nationale, a été reçu ce jeudi au rectorat (qui, contacté, n’a pas donné suite), plaide a minima pour régler les dysfonctionnements localement.

« Les AESH sont déplacés comme des pions, on les envoie travailler à 15 kilomètres de chez eux, auprès d’enfants souffrant de pathologies qu’ils ne connaissent pas et pour lesquelles ils doivent s’auto-former, car il n’y a pas de formation permanente. C’est aussi difficile pour les enfants de changer d’accompagnant, auquel ils se sont habitués. »

Des enfants sans accompagnement

Les accompagnants considèrent d’ailleurs que les enfants dont ils s’occupent ont de plus en plus des profils déficitaires, d’autisme profond, ou des problèmes de comportements, car ils se retrouvent scolarisés en milieu ordinaire faut de place dans les IME (instituts médico-éducatifs). Conséquence :

« Beaucoup d’AESH sont en arrêt maladie ou font des burn-outs mais ne sont pas remplacés car nous ne sommes pas assez nombreux, indique Corinne Lemarquand, ce qui accroit la charge de travail pour les autres et fait que beaucoup d’enfants n’ont pas d’accompagnement. »

Le rectorat chiffre à 119 le nombre d’enfants en attente d’un AESH, pour 9742 accompagnés. Les syndicats estiment eux que « plusieurs centaines d’élèves » n’ont pas d’accompagnement, malgré une notification de la MDPH (maison départementale pour les personnes handicapées). Ils réclament donc le renforcement des effectifs, avec notamment la création d’un pool d’AESH remplaçants, à raison d’un par PIAL (chaque pôle ayant 50 accompagnants).

« La Dasen (directrice académique des services de l’éducation nationale) nous a promis de réfléchir à la question », affirme Jean Rustique à l’issue de la rencontre, satisfait de l’écoute des services, mais sans illusion sur les moyens dont pourra disposer l’académie.


#Grèves et Mouvements Sociaux

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