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Ce gisement invisible de plus de 300 000 logements vides ou sous-occupés en Gironde (2/2)

Des raisons sociales et écologiques – faire avec l’existant pour loger tout le monde, notamment une population vieillissante, tout en préservant l’environnement – animent le débat sur les logements vacants ou sous occupés. Ceux-ci représentent 38% du parc en Gironde, voire les deux tiers dans certaines villes disposant de nombreuses résidences secondaires. Si les initiatives restent embryonnaires, la lutte contre le gaspillage immobilier commence à s’imposer comme un enjeu majeur. Deuxième volet de cette enquête, et fin de notre dossier « Bâtir la ville sur la ville ».

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Ce gisement invisible de plus de 300 000 logements vides ou sous-occupés en Gironde (2/2)
La maison Rocaille à Mérignac, vide depuis des années, doit prochainement accueillir un tiers-lieu et 8 logements pour des publics précaires

En Gironde, près d’un logement sur trois (31%) est vide ou sous occupé, selon l’architecte Clémence de Selva, coautrice de La ville stationnaire. La sous-occupation représente 205 000 logements, en comptant le nombre de résidences principales disposant de 3 pièces de plus que le nombre de personnes du ménage l’occupant, auxquels il convient d’ajouter 79 000 résidences secondaires, et 56 454 logements vacants.

Soit potentiellement 340 000 logements, même si évidemment l’inadéquation entre l’offre et la demande fait qu’une partie d’entre eux ne satisferaient pas aux besoins de la population. Mais pour ceux qui le sont, comment procéder, surtout dans un pays où il est compliqué de toucher à la propriété privée ?

« Fabriquer une offre inexistante »

De fait, les pouvoirs publics s’y sont peu frottés. « Personne n’a travaillé sur la sous-occupation comme axe prioritaire », affirme Clémence de Selva. « À part la Fondation Abbé-Pierre et le Grand Poitiers, dans le cadre de l’expérimentation nationale Territoire de sobriété foncière, auquel nous avons participé en créant un Atlas du foncier invisible. »

« Nous avions notamment montré que dans une des communes de l’agglomération, Lusignan, 45 à 50% des maisons étaient soit vides soit sous-occupées, raconte l’architecte. L’enjeu est de chercher le chainon manquant dans le parcours résidentiel des personnes âgées : faire des petits logements de plain-pied, dans un format plus compact. Des T3 correspondent à plein de ménages émergents – famille monoparentales, jeunes retraités, personnes âgées dépendantes… »

La solution consiste selon Clémence de Selva à « fabriquer une offre qui n’existe pas pour ce public, ce qui permet de fluidifier les parcours résidentiels et, indirectement, de “créer” de grands logements familiaux ». Ces maisons peuvent être sous-occupées pour les deux tiers d’entre elles dans une commune comme Bazas.

Demande d’asile

C’est ce qui se produit à Castillon-la-Bataille avec Habitats des possibles (lire la première partie de notre enquête) et Gironde Habitat, qui relogent dans des logements sociaux neufs et de plain-pied des personnes âgées vivant dans de grandes maisons inadaptées. Clémence de Selva travaille également avec des communes des Landes qui « rachètent une grande maison de plus de 300 m2 ou un corps de ferme pour les transformer en plusieurs logements adaptés ou en habitat intergénérationnel ».

« Dans les grandes métropoles, la façon de procéder pourrait être une plateforme de mise en relation des personnes âgées avec des saisonniers, des étudiants… pour favoriser la recohabitation avec des aides publiques, suggère l’architecte. Le problème, c’est que cette politique est souvent faite en silo – pour les étudiants, les saisonniers… –, jamais de façon globale. »

Plusieurs associations planchent en effet avec des propriétaires sur la mise à disposition de chambres pour créer des colocations bénéficiant à des publics précis – des réfugiés, dans le cadre du programme « J’accueille », développé depuis 2022 à Bordeaux par Singa, par exemple.

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Photo : Habitats des possibles/DR

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