Que la pinte de bière se transforme en verre de vin. C’est l’objectif de cette nouvelle campagne de promotion du vin de Bordeaux lancée par la Mairie. Baptisée « Bordeaux se met au verre », ce coup de projecteur veut encourager la consommation au verre de la production locale.
Un kit PLV (publicité sur le lieu de vente), comprenant ardoises, verres ou tabliers, doit leur être remis d’ici le 10 avril, date du début de la campagne. Pour faire partie des heureux élus, ces établissements sont tenus de présenter une carte comprenant au moins 50% de vins de Bordeaux et s’engagent à en proposer a minima trois au verre, dont un bio et un verre à 5€. Lors du lancement de l’opération, une liste des lieux concernés sera mise en ligne sur le site internet de la Ville.
Une cinquantaine d’établissements sont d’ores et déjà inscrits. Tous participent au mouvement #Bordeauxlocal, lancé par le CIVB (conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux) en 2020 et pour lequel la Mairie a voté en décembre dernier une subvention de 30 000 €, pour un coût total de l’opération de 70000€ (30000€ sont financés par le CIVB, et 10000 par la Chambre de commerce).
Faire boire du bordeaux à Bordeaux
« Très souvent, le consommateur ne perçoit pas la très grande diversité des vins de Bordeaux, très abordables, que ce soit en prix ou en profils produits. Le CIVB engage ses efforts pour transformer cette perception, que Bordeaux ne soit pas perçu exclusivement comme un vignoble élitiste », soutient Allan Sichel, président du CIVB.
Une démocratisation qui accompagne une évolution des habitudes des consommateurs, de moins en moins tournés vers la bouteille. « En France, sur 60 ans, on a perdu 70% de volumes », illustre le président du CIVB. L’offre de vin au verre serait un atout des plus attractifs et la Mairie entend par là soutenir les établissements « qui jouent déjà le jeu du local et de la diversité » dans l’idée que ces derniers « y trouvent du bénéfice et continuent les ventes au verre », ajoute Brigitte Bloch, conseillère municipale déléguée au tourisme et à l’économie du vin.
Avec ses quelques 1500 bars et hôtels, Bordeaux peut se targuer de faire partie des villes où la filière CHR (Cafés, Hôtels, Restaurants) représente un poids économique et social majeur. Seulement En face, la filière viticole représente près de plus de « 30 000 emplois en direct, environ 60 000 emplois indirects et beaucoup d’acteurs économiques impliqués et préoccupés » par les difficultés qu’elle traverse, rappelle Pierre Hurmic.
L’esprit girondin
Mais promotion rime-t-elle avec prévention ? La consommation d’alcool est un enjeu de santé publique important : en moyenne chaque année, elle est à l’origine de près de 49 000 décès. Du côté de la Mairie, malgré la volonté d’inciter à la consommation, on ne se dit pas pour autant « insensible à cet aspect » :
« Je crois précisément que la consommation au verre permet de mieux doser, assure l’édile bordelais. J’ai souvent l’habitude de dire que c’est la dose qui fait le danger et l’avantage de la consommation au verre c’est que ça permet précisément d’adapter la dose et éviter la surconsommation. »
Le maire de Bordeaux s’affirme également édile « du bordeaux » quand ses camarades de parti à l’Assemblée nationale ont, pour la majorité, tendance à demander un renforcement de la loi Evin – qui encadre la publicité pour l’alcool – et une augmentation des taxes. L’élu balaye la question, assurant « raisonner par rapport à une réalité » et non « des dogmes », se revendiquant par la même occasion de « l’esprit girondin », attaché à son indépendance et son émancipation.
Chargement des commentaires…