Bordeaux pourra bientôt se targuer de posséder la plus grande centrale solaire implantée sur un bâtiment historique protégé de France. Un titre que Pierre Hurmic n’a pas manqué de souligner ce mardi 1er juillet à l’occasion du lancement des travaux de solarisation de la Base sous-marine :
« Je voudrais souligner le caractère exemplaire de ce qui se passe ici : ce site garde la mémoire des travailleurs forcés qui l’ont construit, et de ce passé sombre jaillit désormais la lumière. Nous montrons qu’avec un peu d’audace, on peut faire d’un vestige du passé un outil pour préparer l’avenir », se réjouit le Maire de Bordeaux.
Ce projet s’inscrit dans le partenariat signé un an auparavant par les collectivités locales de Gironde pour promouvoir le solaire, mais aussi dans la poursuite du cap que s’est fixé la majorité lors de sa prise de fonctions en 2020 : atteindre les 41% d’autonomie énergétique sur le patrimoine municipal bordelais. 4 millions d’euros ont déjà investis pour équiper 20 sites en installations solaires, avec la volonté d’en atteindre une soixantaine d’ici fin 2026.
22 000 m2 de panneaux
Pas moins de 6 600 panneaux photovoltaïques, totalisant 22 000 m2, vont donc être prochainement installés sur le toit de la Base sous-marine – à titre de comparaison, la plus grande centrale solaire de France, à Cestas (Gironde), en compte 983 500 sur une surface cent fois plus importante.
La structure, faite sur-mesure, est conçue selon les contraintes à respecter pour ce bâtiment labellisé « architecture contemporaine remarquable » : les panneaux ne seront pas visibles depuis le bas du site et les structures métalliques qui porteront ces panneaux seront intégrées entre les dispositifs de pare-bombes de façon à ne pas porter atteinte à l’intégrité de la base.
La fin des travaux est prévue pour mars 2026 et la société BoucL Énergie, la filiale spécialiste de l’autoconsommation collective du Groupe EverWatt chargée de conduire le projet, envisage une mise en service à l’horizon mai 2026. Côté investissements, le projet mobiliserait entre 5,5 et 5,9 millions d’euros. BoucL Énergie finance ce chantier avec l’aide du Fond européen de développement régional (FEDER).

Une électricité moins chère
La production annuelle serait, quand à elle, estimée à plus de 3,4 GWh, soit l’équivalent de la consommation annuelle moyenne de 710 foyers bordelais. L’objectif est de vendre cette énergie en circuit court, aux entreprises situées dans un rayon d’un kilomètre, via des contrat d’achat d’énergie garantis à prix abordables – environ 120€ le mégawattheure, soit 15% de moins que le prix du marché.
Parmi les bénéficiaires, la Banque alimentaire de Bordeaux et de la Gironde (BABG). Sa présidente Valérie Bolze loue une initiative qui leur permettra de « sécuriser [leurs] coûts énergétiques », grâce à une stabilité des prix garantie sur 15 ans et sur 60% de leur consommation totale d’énergie. De quoi permettre à l’association de faire des économies et d’anticiper les budgets à venir.
Mais des insatisfaits, il en reste. Le conseiller municipal d’opposition Fabien Robert s’est fendu ce lundi d’un communiqué de presse dans lequel il dénonce un projet « sans ambition », ne couvrant que « 13 000 m² » sur les « 36 000 m² exploitables », « bien loin de la « maximisation » attendue dans le cahier des charges de la consultation qui imposait d’exploiter tout le potentiel du toit ».
Un projet « sans ambition » ?
« Pourquoi tout n’est pas équipé ? Parce que la base est vétuste et il y a des endroits où on ne peut pas travailler, où la structure est en mauvais état, sur lesquels on ne peut pas installer des panneaux », justifie Jérôme Owczarczak. Il précise également que si les 6 600 panneaux totalisent effectivement 13 000 m2, la surface couverte par le dispositif atteindra bien les 22 000 m2.
« Quand on installe des panneaux solaires, il faut penser aux interventions potentielles des pompiers ; il faut penser à espacer les panneaux, car ils sont légèrement inclinés donc si on ne veut pas avoir d’ombre portée dessus il faut faire le nécessaire ; il faut penser à la maintenance électrique et à l’entretien, car on est là pour 30 ans », énumère Jérôme Owczarczak.

Si l’expérience de sa société est remise en question par Fabien Robert, qui s’émeut d’un chantier confié à une « entreprise [qui] n’a, à ce jour, aucun projet similaire déjà en fonctionnement », le Directeur général de BoucL Énergie se défend, citant à titre d’exemple les ombrières et la toiture du Géant Casino de Pessac, inaugurés en 2012.
De son côté, Pierre Hurmic n’écarte pas la possibilité d’équiper d’autres monuments bordelais de panneaux solaires, à commencer par le pont Simone Veil, dont la partie piétonne pourrait être pourvue d’ombrières solaires démontables. Autre gros morceau mis en avant par la municipalité : la solarisation des pistes cyclables. Un appel à manifestation d’intérêt aurait été lancé et n’attend plus que ses porteurs de projets.
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