Jour. Nuit. Jour. A l’instar de Jacquouille la Fripouille jouant avec l’interrupteur dans les Visiteurs, Pierre Hurmic manie aussi le va-et-vient sur l’éclairage public. Après avoir testé son extinction quasi totale, le maire de Bordeaux a indiqué faire partiellement machine arrière :
« Nous avons entendu les inquiétudes de Bordelaises et Bordelais et nous allons prolonger l’éclairage public jusqu’à 2h30 dans toutes les rues de la ville », a-t-il déclaré ce mercredi 5 février lors d’une conférence de presse.
Ce nouvel horaire coïncide avec la fermeture des bars à 2h et le calcul d’un laps de temps nécessaire aux habitants pour rentrer chez eux.
Un comité de suivi
Les inquiétudes qu’il mentionne avaient notamment été relayées dans une pétition en octobre dernier :
« Désormais et chaque fois que nous rentrons chez nous à partir d’1h du matin, c’est avec un sentiment d’angoisse grandissant », écrivait Amaëlle Fontaine, mettant particulièrement en avant les « femmes inquiètes qui désormais changent leurs habitudes, rentrent plus tôt, en VTC pour celles qui ont décidé d’allouer un budget « retour sauf à la maison » ou même décident de ne pas sortir du tout ».
Le maire avait à l’époque répondu en assurant qu’un travail était en cours pour le rétablissement de l’éclairage. C’est désormais chose faite. Un comité de suivi, dont la composition et l’organisation sont encore à définir, va pour l’occasion être mis en place. Il devrait réunir des associations, des comités de quartiers ou encore des acteurs du monde de la nuit.
« On a aussi l’intention d’associer des collectifs de droits des femmes, puisqu’on sait que le sentiment d’insécurité est encore plus important auprès des femmes », précise la Première adjointe Claudine Bichet.
Cette extension de l’amplitude d’éclairage va de pair avec le rallumage progressifs de certains axes stratégiques, permettant aux usagers d’effectuer au moins « 90% de leur temps de trajets nocturnes en zone éclairée ». Le tout est consultable sur une carte interactive.

1,2 millions d’euros d’économies sur 2 ans
L’extinction des feux datait de janvier 2023. La crise énergétique de 2022 avait quelque peu forcé la main à la majorité qui, d’une première volonté de miser sur un éclairage « au besoin » avec l’installation de détecteurs, avait finalement choisi d’éteindre 57% de son parc lumineux entre 1h et 5h du matin.
Cette décision « forte et responsable », selon l’édile, reposait sur trois engagements : « alléger la facture énergétique de notre ville, limiter la pollution lumineuse et enfin préserver la biodiversité ».
La majorité tire un bilan concluant de cette mesure avec une baisse de la consommation énergétique de 4 385 MW/h et une économie d’un peu plus d’1,2 millions d’euros sur deux ans, « ce qui représente l’équivalent de la consommation d’électricité annuelle de 2 200 Bordelaises et Bordelais », illustre Pierre Hurmic.
Le tout permettrait ainsi une « transition accélérée » vers un parc d’éclairage entièrement à LED, réputé moins énergivore. À ce jour, sur les 32 000 lampadaires de Bordeaux, seuls 30% sont équipés de lampes LED.
« Notre réseau fait l’objet de retard inouï : depuis 2020 nous avons multiplié par 2,5 le rythme de remplacement des anciennes lanternes par des ampoules LED et dès 2026 ce rythme sera encore doublé ce qui fait que d’ici 2032, 75% du parc sera en LED », projette le maire de Bordeaux.
Pour ce faire, le budget voté en conseil municipal mardi 4 février prévoit de consacrer 2,5 millions d’euros à la modernisation du réseau d’éclairage public, « dont 650 000€ pour le relanternage en LED ».
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