Sur les marches du Grand Théâtre de Bordeaux, une trentaine de professionnels de la culture se sont rassemblés ce jeudi 10 avril suite à un nouvel appel national. Drapeau rouge à la main, Timo Matzemakers, contrebassiste et secrétaire général du Syndicat des artistes et musiciens de Nouvelle-Aquitaine (SAMNA-CGT), déclare :
« On est là pour lutter contre les coupes budgétaires faites par le ministère de l’Économie. La culture est beaucoup financée par les collectivités locales. Mais pour plein d’entre elles, la culture est une compétence facultative. »
En Nouvelle-Aquitaine, le Département de la Gironde et la Région ont notamment réduit leurs budgets culturels (74,7 millions dans le budget primitif voté en décembre 2024, contre 79,1 millions l’année précédent du côté Région). Le CESER pointait des baisses marquées des investissements culturels liés à l’aménagement du territoire (-16%), et d’autres, variant entre -5% et -13%, des crédits aux manifestations culturelles, à la création artistique dans le spectacle vivant, ou encore à l’éducation artistique.
« Ça se répercute sur tous les employeurs de la culture, et ça se traduit par des pertes d’emplois pour les intermittents, et bien sûr moins de spectacles », explique Timo Matzemakers.
« Une question de choix »
Les petites compagnies et leurs artistes sont les plus impactés par cette baisse du budget. Léa, administratrice de production dans une compagnie de théâtre, parle d’ « une situation dramatique ».
« Les théâtres ont moins de moyens pour programmer des spectacles. Donc nos revenus diminuent. C’est la même chose pour les concerts ou les expositions. On attend du gouvernement qu’il redonne à la culture sa juste valeur. Ne pas la reléguer au non-essentiel. »
Moins de représentations, cela signifie aussi moins de cachets, synonymes de moins d’heures validées pour le statut d’intermittent. Raphaël, un musicien, s’inquiète d’avoir « péniblement 43 cachets cette année [et] ça met en péril la subsistance de sa famille ».
Pour un artiste plasticien présent au rassemblement, « c’est vraiment la culture pour tous et toutes qui va être impactée ». « La culture ne peut pas vivre sans l’argent public, mais en réalité la tech ne peut pas vivre sans l’argent public non plus, comme le pétrole et l’armement… Donc en fait, c’est juste une question de choix », ajoute-t-il.
Sur une « cartocrise » mise en ligne par l’Observatoire des politiques culturelles, les structures qui ont subi des baisses peuvent se signaler. A ce jour, sept l’ont fait sur la métropole bordelaise, notamment l’OARA (Office artistique de la région Nouvelle-Aquitaine) qui évoque une baisse de 235000€ en trois ans.
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